LIÉS PAR LE PASSÉ {Liés : t2}

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LUCA

   Le temps passe et rien n'avance. J'ai même l'impression de reculer davantage. Mes ongles sont rongés jusqu'au sang, une légère barbe commence à arborer mon visage et mes yeux brûlent tellement que je suis étonné de voir encore net devant moi.

    L'ambiance est devenue vraiment maussade, je pensais qu'après l'arrivée de Vaughn, tout allait s'accélérer mais on est presque face à un échec à ce rythme. Je ne compte même plus le temps qu'on est restés enfermés. Cela fait bien trop longtemps déjà.

    Dans un lourd soupir, je me pince l'arête du nez et mon regard glisse vers Mia qui a ses lunettes sur le nez, les cernes maquillant sous ses yeux et le visage aussi pâle qu'un linge. Elle a son regard qui suit minutieusement tous ses mouvements sur l'ordinateur. Alex se tient dans son dos, à proximité, le visage fermé. Le reflet de l'écran traverse ses yeux, le filtre bleu éblouissant le teint plus livide que d'ordinaire.

    L'espoir se réduit peu à peu, la flamme s'atténuant et plus les minutes passent, plus j'ai l'impression qu'elle n'est déjà plus là. Et ça me rend totalement fou. Pris par l'impatience et l'agacement, je me lève en trombe et me dirige vers la sortie mais Massimo se met en travers de mon chemin.

– Où est-ce que tu vas ?

– Lui donner ce qu'il veut, je réponds sans une once d'hésitation.

– Pas question. Tu nous envoies vers le gouffre en faisant ça.

– Mais on va la perdre, elle !

    Mon pied finit par heurter une pile posée au sol qui s'étale sur le carrelage. Le calme que fait preuve mon frère est une torture à subir et à supporter. Je le regarde comme s'il était devenu inhumain, fou à lier. Je perds totalement pied, la raison m'échappe si aisément.

    Puis, je me fige et m'arrête complètement. Une pause me permet de me focaliser sur son regard. Dans ce dernier, j'y lis tellement de décisions, d'indécisions et de choix. D'émotions.

– Tu es Luca Alessandro Russo, fils d'Armando et d'Isabella Russo, Capo de la Familia, mon frère. Garde ta putain de tête haute et ne bronche pas, ordonne Massimo d'un ton impérial. On va la récupérer et on va faire un bain de sang.

    La détermination dans son timbre est sans appel et effectivement, je ne bronche pas. À ce moment-là, ma seule issue est d'envisager d'aller sur le territoire russe pour aller la récupérer car s'il est suffisamment intelligent, ils ne sont déjà plus là.

– J'ai trouvé ! s'exclame Mia.

    L'espoir se ravive subitement. Nos corps se tournent d'un même homme vers Mia Nichols. Alex se jette à moitié sur elle, ou plutôt sur sa chaise pour voir ce qu'elle manigance. Mia fait bouger sa souris pour zoomer sur une carte. Un point rouge apparaît et clignote à plusieurs reprises.

    Elle tape en faisant visiblement un contrôle d'une touche et stabilise la précision. Son regard est devenu tellement robotique, que ses pupilles suivent seulement le mouvement de la souris sur l'écran. Puis, elle s'arrête et s'appuie contre le dossier de son fauteuil en soupirant lourdement.

– Qu'est-ce que tu as fait ? s'enquiert Massimo.

– Le réseau russe est bloqué à Chicago donc il suffit de se connecter sur un autre serveur et de pirater le traceur du réseau russe, explique Mia.

– Donc ils ne sont pas ici, supposé-je.

– Ils ne sont pas dans l'Illinois. Ils sont à Détroit.