Chapitre 18

9 4 0
                                    

Lilith

«Fais ce que tu penses être bien, on te critiquera de toute façon.
Eleanor Roosevelt.»

Ce soir. Le concert c'est ce soir. Et je dois trouver quelque chose à faire pour rendre hommage à Ruby. Et merde. Je n'ai pas d'idée.

Je pourrais coller des affiches contre son grès, en sa défaveur. Avec de la chance, les gens y prêteront attention et le reconsidèreront.
La sonnerie m'arrache à mes pensées. Je ressors de la salle, Harley à mes côtés.

«- Je me suis faite une super amie sur internet.
- Cool. Je réponds, sans enthousiasme.
- Elle est super sympa, on s'est rencontrées il y a une semaine, et je me sens comme différente depuis, m'explique-t-elle, des paillettes dans les yeux. Elle est vraiment spéciale.
- Mhh...je réponds, très peu convaincue.
- Oh, Lilith je te jure, je me sens comme dans une bulle avec elle. Et sinon, j'ai tellement hâte pour le concert de ce soir ! Pas toi ?
- Pas spécialement...
- J'ai acheté une robe super belle pour cette occasion. Et toi, tu vas mettre quoi ?
- Un...truc...robe, pan... Je bafouille.
- Ne me dit pas que tu ne vas pas te faire belle quand même ! dit-elle, en me coupant soudainement. Ce n'est pas tous les jours qu'un chanteur, d'autant plus extraordinaire, fait un concert au lycée !»

Pourquoi tout le monde l'aime tant ?
Si seulement elle savait...Si seulement tout le monde savait...
Mes yeux croisent ceux de Bryson, lorsqu'il entre dans le couloir. Je tourne rapidement le regard, mon cœur battant à toute vitesse. Je me rappelle que je ne dois pas oublier de demander à mon père de me changer de classe. Je cherche à éviter tout contact visuel, et me satisfait de voir qu'il ne semble pas me prêter attention, et passe son chemin. La pression redescend lentement, tandis que je descends les escaliers.

***

Je perçois très distinctivement son odeur de vanille, allongée près de lui. J'émerge entre le sommeil et le réveil, dans le juste milieu. Il commence alors une conversation que je n'aurais jamais choisis d'entamer :

«- Que se passerait-il si Rowan découvrait notre relation ?
- Jordan...On est obligé d'en parler maintenant ?
- C'est juste que ça me stresse.
- Moi aussi, c'est pour ça qu'en parler n'améliorera pas les choses.
- Mais est-ce que tu penses que ce que l'ont fait est mal ?»

Je tourne la tête pour l'observer. Il semble réellement perdu. J'aimerai pouvoir lui donner une réponse précise, mais rien ne l'est dans notre relation.

«- Pas au point d'arrêter, je réponds.»

Il se relève, pour s'assoir sur mon lit.

«- Tu es quelqu'un de spécial, et j'ai besoin de toi dans ma vie. On ne peut pas arrêter avec ce qu'on vient de commencer, je lui dis.
- Mais ce n'est que le début.
- J'ai trouvé en toi quelque chose que je n'avais jamais trouvé auparavant.
- Quoi donc ?
- La paix.
- Mais cette paix peut être néfaste pour les autres.
- Vivons pour nous, pas pour ceux qui nous regardent, je lui réponds.»

Il me caresse le nez de son pouce, faisant des va et vient, doucement. Je regarde l'heure sur mon téléphone, et fait un brusque bond hors de mon lit. Je suis à deux doigts d'être en retard.
J'enfile mes chaussures et met mon manteau, dans un élan de précipitation. Il me regarde, restant stoïque, puis se préparant finalement à rentrer chez lui. Je me précipite pour sortir, mais je m'immobilise un instant.

«- Viens avec moi, je lui demande.
- Tu...Tu veux que je vienne avec toi ? demande-t-il, pas sûr de lui.
- Je n'ai pas assez confiance en moi pour faire quoi que ce soit seule.
- Je...euhm...Si tu veux.»

Je lui montre un large sourire, et il me dépasse en marchant, avec cette une certaine détermination dans sa démarche, que le jour où nous avions dansé sous la pluie.

Always trust our feelingsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant