Tout le monde ne parlait plus que de cela en ville : du fait que l'hiver allait probablement être le plus rude de ces vingt dernières années. Ça avait commencé avec une chute des températures suivie de très près par l'apparition ici et là de plaques de verglas rendant chaque pas plus hasardeux que le précédent tandis que certains patinaient encore pour se rendre dans certaines zones. Néanmoins, ce n'était ni le froid, ni la peur de tomber à tout moment qui inquiétait les habitants de Toleni, non, mais le sifflement provenant de la montagne. Les sceptiques mettaient cela sur le compte du vent tandis que les Anciens accusaient encore et toujours le "chant" : une vieille légende entrée dans le folklore de la ville et qui était, encore aujourd'hui, une source inépuisable de curiosité pour les touristes prêts à tout pour l'entendre. Pour certains, cela allait au-delà de la légende, c'était un avertissement. Un avertissement afin de ne pas s'approcher de la montagne et encore moins de ses secrets, mais cela n'a jamais arrêté personne.
– Vous l'avez entendu vous aussi dans la nuit ? Au début, j'ai cru que c'était ma folle voisine qui avait encore une fois perdu la tête, mais on est d'accord que c'était ce-que-vous savez.
– Dès que je l'ai entendue, ça m'a glacé le sang. Ma grand-mère avait l'habitude de me raconter des histoires à propos du "chant", mais jamais, je n'aurais pu me préparer à cela. C'est terrifiant !
Le poste de police grouillait déjà de jeunes hommes affolés aussi bien par les rumeurs que par la nuit qu'ils venaient de passer. Les couloirs fourmillaient de messes basses et de chuchotements tandis que les bureaux demeuraient, pour la grande majorité, porte ouverte, chose plutôt rare étant donné que chacun appréciait son intimité en temps normal. Le seul bureau qui, encore aujourd'hui, avait la porte fermée fut celui du Commissaire Kylian, car le bruit des chuchotements avaient la fâcheuse tendance à accentuer ses maux de tête et son humeur exécrable. Personne ne venait le déranger et personne ne cherchait à comprendre ce qu'il y faisait, enfermé là-dedans, mais ils étaient en revanche sus de tous qu'il ne fallait jamais ô grand jamais frapper à la porte.
Alors, pour se faire annoncer, le lieutenant Grégory avait développé sa propre stratégie : venir avec une offrande. Une tasse de café, généralement.
– Vas-tu venir me déranger chaque matin avec la même excuse, Grégory ? beugla Kylian en tenant sa tête dans ses mains.
– J'aimerais te dire que j'ai de bonnes nouvelles pour toi ce matin, mais le maire cherche à te joindre depuis trois jours. Tu ne peux pas continuer à l'ignorer, c'est... Ton patron, je te rappelle.
Un juron. Peut-être même deux jurons plus tard, Kylian leva la tête avec l'impression que celle-ci pesait au moins dix kilos et venait de lui coûter l'effort de la journée.
– Cet enquiquineur va encore me demander où en est l'enquête, si nous avons progressé ou si nous avons quelque chose de nouveau. Encore une fois, je vais lui rappeler les mêmes choses que je lui ai dites hier et avant-hier et la veille encore, l'entendre me beugler dessus comme un taureau chargeant avant de me menacer pour la vingtième fois de me renvoyer si je n'ai rien à lui proposer pour demain, expliqua Kylian en basculant sur sa chaise, Donc oui, je vais l'ignorer pour aujourd'hui.
– Et moi ? Qu'est-ce que je dois lui dire du coup ? Non parce qu'il peut aussi me virer et vois-tu, j'aime beaucoup mon travail.
– Demande-lui d'allouer une plus grande part du budget dans ce poste et peut-être qu'il aura des réponses satisfaisantes. En attendant, on ne peut pas faire de miracles avec du matériel ayant plus de quarante ans.
– Ça, c'est parce que tu ne m'as jamais vu taper à la machine ! Un véritable virtuose de la dactylographie, j'ai un doigté magique, expliqua fièrement le Lieutenant tout en s'approchant à pas de velours dans le bureau.
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Tout ce qu'il reste
Misteri / ThrillerAs-tu déjà fait attention ? À cette maison située au bout du chemin ; celle qui se cache derrière les pins. Selon la rumeur, elle serait inhabitée. Pourtant, à plusieurs reprises, une silhouette, passant ici et là, derrière les fenêtres, nous a été...