lundi 4 décembre 2023

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sauvegardé automatiquement à 7 h 9

J'ai passé ma soirée d'hier avec Ciarán.

Quand je lui ai dit que la dernière fois que je l'avais vu, il ne lisait pas de livre érotique, il a éclaté de rire en renversant la tête en arrière et a pointé du doigt que moi non plus (faux, mais je l'ai laissé croire en mon innocence). Il m'a ensuite invitée à boire un verre au bar de l'hôtel pour rattraper le temps perdu et j'ai accepté.

Je n'en reviens pas de lui avoir filé un livre de cul.

J'en reviens encore moins qu'il le lise ! Pourtant, nous n'avons pas du tout parlé de ça. Déjà, j'ai évité le sujet, en expliquant mon accès de folie de samedi soir en disant que j'étais juste fatiguée et en plein jet lag (comme si une heure de décalage horaire faisait une telle différence).

Le revoir m'a permis de me questionner sur l'origine de mon crush sur lui, notamment quand Ciarán m'a demandé pourquoi je le détestais quand on était au lycée.

Je dois dire qu'il a fait tout un mystère de cette question, car il a d'abord sorti de nulle part : « Est-ce que je peux te poser une question ? C'est un peu gênant. »

Vu la façon dont il s'est soudain passionné pour la condensation sur sa pinte, je me doutais qu'il n'était pas 100 % à l'aise avec sa question et je m'attendais à ce qu'il me parle de mes lectures.

Et ensuite BAM.

Pourquoi tu me détestais quand on était au lycée ?

Je me suis mise à rire nerveusement en paniquant intérieurement tellement j'étais gênée.

J'ai failli lui dire la vérité. À savoir qu'à chaque fois qu'il s'exprimait sur ses lectures, je buvais ses paroles, même s'il parlait de Tolstoï ou Marx et que franchement QUI lit ça pour le plaisir ? Qu'une fois, je l'avais vu sortir de la salle de bain après la douche, une serviette autour des hanches et que ce moment (et ses abdos) avait alimenté BEAUCOUP de mes fantasmes. Que son odeur de garçon m'affolait complètement (je l'avais sentie quand il m'avait pris dans ses bras quand j'étais arrivée dans sa famille pour le semestre - c'est comme ça que les Irlandais se saluent et personne ne fait la bise ici). Et surtout, j'ai lui ai quasi avoué que ses regards intenses m'avalaient comme si je tombais dans un gouffre sans fond. Le gouffre Ciarán.

Après réflexion, il déployait sûrement d'importants efforts de concentration sur ce que je racontais. Ce qui était sans doute nécessaire, vu comment je divaguais déjà à cette époque.

Mais je n'ai rien admis de tout ça à Ciarán.

Je lui ai juste dit qu'il avait un an de plus de moi, qu'il allait dans cette école privée pour garçons qui avait une réputation de snob, et qu'il m'intimidait.

Et c'est vrai, qu'il m'intimidait. Mais pas du tout pour les raisons qu'il pouvait imaginer.

En tout cas, il a accepté mon explication sans broncher et en hochant la tête avec un petit sourire comme s'il comprenait totalement et qu'il était soulagé que je ne l'aie pas attaqué pour avoir osé poser une question pareille. Il m'a quand même dit que c'était dommage, car il avait toujours voulu mieux me connaître.

S'il savait comme moi aussi.

Le reste de la conversation a coulé toute seule entre nous deux. J'ai appris que sa sœur s'était mariée et qu'il nageait tous les jours DANS L'OCÉAN. Je lui ai dit que les Irlandais étaient des fous, et il a répondu que les Français mangeaient des escargots. Pourquoi c'est toujours le cliché utilisé contre nous ?

Dear fucking ChristmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant