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Vêtu d'un pantalon cargo noir resserré aux chevilles, d'un sweatshirt de la même couleur, ainsi que de son blouson en suédine bleu marine, Dante se fondait parfaitement dans le trio qu'il formait à présent avec ses deux "camarades" imposés. Eux aussi avaient opté pour des vêtements aux couleurs sombres ; noir intégral chez Amos, kaki et gris foncé pour Lev.

Juste après leur départ de la place, ce dernier lui indiqua un gilet en kevlar renforcé posé au pied de la banquette arrière, près d'un gros sac de voyage. Dante ne rechigna pas à tomber quelques couches pour l'enfiler, en ajustant les sangles par-dessus son t-shirt d'une main experte. Son aisance titilla d'ailleurs la curiosité du mercenaire : il remarqua sa mine surprise qui l'observait dans le rétroviseur central, malgré la visière de la casquette identique à la sienne qui projetait une ombre sur ses traits. Coiffée sur l'ordre d'Amos, pour enfin dissimuler ses mèches vraiment trop voyantes.

Dante lui-même se trouva étonné en réalisant ce qu'il avait fait sans y penser. Plutôt que sur son esprit agité, son corps avait dû se reposer sur la mémoire musculaire enfouie de ses anciens entraînements militaires, et il était passé en pilote automatique l'espace d'une poignée de secondes. Pourtant l'expérience n'avait pas été si longue, il avait tenu une dizaine de mois seulement après s'être engagé l'année de ses dix-neuf ans. Pas assez longtemps pour passer ne serait-ce que première classe. Ça ne l'empêcha pas de ressentir l'amertume liée aux souvenirs de cette époque louvoyer quelque part dans sa poitrine, tandis qu'il remettait pull et veste en se contorsionnant.

Il s'appliqua à ne pas ressasser tout ça durant les minutes qui suivirent, jusqu'à ce qu'Amos sorte sa main par la fenêtre de leur véhicule pour l'agiter afin de signaler à Ayden de décrocher de leur mini-convoi. Ils n'allaient plus tarder à arriver.

Ça y est, vous y êtes, confirma Virgile dans son oreille.

Observant au travers de sa vitre fumée, Dante distingua le building immaculé qu'ils étaient en train de contourner. Il ne portait aucune marque distinctive, aucun panneau géant pour revendiquer son appartenance. Ce n'était qu'un immeuble de bureaux parmi les autres, et son apparente inoffensivité le frappa un instant. D'autres horreurs que la sienne devaient se jouer là dedans, et personne au dehors n'en savait rien.

Dégageant son visage couvert par le masque, il murmura à l'adresse du hacker :

— Je te range pour l'instant. À toute mon pote.

Ce dernier ne se risqua pas à lui souhaiter bonne chance, c'était clairement une mauvaise idée vu son passif, et se contenta d'acquiescer avant que Dante ne retire ses écouteurs pour les glisser dans une de ses poches, suivis de près par son téléphone qu'il verrouilla sans raccrocher.

Pendant ce temps, Amos s'était garé sur un emplacement réservé aux personnes à mobilité réduite sans l'ombre d'un état d'âme. Il échangea un regard avec Lev, qui détacha sa ceinture afin d'attraper le sac derrière son propre siège. Les deux hommes fourragèrent à l'intérieur, piochant chacun une arme comme on fait ses courses dans un bac de promos, et les firent promptement disparaître dans les plis de leurs manteaux. Dante nota qu'Amos en avait deux maintenant, si ce n'était plus.

Puis Lev, marquant d'abord une courte hésitation, lui proposa de faire de même en orientant l'ouverture du sac vers lui. À l'intérieur, il y avait une bouteille de soda à moitié vide, quelques vêtements roulés en boule, des boîtes de munitions en polymère et un autre de ces revolvers sans métal indétectables par les portiques de sécurité.

— Tu sais t'en servir ? Questionna-t-il pour la forme.

— Je crois. Mais c'est pas la peine pour moi, j'ai pris mon shocker, déclara Dante.

Nano.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant