LIÉS PAR LE PASSÉ {Liés : t2}

16

AVA

   Un mois plus tard.

   Un long putain de mois. Aucune nouvelle de lui. Pas d'appels, pas de messages, pas de rendez-vous. Rien. Lorsque je me suis réveillée, la tête dans les nuages, un orage m'a fait rapidement redescendre de mon cocon lorsque la plage à côté de moi était vide. Massimo m'avait dit qu'il n'en n'avait pas pour longtemps.

   Depuis, je suis retournée dans mon appartement sous une garde extrêmement rapprochée. J'évite de me morfondre, de m'abattre mais l'incompréhension emplit mes pensées. Des questions qui me donnent envie de me gifler hantent mon esprit et je ne peux m'empêcher de ne pas les écarter. Car ce sont des possibilités.

   Ne suis-je qu'une femme pour assouvir ses désirs ?

  Sont-elles des paroles en l'air ?

   Pourquoi ?

   Je sais que la plupart du temps j'ai l'air absente à ressasser ses questions. La preuve en est le coup de coude que m'envoie ma meilleure amie alors que nous sommes toutes les deux assises à l'écart sur un canapé en cuir dans un café-librairie.

– Va le voir, me lance Mia Nichols. Avant que je pète un plomb.

– Toi, tu n'as pas des nouvelles, des contacts avec lui ? demandé-je en posant mon livre sur la table basse.

– Ava.

    Puis d'un coup, Mia se fait plus songeuse, son regard erre sans animation sur les pages de son livre. Un léger froncement de sourcils est distinct, ce qui m'intrigue. J'attends qu'elle relève de nouveau son attention vers moi pour m'expliquer.

– À vrai dire, c'est vrai que je n'ai reçu aucune mission de sa part, avoue Mia.

– Tu crois qu'il se joue de moi ? osé-je demander prudemment.

– Je vais te gifler, Ava. Je vais te flanquer à sa porte en deux temps, trois mouvements qu'on en finisse.

    Même si je sais qu'elle plaisante, son ton est à moitié sérieux au vu de son regard désespéré qu'elle m'adresse. Ma lèvre inférieure est coincée entre mes dents tandis que je zieute le smoothie qui n'attend que d'être bu.

   Partagée entre l'idée d'attendre ou de faire le premier pas, je suis agacée par la situation. Il n'a répondu à aucun de mes messages, à aucun de mes appels. Je ne sais pas quoi en penser. Peut-être que c'était seulement une passade pour lui, un moyen de tourner la page du passé. Nous sommes liés par le passé, ce passé si tordant, si attachant que l'on ne parvient pas à s'oublier l'un l'autre.

– Tu as demandé à Alex ou encore à Massimo ou Sam ? questionne Mia, un peu plus sérieuse sur le sujet.

– Massimo m'a dit de ne pas m'en faire les premiers jours, qu'il était surchargé de travail. Et je me vois mal me ramener auprès d'Alex en mode : "Hé mec, depuis que j'ai couché avec ton meilleur ami, il fait le fantôme, tu ne sais pas où il se trouve par hasard ?".

    Une minute – même pas – suffit à Mia pour réagir rapidement. Son livre tombe de ses genoux pour s'écraser sur le carrelage tandis qu'elle se lève. Je la regarde, certainement avec une forme d'incompréhension se dessinant sur mon visage.

    Soudainement, elle empoigne mon poignet et me tire de ma place pour se précipiter vers la sortie du café-librairie. Je la suis, plongée dans l'incompréhension tandis qu'elle semble bien déterminée à suivre son idée. Je ne bronche pas avant de nous arrêter au milieu du trottoir à l'extérieur.