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LUCA

   Je me fige. Incapable d'articuler la moindre parole ni le moindre geste. Je n'ose à peine jeter un coup d'œil dans la direction de Massimo pour voir sa réaction. L'air est irrespirable dans la pièce. Mon regard reste fixé sur Ava, tentant de capter si elle va s'effondrer, prêt à accourir auprès d'elle.

    Pourtant, je sens le regard de Massimo peser sur moi et je n'ai pas les couilles de me tourner vers lui. Mon cousin ? Mon demi-frère ? Mon frère ? Alex plonge un regard incertain sur Massimo et moi comme s'il voulait s'assurer de la véracité des preuves sous ses yeux.

– Tu le savais, lâche Massimo à mon égard d'une voix morne, absente.

– Orlov le savait, grincé-je. Il s'amusait à faire chanter mon père avec.

    Un silence ensuit ma réponse. D'un coup, je grimace lorsque je me rends compte du sous-entendu que dissimulent mes paroles. Comme s'il était un honteux vilain petit secret. Une erreur de la Nature. Une erreur de parcours. Je me tourne enfin vers Massimo.

– Je m'en fous complètement, lâché-je. Tu as toujours été comme un frère pour moi, de toute manière.

    Mais papa a trompé maman et je ne parviens pas à le concevoir, à l'oublier. Si Ava n'existait pas, j'aurais affirmé que l'amour c'est mort, c'est une illusion éphémère qui survient que quand on reçoit un brin d'attention. Mais non, elle est là et ce que je ressens pour elle dépasse ce que je pensais ressentir pour elle il y a des années.

– Mais, comment peut-il le savoir ? demande Ava en croisant les bras, confuse.

– Parce que la date de conception coïncide au grand maximum avec celle de l'enterrement d'oncle Arturo, je réponds.

    De nouveau, ce silence revient au-dessus de nos têtes tandis qu'Alex paraît ruminer dans son coin, le regard perturbé.

– Et donc, est-ce que ça change quelque chose ?

– Je suis Consigliere, ça ne change rien, affirme Massimo.

– Ça change tout. Je ne te laisserai pas rester le vilain petit canard, le petit secret éternellement enfoui, riposté-je.

    Cette fois-ci, Massimo se tourne vers moi et seulement une poignée de personnes ont la capacité de détecter cette lueur d'émotion, peu de personnes sauf Sam, sauf moi et j'ai parfois l'impression qu'Ava le détecte également.

– J'ai grandi et vécu sans père, je le vis très bien et je continuerai de le vivre ainsi.

    Soudainement, je me sens idiot de ne pas l'avoir vu plus tôt et je ne suis pas le seul dans la pièce à le réaliser que maintenant lorsque j'entends un soupir s'échapper de la part de ma femme. On se ressemble, trait pour trait. Seule la couleur de nos yeux nous différencie et peut-être la teinte de nos cheveux. Et encore.

    Dans ses yeux, j'ai l'impression de me sentir comme face à un miroir. Et c'est là que des similarités me viennent avec notre père. Sa soif de sang, il l'a, je l'ai en moins excessive. Ce n'est pas pour rien que Massimo est toujours recherché par Interpol.

– Il aurait préféré que ce soit toi, le Capo, avoué-je à voix basse.

– Ferme la.

    Son regard est dur, limite meurtrier lorsqu'il éjecte cet ordre. Néanmoins, je le pense bel et bien. Et si cela se sait, cela risque de causer un bordel monstre au sein de la famille. Ce qui m'intrigue c'est que tante Alina le sait et n'a rien fait pour que son fils tente de me prendre la place.

LIÉS PAR LE PASSÉ {Liés : t2}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant