Cauchemars

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Harry est à deux doigts des larmes. Ses mains tiennent encore l'enveloppe soigneusement tamponnée du ministère de la magie. Cela fait à présent plusieurs heures qu'il n'ose pas l'ouvrir. Est-ce une convocation pour être témoin ? Des remerciements, des demandes ? Des obligations ? Harry ne veut rien de tout ça, et c'est pourquoi il a laissé défiler les heures de la journée en essayant de ne pas y penser. Mais à présent qu'il est seul dans son lit, la lettre n'est toujours pas ouverte. Le sceau rouge carmin imposé sur l'enveloppe semble vouloir éloigner Harry de la lettre, mais le garçon se décide enfin à casser l'empreinte.

- Pitié pas une convocation, pitié pas une convocation, prie le survivant en croisant les doigts pour espérer un peu de chance.

Il sort le parchemin de l'enveloppe et comme à lire. Le texte est court et simple. Une convocation. Les jambes du survivant faiblissent soudainement et il est désormais incapable de se relever. Une convocation pour le jugement d'un mangemorts. Et pas n'importe lequel. Augustus Rokwood. L'assassin de Fred Weasley. Harry laisse la feuille tomber par terre et passe ses mains sur son visage.

Le cerveau de Drago est en ébullition. Une fois assis dans le train, il s'est demandé s'il n'aurait pas dû inviter Potter pour les fêtes. Gregory était arrivé et il avait rapidement chassé de sa tête l'idée lui semblant soudainement ... saugrenue. Après une demi-heure de route, il souhaitait envoyer une lettre à son ami pour l'inviter au manoir. Et enfin, après une heure de trajet, le blond a les bras croisés et les yeux perdus dans le vague. Potter devrait être assis avec lui en ce moment.

- Drago ? Dragooooo !

Pansy et Gregory le regardent, une lueur inquiète dans les yeux. La fille se tourne vers Goyle et lui fait comprendre par un seul regard qu'elle ne peut pas rester là sans rien faire. Elle se lève et va s'asseoir près de son ami blond, qui ne tique toujours pas.

- Drago, chuchote-t-elle en posant une main sur son épaule. Il tourne enfin la tête vers Pansy, qui ne comprend pas ce qui peut rendre son meilleur ami dans cet état.

- Sally avait raison, annonce-t-il sans plus de sermons, j'aurais dû inviter Potter.

- Mais... Vous êtes fâché, tente Gregory.

- Non. On ne l'est pas. Je me suis éloigné de lui pour qu'il puisse reprendre sa vie habituelle.

- C'est-à-dire ?

- Être ami avec Granger et Weasley.

Pansy s'étouffe avec sa propre salive.

- Il y a deux semaines, avec Potter nous sommes allés voir le ... garde-chasse. Peu après, Granger et Weasley sont arrivés. J'ai réussi à partir avant qu'ils n'entrent, mais cet idiot de géant n'a pas laissé Harry partir. S'en est suivi une longue discussion, et bien que Granger n'ai rien fait pour s'attirer les bonnes grâces de Potter, Weasley s'est excusé. Je suis parti à ce moment-là. J'imagine que Granger s'est aussi excusé et qu'ils sont de nouveaux les meilleurs amis du monde.

Drago arrête brusquement de parler. S'il continue, il risque de montrer ses vrais sentiments. La trahison, qui lui a d'abord lacéré la poitrine, puis la haine envers les deux Gryffondor qui lui volent son ami, et enfin la tristesse qu'il avait ressentie en s'éloignant de la pseudo maison de Hagrid.

Non. Ni Parkinson ni Goyle ne sont obligés de savoir ce qu'il se passe dans sa tête, et encore moins dans son cœur. Ces deux dernières semaines ont été particulièrement difficiles pour lui, luttant entre retourner dans le couloir de la tour afin de retrouver son ami assis par terre à regarder les étoiles, ou alors continuer à l'éviter afin de faire en sorte que le garçon aux yeux verts ne l'oublie, mais que surtout lui, Drago Black, l'oublie. Parce que Drago en est désormais certain, il aime Harry Potter.

PléonasmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant