Always trust our feelings

Chapitre 12

Lilith

«Deux âmes ne se rencontrent pas par hasard.
Anonyme.»

J'ai fêté noël avec ma grand-mère et mon père, chez elle. C'est presque comme si ça m'avait réconforté. Presque. Je m'arrache de mes pensées en entendant mon prénom sorti d'une conversation.

«- En plus elle est trop bizarre... J'entends une fille de la classe dire.
- Elles croient vraiment que je ne les entends pas ? je demande à Harley.
- J'en sais rien. Sinon, je t'ai parlé de Lenny ?
- Tu peux pas être là pour moi deux secondes ? je m'énerve.
- Quoi ? Mais je suis là pour toi ! proteste-elle.
- Non, justement, moi je viens te sauver quand tu es coincée chez quelqu'un, mais quand j'ai besoin de dormir une nuit chez toi, tu n'es pas là.
- J'étais occupée !
- Tu es toujours occupée. Tu ne peux pas être disponible pour moi ?
- Je n'ai pas souhaitée de me retrouver enfermée chez un inconnu !
- Pourquoi t'as accepté ?
- Quoi ?
- Pourquoi t'as accepté d'aller chez lui.
- Je ne sais pas, dit-elle, ne supportant pas le poids de la culpabilité. Il n'a pas voulu me laisser partir.
- J'ai cru comprendre. Je lui réponds de toute évidence.»

Elle essuie une larme et je me sens mal de lui parler ainsi. Au fond d'elle, elle reste une adolescente.

«- Je sais pas pourquoi je suis comme ça Lilith.
- C'est-à-dire ?
- Pourquoi je ne me satisfait pas d'une simple relation saine ? dit-elle d'un air vraiment désespéré.»

Je tapote légèrement son épaule, et je repars dans l'autre sens.

«- Lilith ! Il faut que je te parle ! me dit Rowan lorsqu'il me voit.
- Pas maintenant. Je l'ignore et passe mon chemin.»

Je sors des cours, et je n'ai qu'une envie : voir Jordan.
C'est la seule chose qui m'empêche de broyer du noir toute la journée.

«- Allô Jordan ? Est-ce que tu peux venir chez moi ?
- Désolé, je suis à l'hôpital. Ma mère a perdue conscience, me répond-t-il.
- Oh...Elle va bien ?
- Ne t'inquiète pas. On pourra se voir une prochaine fois !
- Je ne peux pas venir ? Je sais que ça peut paraître bizarre, mais tu as sûrement besoin de soutien.»

C'est ainsi que je le rejoins une demi-heure plus tard. Il sort de la salle, une main sur le front.

«- Lilith ! Ça va ? dit-il en tremblant.
- Tu vas bien ? je lui demande.
- Un peu stressé, mais ça va.
- Ça doit être dur !
- Ma mère a des problèmes depuis longtemps, mais jamais elle n'avait fait de malaise de ce type. On s'est beaucoup inquiété, mais il y a plus de peur que de mal.
- Tant mieux.
- Tu veux qu'on parle ?
- Ce serait gentil merci.»

On se dirige vers la salle d'attente, mais sur le chemin, un patient couché me rappelle mon père. Je l'observe un peu plus, et j'ai soudain la certitude que c'est lui.

«- Excusez-moi, monsieur ? dis-je à un médecin qui passe dans le couloir.
- Que puis-je faire pour vous ?
- Quand avez-vous amené ce patient à l'hôpital ?
- Il y a quelques minutes, pourquoi ?
- Quel est son nom ?
- Je ne suis pas autorisé à vous donner ces informations.
- Je pense qu'il s'agit de mon père. Je lui annonce ce qui le fait sourciller.
- Je reviens dans quelques instants. dit-il après réflexion.»

Jordan, qui ne comprend pas très bien ce qui se passe, attend patiemment avec moi. Le médecin revient quelques minutes après, une fiche à la main :

« - Marc Mecabe.
- Je suis sa fille ! j'affirme aussitôt. Que lui est-il arrivé ?
- Accident de voiture. Il était alcoolisé.»

Je prends ma tête dans mes mains. Je n'ai pas envie de m'occuper de lui, je ne suis pas sa mère. Je réfléchis, puis après quelques secondes, le choix me semble être évident.
Il est grand, il peut s'en sortir tout seul, non ?
Je descends, suivie de Jordan. Je lui demande s'il doit rester à l'hôpital pour sa mère, ce à quoi il me répond que non. Alors partons vite de cet endroit.
Il fait nuit, j'ai l'air désespérée et pitoyable. Je ne sais pas comment je vais arriver à supporter le poids du monde, à tout encaisser. Je ne sais pas comment je vais faire. En cet instant de faiblesse, je sens une main sur mon épaule. Je me retourne. Jordan est là, le seul à être là quand j'en ai besoin.

«- Eh, je suis là, me dit-il en souriant.»

Je le regarde profondément comme je ne l'avais jamais regardé avant. Je le regarde avec reconnaissance, avec bienveillance, avec passion, mais surtout, en souriant. Je le regarde, comme je n'ai peut-être jamais regardé un homme auparavant. Il me regarde avec tendresse, avec attention, avec sensibilité, avec douceur. Il me regarde comme s'il voulait me sauver. Il me regarde, comme on ne m'a presque jamais regardé avant.
On marche, dans un bonheur presque irréaliste. La lumière des lampadaires éclaire notre chemin, dans la nuit obscure.

Les âmes-sœurs sont des personnes qui partagent des attirances, des affinités, une sensation de magnétique, une connexion instantanée. Ce n'est pas quelque chose à l'extérieur, c'est au-delà de notre contrôle : dans notre âme. Deux âmes qui se complètent, qui ne peuvent pas être stable sans la présence de l'autre, qui s'attirent involontairement, c'est ça les âmes-sœurs.

--------------------------------------------------------------
Merci beaucoup d'avoir lu :)
Si vous appréciez, vous pouvez appuyer sur le bouton pour voter (l'étoile)