Chapitre 30

8 5 0
                                    

Lilith

«Ca brise le cœur, mais ça ouvre les yeux.
Anonyme.
»

Je mets du temps à sortir de mon lit. Un sourire aux lèvres, il faut que je fasse le point sur où j'en suis.
Quand nous avons été retrouvés par les policiers vers 22 heures, mon père attendait, inquiet, devant l'entrée de la forêt. Il m'a dit avoir attendu 3 heures. Peut-être plus. J'ai cru qu'il allait m'engueuler, ou pire, m'envoyer vivre chez ma mère, mais il n'a rien fait de cela. Il m'a enlacé, heureux et plein d'émotions. J'ai serré Jordan dans mes bras, et je suis rentrée à la maison, avec mon père. Il ne m'a posé aucune question sur Jordan. Je ne sais pas comment ça s'est passé de son côté. Je veux dire, il s'est aventuré dans la forêt pour me retrouver. Comment son père a accepté qu'il se mette en danger pour sauver quelqu'un ?
J'attrape mon téléphone, et me concentre sur les notifications. Je fais défiler des messages de Jordan me demandant si j'ai bien dormi, mais aussi un message de ma mère.

«J'ai appris ce qui s'est passé, et j'espère que tu vas bien. Appelle moi :)»

Je regarde le message, mais pour une fois je n'ai pas envie de soupirer en la laissant espérer. J'ai pas envie de lui montrer qu'elle a vraiment fait n'importe quoi. Je veux juste lui répondre comme mon cœur l'entend :

«Avec plaisir.»

Je suis de bonne humeur aujourd'hui.
J'ouvre les volets, admirant le ciel bleu de mars. Mars. C'est un mois de transition entre l'hiver et le printemps. Deux saisons qui se succèdent, complétement différentes. En mars, il ne fait pas très froid, ni très chaud. En mars, il peut pleuvoir comme il peut ne pas pleuvoir. En mars, nos émotions peuvent rester à peu près stable, on peut suivre le rythme de la météo. Je sors de ma chambre, et rejoint mon père dans le salon pour déjeuner avec lui. Ça faisait longtemps. Pendant que je cherche quelque chose à me mettre sous la dent, mon père m'annonce :

«- J'ai beaucoup réfléchi, et je ne pense pas retourner au bar. C'est pas quelque chose qui est bon pour mon corps. Et pour toi aussi.»

Je souris de toutes mes dents, heureuse qu'il ait pris cette décision. Je ne m'attendais pas à la venue de Jordan, hier. Vraiment pas. A vrai dire, je ne sais même pas ce que j'ai essayé de faire en me perdant dans les bois. Je voulais juste échapper à tout cela, à ce monde, je voulais le fuir. Puis, par je ne sais quel mystère, je me suis endormie à travers mes pleurs. Et c'est là qu'il est arrivé. Il m'a dit qu'il m'aimait. J'étais confuse, tout ce que j'ai ressenti ces derniers jours semblait se bouleverser avec ses mots. On s'est promis que ce ne sera pas pareil. Il m'aidera à me sentir mieux, mais je devrai accomplir une partie du travail. Il sera là, mais pas tout le temps là. J'attrape un paquet de céréales, et verse son contenu dans un bol.
Plus tard dans l'après-midi, alors que je révise pour un contrôle de géographie, la sonnette retentie. J'attrape le cahier posé près de moi, et mon père commence à se diriger vers la porte, mais, je l'ouvre moi-même. Jordan, avec son jean loose bleu foncé, un sweet-shirt beige, et une fine chaîne autour du cou. Il se tient là, se balançant d'un pied à l'autre, presque nerveux. J'avance sur le paillasson, me retournant vers mon père pour lui faire un signe de la main, refermant la porte derrière moi. Tant pis pour le contrôle de géographie.

«- Salut, je commence, d'une voix douce et reconnaissante.
- Salut, dit-il en levant les yeux, pour enfin plonger son regard dans le mien.»

Nous avançons, presque sans un mot jusqu'à la sortie de l'immeuble.

«- Je t'avais dit que ma mère avait quelques problèmes depuis longtemps.
- Oui, j'affirme.
- Elle va beaucoup mieux. Depuis hier, elle est différente. On voit que son état commence à s'améliorer.
- C'est génial !
- Oui, c'est réconfortant.
- J'ai l'impression que tout rentre dans l'ordre, je déclare, en me posant sur un banc aléatoire.
- Oui. Un peu comme la fin d'un film. Tu l'as apporté., remarque-t-il, comme pour me dire que c'est le bon moment pour le lire.»

Ils'assoit à mes côtés sur le banc. Je pose le cahier de brouillon sur sesgenoux, qui est resté dans ma main le long du trajet. Lorsque que je lui airaconté que j'y ai écrit mes pensées ces dernières semaines, il m'a dit qu'ilvoulait le lire. C'est personnel, mais après tout c'est Jordan. On ouvre lapremière page. Il s'agit d'un dessin vraiment pas beau que j'ai fait enm'ennuyant en cours. Il tourne les pages jusqu'à arriver à la premièrecontenant un texte. Il lève les yeux vers moi, comme pour me demander lapermission. Je sais qu'il n'a pas besoin de mon accord. Il le sait aussi, c'estpour ça qu'il baisse le regard vers mon écriture. Il lit dans sa tête, parcourantses yeux sur le texte. Je sais ce qu'il lit, je le sais. Il corne le bout de lapage avec sa main gauche, et cherche la mienne de sa main droite. Il entrelaceses doigts avec les miens. Lorsqu'il termine la page, il lève les yeux versmoi, pleins d'émotions. Il sait qu'il en reste encore de nombreuses. Il tournela page, lit, tourne la page, continue de lire, jusqu'à la fin des quelquespages que j'ai remplies. Il me regarde, détache sa main de la mienne, et posesa main sur mon épaule, parce que c'est pas évident de faire un câlin en étantassis. On regarde les arbres presque fleuris, la fin de l'hiver, les oiseauxqui sortent de leur nid. Il prend sa main pour avancer ma tête de la sienne,afin de me donner un baiser. Un petit baiser, mais un baiser plein d'espoirs.Je bascule ma tête sur ses genoux. Je ferme les yeux tandis qu'il me caresseles cheveux. Les yeux fermés, je sens les premiers rayons de soleil duprintemps caresser mes paupières doucement.

--------------------------------------------------------------

Merci beaucoup d'avoir lu, est d'être nombreux :)
Si vous appréciez, vous pouvez appuyer sur le bouton pour voter (l'étoile).

Always trust our feelingsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant