LIÉS PAR LE PASSÉ {Liés : t2}

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🚨🔞🚨

AVA

   Une douleur atroce me prend au cœur lorsque je vois l'état dans lequel est Luca. De là où je me tiens, il paraît mort. Mais je sais qu'il ne l'est pas. Mon regard se tourne vers le garçon que je connais du lycée, mon partenaire en cours de physique-chimie. Anton Orlov.

    Un sourire cruel se trace sur ses lèvres. Il a changé physiquement depuis les années passées. Je le dévisage comme si je faisais face à un inconnu et mes yeux se fixent sur la cicatrice qui coupe son œil droit. Il ne l'avait pas auparavant. Son pouce passe sur ma lèvre inférieure, récoltant un peu de sang de ma coupure mais je tourne la tête subitement.

    Son sourire s'élargit tandis qu'il apporte son pouce à ses lèvres et que sa langue tournoie autour. J'ai envie de vomir, c'est définitif. À aucun moment, je ne baisse ma garde, je ne m'abaisse pas à être soumise ni à baisser les yeux. Et Anton claque sa langue contre son palais.

– Quelle insolence... Une insolente délicieuse, souffle Anton en s'emparant de mon menton.

    Brusquement, je me défais de son emprise, ce qui ne lui fait guère plaisir puisque cette fois-ci, sa main vient s'enrouler autour de ma nuque pour me rapprocher de lui, de son haleine récemment fraîche d'une cigarette. Je réprime le dégoût qui menace de surgir.

    Dans mon dos, j'entends une lourde respiration et le soulagement qui me prend est inexplicable. Il est en vie. Putain. Néanmoins, je ne montre rien de ce fragment de soulagement à Anton et je le défie juste du regard. 

– Pourquoi ? demandé-je.

– Pour le pouvoir, bien évidemment.

    Aucune once du garçon qui était si sympathique en cours de physique-chimie auparavant ne se démarque. Un pur monstre m'apparaît. Je le dévisage tandis qu'un rictus cynique et vicieux macule son visage.

– Il est toujours aussi proche de ton frère et il voudrait nous faire croire qu'il t'a complètement oubliée depuis dix ans ? Pas à moi, sifflote Anton Orlov.

    Son ton impérial me rappelle que j'ai toujours mes armes sur moi et mes bras libres. Je le zieute avec dégoût et je tâtonne légèrement pour trouver mes armes sans l'alarmer.

– C'est pathétique, commenté-je.

    Ma lèvre me brûle et une douleur sourde enveloppe mon visage à la suite du coup précédent. Rapidement, je dégaine ma dague et je le plante dans les côtes. Je recule soudainement alors qu'il grimace légèrement face à la douleur en se maintenant le flanc.

    Je m'empresse de me placer devant Luca en sortant mon arme à feu et en la plantant sur Anton. Ma main autour de la crosse tremble mais je garde les yeux levés et fixés sur ma cible. Un sourire sardonique s'étire davantage sur ses lèvres, ce qui me répugne encore plus.

– Ava... murmure la faible voix de Luca dans mon dos.

– C'est terminé, Anton, lancé-je, impassible.

– Ah bon ? Je pensais que ça ne venait que de commencer.

    Anton avance d'un pas. D'un seul pas. Le pas de trop. Mon index appuie sur la gâchette. Une détonation éclate et mes paupières se ferment un instant. Sonnée, je reste néanmoins bien campée sur mes deux jambes. Lorsque je fais face à la scène devant moi, j'essaie tant bien que de mal de reprendre ma respiration.

    Si Massimo n'apparaissait pas au même moment, l'air totalement serein et tranquille, j'aurais tout lâché. Son regard méprisant et condescendant tombe sur un Anton se maintenant la cuisse qui est ensanglantée. Aucune once de pitié, de compassion ou d'empathie ne s'affiche.