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AVA

    Mes oreilles bourdonnent, tout n'est que sifflement. Je n'ai à peine le temps de réagir qu'une chaleur masculine m'étouffe, que des bras m'enveloppent et me plaquent subitement au sol. J'en ai le souffle coupé sur le moment.

    Une main maintient ma nuque pour m'empêcher de me cogner la tête contre l'asphalte, néanmoins je n'en demeure pas moins sonnée. Les tirs cessent mais la cacophonie reste monstrueuse. Je déglutis, tentant de calmer les battements erratiques de mon cœur. Mais la proximité du corps de Luca enlacé autour du mien n'arrange guère la chose.

    Son odeur entêtante enivre mes sens et je me sens dans une bulle protectrice, intouchable pendant une poignée de secondes. Brièvement, il n'y a que lui à mes yeux. Mais ce n'est que bref. Jusqu'au moment où il s'écarte pour me laisser voir un bout du ciel. Sa respiration est calme mais son rythme cardiaque un peu saccadé. Son regard inquiet parcourt mon corps et me fait me sentir unique à ses yeux.

    Il se lève brusquement mais m'aide avec une incroyable douceur à me relever pendant que des hommes accourent jusqu'à nous. Une nouvelle fois, Luca ne me quitte pas du regard, s'assurant qu'aucune partie à sa portée de vue ne soit blessée. Puis une rage le gagne rapidement lorsqu'il se tourne vers ses hommes en fulminant.

– Vous me passez au peigne fin tous les putains de coins de ce quartier. Je me branle de combien de temps ça peut prendre, je veux ce type, ses armes dans ma cave dès que possible, exige le Capo de Chicago.

– Mais...

– Pas de "mais". On ne peut pas penser s'en prendre pas aux gens que j'aime et s'en sortir comme si on était à une putain de fête foraine.

    Son ton tranchant dissuade quiconque d'objecter quoi que ce soit. Même moi, je ne bronche pas. Je suis encore sous le choc par ce qu'il vient de se passer. Les sirènes des secours retentissent en arrière fond et Luca s'empare de mon poignet pour me tirer à sa suite.

– Où est-ce que tu m'emmènes ? demandé-je.

– En sécurité, te faire examiner par un médecin compétent.

    Alors que je m'apprête à objecter en lui rappelant que je suis presque médecin et que je peux très bien m'occuper de moi-même toute seule, je m'arrête net en voyant l'épaule de sa veste trouée et imbibée d'une sombre tâche. Du sang. Il a été touché.

    Luca me dévisage, veillant à vérifier pour la énième fois que je ne sois pas blessée mais ce n'est pas le cas. En revanche, lui est blessé. Même s'il a seulement été éraflé, un tas de scénarios aggravant me passe par la tête et me pousse à prendre les devants.

– C'est toi qui est blessé, remarqué-je.

– Ce n'est rien qu'une égratignure, j'ai eu bien... s'interrompt-il.

– Je me fiche que tu aies eu bien pire dans le passé mais là, on est dans le présent et je ne vais pas prendre le risque que ça s'infecte.

    Luca a beau être un connard, il n'est pas stupide pour autant et ne me contredit pas. Comme j'imagine que Luca n'a aucune envie d'être dans un hôpital, je suppose qu'on va finir chez moi puisque c'est l'endroit le plus proche de là où nous sommes actuellement.

    Un silence règne entre nous, néanmoins son regard brûle chaque parcelle de ma peau visible. Avec lui, je me sens toujours aussi nue. Et c'est insupportable. J'essaie de tenir une certaine distance entre nous mais il ne cesse de chercher à la casser. Luca me conduit jusqu'à une voiture et veille à ce que j'y entre la première.

LIÉS PAR LE PASSÉ {Liés : t2}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant