12

812 56 13
                                    

AVA


   J'essaie de garder mon calme mais les tremblements de mon corps cassent rapidement la tentative. Je ne parviens pas à émettre le moindre mouvement, je suis complètement paralysée. Je m'attends au pire lorsque les bruits de pas se rapprochent, néanmoins c'est Massimo qui passe précipitamment devant moi et qui constate les dégâts.

    Mon téléphone m'échappe des mains dans un claquement sourd. Au loin, la voix de Luca au travers du combiné résonne. Mais ma seule réaction de débloquée est de tourner les talons et de m'enfuir à l'extérieur. Le cœur battant la chamade, tout me frappe de plein fouet. Les multiples sensations d'être suivie puis des détails qui paraissent banals comme la voiture qui a failli me rentrer dedans me reviennent ou encore ceux moins banals comme celui du message sur mon téléphone.

    Je suis complètement absente du monde réel et c'est une sensation effrayante. Je suis inconsciente du danger autour de moi, incapable de réaliser ce qui se passe dans mon environnement. Tout autour de moi me crie de m'écarter du passage, de bouger mes fesses. Et pourtant, je n'en fais rien.

    Au beau milieu de la voie publique, là où circulent des automobilistes pressés et fatigués de leur journée de travail, je suis figée comme aimantée par l'asphalte. Mon prénom hélé est à peine audible à mes oreilles, les klaxons perceptibles résonnent comme un bruit noyé.

– ... AVA !

    Une main s'enroule brusquement autour de mon poignet et me tire sur le côté. Aussitôt, je reviens à la réalité des évènements. Et le retour est violent. Ma tête tourne, ma respiration est erratique et je peine à voir clair devant moi. Je navigue entre l'état second et l'état premier.

– Ava ?

    Quelqu'un me secoue les épaules. Mon regard se stabilise enfin sur la personne en face de moi. Massimo m'apparaît, les cheveux désordonnés et le regard presque furieux. Nous sommes désormais sur un trottoir. Il s'écarte lorsqu'il constate que je reviens à moi. Néanmoins, il m'aide tout de même à me relever.

– Ça va ? Tu vas bien maintenant ? Je peux t'engueuler ? demande Massimo.

– Je te demande pardon ? m'étranglé-je.

– Ce n'est pas à moi qu'il faut demander pardon. Rargh... Dio, ti prego, concedimi un po' di pazienza (Pitié, Seigneur, accordez-moi un peu de patience).

    Un instant, Massimo regarde autour de nous et à ce moment-là, je commence à me rendre compte de son rôle auprès de moi. Suspicieuse, je m'écarte d'un coup en le dévisageant de haut en bas.

– Je n'ai pas besoin de garde du corps, objecté-je fermement.

– Ah bon ? Vraiment ? Parce que ça ne se voit pas. Alors maintenant, rentre-toi ça dans le crâne une bonne fois pour toute : il t'arrive quelque chose, le moindre petit truc et c'est Luca qui se fout en l'air.

    Son ton est acerbe comme s'il haïssait cette idée de voir son cousin se détruire à un tel point. Ses pupilles sont dilatées par la colère et la puissance de ses paroles. Et je ne peux que me faire toute petite et encaisser ses propos qu'il me pulvérise en pleine figure.

– Ça me révulse presque d'assister à ça, crache Massimo. Mais il t'est complètement dédié depuis dix ans. Dix ans qu'il cherche désespérément un moyen de te reconquérir, dix ans qu'il a passé à se morfondre parce que tu étais dans les bras d'un autre.

    Cela me fige sur place, le constat m'apparaît comme effarant. Lorsque j'essaie de me dire de le détester, de l'oublier, tout me fait revenir au fait qu'il a tout fait pour revenir. Il a souffert autant que moi.

LIÉS PAR LE PASSÉ {Liés : t2}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant