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(TW : violence, meurtre)

LUCA

   Ma première impression quand j'ai vu Ava pénétrer dans l'appartement de son frère a été : "Putain qu'est-ce qu'elle est belle.". Ma deuxième impression a été : "Cazzo. Quanto sei bella...". Et évidemment pas deux sans trois, ma troisième impression a été : "Comment j'ai pu laisser, ne serait-ce qu'un obstacle m'éloigner d'un trésor pareil ?". Tout ça pour dire que je suis cuit.

    Je peux l'accorder, j'ai beaucoup d'impressions mais la dernière impression qui me vient sur le moment n'est guère fleurie ni romantique. Elle est plus dans un style meurtrier. L'envie meurtrière qui me submerge est renforcée lorsque je la surprends à être effrayée par mon contact.

    J'en viens même à me figer en la voyant sursauter à mon toucher. Même quand elle m'avait vu dans des états pires, à la limite du bain de sang, elle n'avait jamais redouté mon toucher, n'avait jamais eu peur de moi. Ajoutez à cela les marques sur son cou ainsi que sa joue légèrement gonflée et je sais que quelqu'un va mourir.

    Son regard terrorisé et son manque de réponse ne font qu'empirer la situation et le taux de survie déjà inférieur à 0,1% de l'individu qui lui a fait ça. Néanmoins, Ava se reprend rapidement et son visage laisse apparaître de nouveau son masque habituel.

– Ava... l'appelle Alex en posant ses yeux sur les marques autour de son cou.

– Il...il faut que j'y aille.

– Tu ne vas nulle part comme ça, interviens-je un peu plus sèchement que je ne l'aurai voulu.

– Force-moi, me défie-t-elle.

– Ne me pousse pas à bout, Ava, grincé-je entre mes dents serrées.

    Ma phrase a l'air de faire déclic en elle puisque son visage se liquéfie pendant une poignée de secondes. Ses deux pupilles ne sont plus que des soucoupes qui me dévisagent comme si j'étais un inconnu, voire même un monstre. Je n'ai jamais vu une telle frayeur dans son regard. La tension est à son comble, la rage qu'elle éprouve à mon égard est palpable dans l'appartement d'Alex.

    Brusquement, elle se détache de ma prise et bien qu'elle soit plus petite que moi, son regard noir me domine. Pourtant, je suis bien décidé à ne plus la laisser partir. Pris dans un instant de mégarde, elle s'échappe pour se ruer vers la porte d'entrée par laquelle elle s'efface de mon champ de vision.

    Avec un regard en direction de mon meilleur ami, je prends la suite qu'a pris sa petite sœur. Ce qui m'arrange c'est que je sais que malgré sa précipitation, Ava n'a pas pris l'ascenseur alors j'ai encore une chance de la rattraper. Je m'empresse de descendre les escaliers à toute vitesse. Néanmoins dès que j'atteins le rez-de-chaussée, je suis arrivé trop tard.

    Je remarque sa silhouette qui se dirige vers le parking. Sans me faire prier, je la rejoins. Elle accélère sa cadence en m'entendant approcher. Si elle croit pouvoir toujours me fuir, c'est qu'elle n'a pas encore réalisé qui je suis ni qui elle est.

– Ne pars pas comme ça.

– Oh ? Et tu veux que je parte comment ? En volant peut-être ? rétorque-t-elle sournoisement.

– Ne sois pas comme ça. Tu viens tout juste de me montrer que tu es en danger.

– Je peux m'occuper de moi toute seule, je l'ai déjà fait pendant dix ans, crache-t-elle amèrement.

    Cette pique amère résonne comme un coup de poignard, me rappelant l'erreur que j'ai faite il y a de ça une décennie. Mais j'essaie de ne rien laisser apparaître. Cela ne sert à rien de ressasser le passé pour l'instant, cela ne ferait qu'empirer les choses, plus qu'elles ne le sont déjà.

LIÉS PAR LE PASSÉ {Liés : t2}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant