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J'hésite un instant. Face à moi, il parait perdu.

Bon sang, j'espère que je ne lui ai pas envoyé des signaux contradictoires...

— Je t'ai vu, aujourd'hui, dis-je d'une petite voix. Avec ton interne.

Il arque un sourcil, perplexe.

— Et ?

— Tu étais tellement... autoritaire...

Il m'adresse aussitôt un demi-sourire.

— Si tu veux que je sois autoritaire avec toi, il suffit de me le dire...

— Ethan !

Je bous littéralement de rage sous son regard amusé.

— Mais quoi, Julia ? Qu'est-ce que tu essayes de me dire, au juste ?

Je mordille ma lèvre inférieure sous son regard brûlant. Autour de nous, la cuisine semble se rétrécir.

— Je dis juste que... des fois, tu es cet homme directif, compétent et si... discipliné, expliqué-je en pesant mes mots. Mais quand tu es avec moi, tu te transformes en... en Monsieur Fanfaron !

Je lève les yeux au ciel tandis qu'il éclate de rire.

— Monsieur Fanfaron ? répète-t-il.

— Tu vois bien de quoi je veux parler.

Je soupire et affronte à nouveau son regard ambré posé sur moi. Je poursuis, plus confiante.

— J'ai vu comment tu as parlé à cette interne. Tu étais plutôt dur.

Près de moi, Ethan est redevenu sérieux.

— Il faut bien qu'elle apprenne.

Il se détache du plan de travail et se passe une main dans la nuque.

— Écoute, pourquoi on parle de ça ? demande-t-il, tendu.

C'est sûr, il est contrarié.

Je retourne dans le salon, mon invité sur les talons. J'ai besoin de ce vin, finalement. Je me rassois sur ma chaise et il m'imite.

— Julia, reprend-il, j'avoue que j'ai du mal à te suivre. Tout à l'heure, tu étais d'accord pour qu'on dine ensemble mais je n'ai, apparemment, pas le droit de te poser la moindre question personnelle. On est amis ou pas ?

Je l'observe par-dessus le rebord de mon verre.

Oui, mais c'est avec Ethan que je veux être amie. Pas avec Monsieur Fanfaron !

— Je suppose, dis-je enfin.

— Bien, conclut-il, visiblement satisfait. Maintenant, si tu me disais où tu as fait ton internat ?

Je prends une grande inspiration. Ça ne sert à rien de résister, il finira bien par tout découvrir à un moment ou un autre...

— À Limoges, dis-je d'un ton détaché.

— À Limoges ?!

Il me dévisage de l'autre côté de la table. La ville est à plus de cinq cents kilomètres. Je vois bien qu'il est surpris, mais je fais comme si de rien n'était en reportant mon attention sur mon verre. Je fais tournoyer le liquide doré en priant pour que mon interlocuteur change de sujet, mais à mon grand désarroi, il persévère.

— Si tu es si proche de ta famille, pourquoi tu es venue t'installer aussi loin d'eux ?

Je mordille de plus belle ma lèvre inférieure.

Code Bleu [Sous contrat d'édition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant