Always trust our feelings

Chapitre 13

Lilith

«Même la nuit la plus sombre prendra fin et le soleil se lèvera.
Victor Hugo.»

«- Du coup, j'ai eu une heure de colle. La première et dernière de ma vie.
- Donc t'es vraiment un intello ? je lui demande en rigolant.
- Ouais, je ne peux plus le nier. Et toi, t'as déjà eu une heure de colle ? il me demande.
- Il y a des profs qui ne supportent pas que je dorme dans leur cours où que je ne fasse pas par leur devoir, donc oui. Tu veux faire quoi plus tard ?
- Mon rêve serait de travailler dans le sport. Mais, ce n'est peut-être pas réaliste.
- Essaye quand-même. Moi je voudrais travailler dans l'édition.»

Il hoche de la tête, ne trouvant rien à ajouter sur ce sujet.

«- Et, comment va ta mère ?
- Elle va mieux, elle est sortie de l'hôpital. Il hésite à prendre la parole. Ça fait longtemps qu'elle est dans cette situation. Elle est traumatisée d'un évènement.
- Je vois, je réponds en essayant de mettre le plus de douceur dans ma voix.»

Je n'ai pas l'intention de l'amener à me parler de sa mère. Je ne suis pas curieuse, je ne cherche pas des informations. Je veux être une épaule sur laquelle il peut se reposer, comme il l'est pour moi.

«- D'ailleurs, Rowan m'a dit que tu lui en voulait pour ce qui s'est passé avec Scarlett.
- J'ai l'impression de tout laisser passer. Je ne peux pas l'obliger à couper les ponts avec Scarlett. Mais il ne se rend pas compte qu'un jour notre relation va peut-être s'effondrer à cause d'elle.
- Ce n'est pas ce que tu veux ? Pourquoi tu te forces à faire ça ?
- A cause de Bryson j'imagine...
- Tu te sens en sécurité avec Rowan ? me demande-t-il.
- Oui, exactement. J'ai l'impression que seule, je ne vais pas y arriver. Même si être avec lui, c'est comme être seule.
- Mais cette relation ne te rend pas heureuse.
- A vrai dire, qu'est-ce qu'est vraiment l'amour ? Il nait lorsqu'on passe des bons moments avec quelqu'un ? Il faut connaître la personne par cœur ? Sentir quelque chose de profond pour cette personne ? Ca peut-être tout et à la fois rien.
- Je pense que c'est une question d'énergie. Notre monde est constitué d'énergies qu'on ne contrôle pas. Deux êtres peuvent être reliés à la même énergie, qui les rapprochera. Dans ce cas-là, il ne s'agit pas de connaître la personne sur le bout des doigts, simplement de passer des bons moments avec elle, des moments toujours animés par cette énergie.
- Peut-être que tu as raison.
- J'ai l'impression de déjà te connaître.
- Comment ça ? je lui demande.
- Comme si on s'était déjà rencontré dans une autre vie. Tu penses que c'est possible ?
- Je pense que tu as beaucoup d'imagination. Je réponds, en gloussant.
- Je pense que rien n'arrive pas hasard, et que chaque rencontre se fait pour nous apprendre quelque chose sur la vie, dit-il, en me regardant dans les yeux.
- Et qu'as-tu appris grâce à moi ? je lui demande, maintenant son regard.
- J'ai appris que les filles tristes sont les plus courageuses. Malgré tout ce qu'elles ont traversées, elles sont encore là.»

Je ne peux m'empêcher de sourire.

«- J'aime quand tu me parles. commence-t-il. C'est tellement mieux que quand je parle à n'importe qui d'autre. Tout ce que tu dis semble être unique, comme si personne ne l'avait dit avant toi...
- J'ai besoin de toi dans ce monde, Jordan, dis-je, sans le laisser développer.»

Il se rapproche de moi, doucement, très doucement. Maintenant que quelques centimètres nous séparent, il me caresse les cheveux délicatement. Nous savons ce que nous voulons. Les regards parlent à notre place. Nous respirons fortement. Nous attendons qui fera le premier pas.
Quand il se penche vers moi, je sens mon cœur battre encore plus vite. Je sens ses lèvres effleurer les miennes, timidement. Je renifle un parfum tout nouveau, une sorte d'essence de vanille.
Et c'est là qu'il rompt alors tout contact entre nos lèvres, me regardant avec désespoir. Nous savons que nous ne devons pas faire ça. Nous nous éloignons, petit à petit, laissons tomber nos envies.
Pourquoi faut-il respecter nos devoirs au lieu de simplement vivre nos sentiments ? Pourquoi pensons-nous que faire ce que nous voulons gâchera tout ? Pourquoi sommes-nous si prudents, alors que nous n'avons qu'une vie ?

Pourquoi tout doit-être compliqué ?

***

La musique est si forte dans mes oreilles que je ne l'entends pas arriver. Ses béquilles l'empêchent de marcher aisément. Il revient probablement de l'hôpital.

«- Ils t'ont dit quoi ? je lui demande.
- Ce n'est pas tes affaires.
- Papa !»

Il repart, comme s'il n'était jamais venu. Comme si je n'étais pas sa fille. Il repart comme si nous n'habitions pas le même appartement. Comme s'il ne m'avait pas élevé. Du moins essayé. Comme si sa femme ne lui avait pas gâcher la vie.
Je me lève, et retrouve mon père dans le salon. Debout devant lui, je tends les bras. Assis sur le canapé, il semble perplexe, mais se lève pour me prendre dans ses bras.
Un câlin peut communiquer des émotions. Celui-ci est un mélange de mélancolie et de compassion, nourri par à l'abandon de ma mère.. Elle nous a fait souffrir pendant si longtemps, mais nous l'aimions quand même. Elle a brisé notre famille, nous laissant développer à chacun notre propre dépression.

Donc pour tous ceux qui se demande, oui, la dépression c'est contagieux.

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