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LUCA


   En l'espace de quelques secondes, j'ai cru que mon cœur allait sortir de sa cage de prison. Néanmoins, je réagis rapidement. À peine je vois le type que je pensais bien assommé glisser sa chaise pour atteindre Ava, je la tire jusqu'à moi et la place aussitôt derrière moi, en sécurité.

    Mes hommes réagissent assez rapidement et balancent la chaise de ce bâtard loin de moi. Il geint de douleurs tandis que j'essaie d'apaiser la fureur qui fait rage en moi. Je ne parviens pas à me défaire de l'idée qu'il allait l'approcher ou même pire, la prendre en otage pour se libérer. Soudainement, cette dernière image me vient en tête et son sort est déjà scellé.

– Ferme les yeux et mets tes mains sur tes oreilles, lancé-je à Ava en restant de dos à elle.

– Je n'ai pas quatre mains, réplique-t-elle.

– Noah.

    Mon ton sec, sans appel, le fait accourir aussitôt. Ava me lance un regard noir avant que ce joli regard ne soit couvert par les deux mains de Noah Miller. Un lourd soupir s'échappe de la séduisante bouche de sa meilleure amie avant qu'elle n'amène ses deux mains à ses oreilles.

    Je jette un coup d'œil à Noah qui hoche la tête. Puis je me tourne en sortant mon flingue de ma poche. Machinalement, je le charge et le pointe dans la direction de ce type. J'ai eu assez d'informations. Mes hommes l'ont chopé avec un fusil à pompe aux environs de là où on s'est fait attaquer hier. Sans ciller, je presse la détente.

    Un petit cri étouffé survient derrière moi. La balle est passée pile là où je le désirais : entre les deux yeux. Je serre fermement les poings, évacuant peu à peu la rage qui m'envahit. Puis je me tourne vers mes hommes de mains, à la recherche de celui qui a permis à Ava de descendre ici, d'assister à cette scène.

– Qui l'a emmenée ici ? demandé-je.

    Aucun d'entre eux ne répond, ce qui m'agace d'autant plus. Je les zieute, tour à tour.

– J'attends, insisté-je.

– C'est moi, Capo, avoue enfin un petit nouveau en levant sa main. Vous nous aviez dit qu'elle est aussi bien la maîtresse de cette demeure que vous, et elle a insisté en disant que si elle était chez elle, elle peut aller où elle veut...

    Oh. C'est donc ça. Ma Ava a montré l'autorité qu'elle peut représenter parmi mes hommes. Intéressant. Néanmoins, je me retrouve face à un dilemme. Ce serait injuste de le punir pour quelque chose que j'ai moi-même ordonné.

– En effet, j'ai bien dit ça.

    Sur ces paroles, je récupère Ava de l'emprise de Noah. Je l'incite à remonter les escaliers en posant ma main dans son dos. Au passage, je veux montrer à tous ces hommes qu'elle est mienne. Pas la leur. Jamais.

    Dans le hall, je me sens soulagé de la savoir loin de ce cauchemar de sous-sol. Pourtant ma poitrine se gonfle de bonheur en la voyant regarder tout autour d'elle avec curiosité. Comme si elle était pile là où elle devait être depuis tant d'années.

    À sa posture, elle est furibonde. Ses pieds sont fermement ancrés dans le sol, ses jambes tendues comme des piquets. Elle est furieuse même. Ce qui est certainement compréhensible au vu de la situation. Je ne sais pas comment commencer, au risque de me prendre une bonne raclée bien méritée. Ava se tourne enfin vers moi avec son air résigné. Puis elle se tourne vers Noah, l'air indécis.

– De quel côté es-tu ? questionne-t-elle avec le plus grand des sérieux.

    Je ne regarde pas Noah alors qu'il est à mes côtés. La situation est si compliquée. Noah est de mon côté car il est du côté d'Ava. Car il le fait pour elle, pas pour moi, et c'est ce que j'apprécie le plus chez lui. Son dévouement envers elle qui n'a aucune limite, pas même celle de fraterniser avec celui qui lui a volé une place importante au sein du cœur d'Ava. Son amour.

LIÉS PAR LE PASSÉ {Liés : t2}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant