12.

47 12 19
                                    

En se réveillant brutalement Séra avait d'abord eu du mal à se souvenir de l'endroit où elle était, redécouvrant son lit à baldaquin drapé d'un léger voilage blanc et le plafond au dessus d'elle, peint de motifs verts et dorés qui réfléchissaient la lumière douce de sa lampe de chevet. Mais la mémoire était vite revenue et elle avait essayé de se rendormir seule. Deux fois. Mais après chaque tentative elle s'était à nouveau réveillée les muscles contractés, paniquée et en sueur.

Alors maintenant, vêtue de ce qu'elle avait trouvé de moins chaud soit un t-shirt beige un peu long et un short de sport rouge, elle se tenait debout devant la porte de la chambre d'en face. D'ailleurs, ça l'agaçait un peu de rester bloquée ainsi dans le couloir, ce dernier vraiment moins accueillant de nuit que de jour. Après tout, elle et Dante étaient tout les deux adultes, plus si étrangers l'un pour l'autre et elle avait déjà passé une nuit dans la même pièce que lui sans aucun problème... Alors pourquoi était-elle tout d'un coup envahie par l'hésitation ?

Au fond, elle savait bien pourquoi. Elle connaissait Dante depuis peu mais quelque chose chez lui l'interpellait. Elle se sentait même par moment carrément jalouse de lui. Plus elle en apprenait plus elle réalisait que sa vie n'avait pas été facile non plus, et pourtant il était là à l'aider, gentil, affable, souriant, tandis qu'elle... Il n'aurait jamais pu apprécier la fille amère qu'elle était avant, c'était certain, et ce constat lui serra un instant le coeur.

Secouant la tête pour chasser sa soudaine mélancolie, elle frappa contre la porte, sans recevoir de réponse.

Et puis merde.

Puisqu'elle était déjà pré-invitée, elle entra quand même en retenant son souffle, refermant doucement derrière elle. Dante était enfoui sous sa couette jusqu'aux épaules, sa silhouette inhabituellement petite dans le lit immense bien que sans baldaquin cette fois. Et il était aussi profondément endormi, comme en témoignait la respiration lente qui parvenait à ses oreilles.

Ce n'était pas plus mal, finalement. Elle relâcha donc la sienne et avança sur la pointe des pieds avant de s'installer à côté de lui par dessus le couvre-lit bleu nuit, accordé à son propre plafond. Peut-être pourrait-elle profiter de sa présence rassurante le temps de quelques heures, puis se lever la première et disparaître sans qu'il ne se soit rendu compte qu'elle était venue ? Songea-t-elle un instant, très satisfaite de son petit scénario. Mais malgré tous ses efforts de discrétion, le jeune homme bougea juste au moment où elle trouvait enfin sa place.

Même s'il lui tournait le dos, Séra sut qu'il avait conscience de sa présence car son bras émergea bientôt de sous la couverture pour se placer entre eux, paume ouverte. Il serra doucement sa main quand elle la glissa dans la sienne, sans prononcer un mot, sachant pourquoi elle était là. Et elle lui en fut reconnaissante.

Elle n'aurait pas trouvé quoi lui dire, sinon.

Le contact était comme toujours entre eux, froid et chaud à la fois. Elle se demandait si c'était une bonne idée de commencer à accepter d'en être dépendante. Mais lorsqu'elle ferma les yeux, comme la première nuit, il avait fait fuir les flammes brûlant sous ses paupières, et elle dormit enfin.

° ° °

— ... Et voilà, j'ai entré le dernier paramètre. Maintenant, y'a plus qu'à laisser travailler Cyber Shadow.

— Ça prendra combien de temps, à ton avis ?

Virgile ne put qu'offrir une grimace d'excuses à Dante, tout en haussant les épaules.

— J'peut pas dire... Si ce Dr Isaac est vraiment bien caché, peut-être une semaine ou deux. Le logiciel va éplucher tout ce qui se dit en ligne, traquer une empreinte virtuelle sur les réseaux pour retrouver un profil correspondant, des images, de quoi faire des comparaisons avec de la vidéosurveillance, en gros. Évidemment, vous pouvez rester ici en attendant.

Nano.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant