Lilith
«J'aime la solitude car je déteste la trahison.
Anonyme.»«- Après, tu oses me dire que je devrais bien me comporter avec Rowan ?
- Ben quoi ? rétorque Harley.
- Regarde toi, tu n'es jamais resté avec le même mec plus d'une semaine.
- Oui mais dans le fond, ils sont tous pareils, toi tu en as trouvé un unique, donc essaye de ne pas tout gâcher.
- Je te le laisse si tu veux.»Elle lève les yeux au ciel. Qu'elle fasse de la merde avec les gars ne m'a jamais dérangé, mais me demander d'être irréprochable avec le mien...
«- Sinon, t'as l'air au fond du trou en ce moment.
- Je ne l'ai pas toujours été depuis qu'on se connait ?
- Au début de l'année, ce n'étais pas autant, fait-elle remarquer.
- Mmh.
- On peut en parler si tu veux.»Je baisse les yeux.
«- Elle te manque ? me demande-t-elle.
- J'ai pas envie d'en parler.»Elle sait qu'elle a touché un point sensible. Je pourrais pleurer à tout moment mais pas devant elle. Pas devant la plupart de personnes que je connais à vrai dire. Elle sait qu'elle doit s'arrêter là. Les rares fois où je parle de Ruby, je ne dis presque rien. Je n'y arrive pas.
«- Sinon j'ai revu ma mère, dis-je pour changer de sujet.
- C'était comment ?
- On n'aurait pas dû la voir.
- Que s'est-il passé ?
- Elle avait un copain et un enfant.
- Je vois.»Un garçon d'à peu près notre âge s'éloigne de son groupe de pote pour observer Harley. Il la regarde, un sourire en coin, la fixant. Harley sourit d'un air désirable. Il sera peut-être son futur copain. Ou juste une distraction. Depuis 2 mois que je la connais, elle ne s'est jamais attachée à un gars. Elle n'en a jamais vraiment aimé un. A mon avis, c'est parce qu'au collège, elle a toujours cru que personne ne voulait d'elle, ce qui l'amène aujourd'hui à profiter de chaque garçon intéressé par son physique. Elle n'aime pas trop en parler, mais elle a changé physiquement. Avant, personne ne la regardait pour sa maigreur et son visage renfermé. Personnellement, je la trouve très jolie sur les quelques photos que j'ai pu voir d'elle d'il y a deux ans, mais son avis est différent. Je vois qu'elle se déteste, qu'elle déteste avoir été comme ça, et d'avoir souffert pour son physique.
D'un côté je trouve ça bien de profiter de sa jeunesse, d'un autre côté je me demande si c'est réellement ce qu'elle veut. Pour ma part, je ne dirai pas que Rowan est le garçon parfait, mais je ne vais pas me plaindre.C'est déjà mieux que de subir la violence.
Rowan m'aime, profondément. Il m'a toujours aimé, même quand nous étions de simples amis. Je l'ai aimé. Pendant une semaine. Ou alors je flottais simplement sur un nuage de tendresse et j'appelai ça de l'amour. Ça n'a pas duré longtemps. Chaque fois que je me convaincs de quitter Rowan, je repense à mon passé et me dis que je suis mieux avec lui.
J'ai grandi dans un cadre de vie triste. Je ne comprenais pas bien ce qui arrivait à ma mère, mais je voyais que ça n'allait pas. Depuis que je suis née, ma mère a toujours été dépressive. C'est ce qu'a dit le psychologue. C'est peut-être ma naissance qui l'a chamboulée, je crois qu'elle ne voulait pas d'enfant. Son métier d'avocate rapportait pas mal d'argent mais la rendait plus que malheureuse. Elle était continuellement épuisée, sans énergie, vidée. Elle rentrait du travail tous les jours et elle ne voulait surtout pas qu'on lui parle. Elle faisait beaucoup de crise d'angoisse, pendant les repas, au milieu de la nuit, et lorsqu'elles ont commencées à se produire sur son lieu de travail, son patron lui a immédiatement conseillé un psychologue. Elle n'aimait pas les psychologues. Je crois que c'est leur manière de travailler qui la repousse. Elle avait déjà eu affaire à plusieurs durant son adolescence où elle commençait déjà à perdre le contrôle. Elle disait que les psychologues ne faisaient qu'écouter ses problèmes et poser des questions inutiles. Elle allait en voir un, une fois par semaine, mais je ne suis pas sûre que cela ait arrangé la situation. Elle ne voulait pas parler de ses entretiens, alors mon père appelait la psychologue à chaque fois pour avoir un compte rendu. Elle lui disait que ma mère a toujours été malheureuse et qu'il faudra beaucoup de temps pour l'aider à s'en sortir. Mon père était aux petits soins avec elle. Il faisait tout ce qu'elle voulait, sans attendre un «merci» en retour. Il était fort. Il faisait tout son possible pour qu'elle se sente mieux, mais en vain, ses attentions ne la touchaient pas. La psychologue disait que ma mère n'avait aucune réelle envie de se sentir mieux. Son état ne faisait qu'empirer. Au bout d'un an, la psychologue à décrétée qu'elle n'avait pas la capacité d'aider ma mère, et que seul l'hôpital psychiatrique le pouvait. A cette nouvelle, j'ai vu mon père fondre en larmes. Ma mère est donc partie en hôpital psychiatrique. Elle nous a donné des nouvelles toutes les semaines pendant six mois, mais après, elle n'a plus appelé, et plus décroché aux appels de mon père. Plus une seule fois. Pendant un an où nous n'avons eu aucune nouvelle, mon père à commencer à aller au bar et revenir ivre. Au début c'était une fois par semaine, puis pour remplacer la solitude, il y est allé de plus en plus fréquemment. Je ne me rendais pas bien compte à quel point il était triste. A quel point il avait besoin de ma mère. Il y a 1 an, l'hôpital nous a appelé pour signaler que ma mère était guérie et qu'elle pouvait revivre avec nous. Alors nous l'avons attendu. Il nous a fallu beaucoup de temps pour comprendre qu'elle n'allait pas revenir avec nous. De toute évidence, elle avait voulu changer de vie, et se reconstruire toute seule. L'hôpital a confirmé nos pensées lorsqu'ils nous ont confié sa nouvelle adresse, très loin d'ici, à la campagne. Mon père a essayé de l'appeler et d'envoyer des lettres mais c'était toujours sans réponses, et nous ne l'avons jamais revu depuis 6 ans. Jusqu'à la semaine dernière où nous avons découvert toute la vérité. En voyant la petite fille, nous avons compris qu'elle était trop grande pour être née après que ma mère soit sortie de l'hôpital. Ma mère avait rencontré l'homme que nous avons vu à l'hôpital, et en était tombée amoureuse. C'était donc la raison pour laquelle elle ne répondait plus au téléphone. Ils ont ensuite fait cet enfant à l'hôpital, puis ont quittés l'hôpital et se sont installés ensemble.
Elle nous a abandonné. Elle a trompé mon père. Elle m'a remplacé. Elle a fait une petite fille qu'elle voulait. Moi j'étais juste là pour l'embêter, pour lui pourrir la vie, car elle n'a jamais voulu de moi. Et elle ne voudra jamais de moi. Elle nous a laissé sombrer dans la tristesse tout seuls, pour se refaire une nouvelle vie.
Oui, elle vient juste d'appeler mon père pour qu'il signe les papiers du divorce. C'est sûrement la raison pour laquelle elle nous a invité la semaine dernière. Ça ne pouvait pas être parce qu'on lui manquait, non bien sûr que non.Je la déteste.
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Always trust our feelings
Teen FictionLilith, lycéenne désespérée depuis longtemps, ne croyait plus en l'amour jusqu'à l'arrivée de Jordan qui va chambouler sa vie. Jordan, dévouant son temps à aider sa mère dans le besoin, ne s'attendait pas à une telle rencontre...