Chapitre 64

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CLARKE

Papa et toi, vous vous faites la tête ? Demande ma sœur.

   J'active le pas pour mettre de la distance entre nous et notre père.

- Non, ma puce. Juste un petit différent.

- Aie, je suppose que papa voit d'un mauvais œil que tu sortes avec ma cousine. En même temps, c'est compréhensible quand on fait face à son sale caractère. Il y a quelques mois de ça, tu n'en pensais pas moins.

   Johanna et moi sommes surprise par l'interruption inopinée d'Anya. Elle s'est jointe à nous le plus naturellement possible. Un vrai ninja. Ma petite sœur en profite direct pour me faire faux bon et rejoindre mon père juste derrière. Je la regarde s'éloigner en sautillant comme un puceron. Je ne sais pas ce qu'il me manque le plus. Son innocence où sa joie de vivre. Je redirige mon attention sur Anya.

- C'est un peu plus complexe que ça, malheureusement. Ce n'est pas Lexa le problème mais moi et mes choix, dis-je tout en continuant mon chemin.

- Je ne te connais pas très bien Clarke, mais si j'ai bien remarqué une chose : c'est que tu n'es pas du genre à faire des choix à la légère. Tu as besoin de prendre ton indépendance, de prendre ton envol. Mon petit doigt me dit que Lexa est la raison de ces changements. Depuis que vous êtes en couple, je ne reconnais plus ma cousine. Je la trouve apaisée, avoue-t-elle.

- C'est bien, non ?

- Lexa est comme ma sœur, et je sais plus que quiconque ce qu'elle a traversée, mais quand elle est auprès de toi, c'est comme-ci plus rien n'avait existé. Elle a de la chance de t'avoir. Elle est raide dingue de toi, tu sais ça ? J'aimerais qu'un homme me regarde de la même façon que tu la regarde.

- Je l'aime, Anya.

- Je suis heureuse pour Lexa. Enfin, elle a droit à un peu de bonheur. Je suis presque jalouse de votre amourette d'adolescente.

   Lexa m'a expliqué qu'Anya avait rompu quelques jours plus tôt avec son mec du moment et elle nous fait une petite déprime. Je ne la connais pas vraiment, mais quelque chose me dit que ça va vite lui passer. Anya n'est pas le genre de femme à se laisser abattre. Elle va vite rebondir sur ses pieds. C'est une femme forte.

- Toi aussi, tu finiras par la trouver ton âme sœur.

- Mouais, je n'en demande pas autant. Je crois que je me contenterais d'un mec sans problèmes.

   Je garde le silence. Parce qu'en parlant de "problèmes" inévitablement je ne peux m'empêcher de faire le lien avec Lexa.

- Et sinon, vous en êtes où avec Lexa ? Je veux dire, vous avez sauté le pas ou envisagé de le faire ?

   Je pousse Anya d'un coup d'épaule. J'aurais dû la voir venir. C'est vrai, elle a un regard de fouine. Son regard ne pétille rien qu'à l'idée d'avoir un détail croustillant à se mettre sous la dent.

- Quoi ? J'ai bien le droit de poser la question, non ? Oh ! Allez Clarke ! On peut bien se faire des confidences entre filles. Ne fais pas ta coincée !

- Désolée de te décevoir, mais ce n'est pas à l'ordre du jour.

- Qu'est-ce que tu attends pour lui sauter dessus ?

   Qu'est-ce que j'attends ? Je crois qu'elle connait déjà la réponse. On ne peut pas dire que mes tentatives d'approche on était très concluante jusqu'à présent. Il suffit que je sois un peu trop intime entre nous, pour qu'elle se braque automatiquement. Je n'ai pas envie de la brusquer et maintenant que je sais ce qu'elle a vécu, je comprends mieux son comportement. Je mentirais si je disais que je n'en avais pas envie, mais dernièrement le sexe est secondaire.

- On a tout notre temps.

- Non, à d'autre. Pas besoin de te faire un dessin. A votre âge, je me laissais guider par mes hormones. Le temps passe trop vite. Alors fonce ! plaisante Anya.

   Je n'ai pas le cœur à rire avec ça. Depuis que je sais qu'on a abusé d'elle, je suis incapable de relativiser lorsqu'il s'agit de Lexa.

- Avec tout ce qu'elle a traversé, je crois qu'il va lui falloir du temps.

   Anya paraît gênée. Elle a certainement oblitéré la chose l'espace d'un instant. Comment lui en vouloir, nous voir ensemble donne constamment le change. Lexa n'extériorise rien. C'est certainement sa manière à elle d'affronter la réalité. Même si elle est brisée, elle ne sombre pas.

- J'ai encore manqué l'occasion de me taire. Vous êtes si mignonne ensemble, que j'ai tout simplement oublié. Où peut-être que je veux oublier, s'excuse Anya.

- La plupart du temps, elle fait toujours comme si tout allait bien. Mais moi je sais qu'elle est bonne comédienne.

- Elle va mieux ces derniers temps. Je ne dis pas que tout est réglé, mais elle est sur la bonne voie. Et tu en es la cause.

- J'aimerais tellement faire plus !

   Je me sens tellement impuissante face à tout ça. Je me rappelle sans cesse les terribles choses qu'elle a subis.

- L'aimer est bien suffisant. Tu dois être patiente. Lexa remonte la pente, mais à son allure. Sa dépression est stable pour le moment, mais tôt ou tard, toi et moi on sait qu'elle rechutera. Ça peut prendre quelques années, comme toute une vie, pour qu'elle s'en remette.

   J'ai envie de lui répondre que peu importe, je l'aimerais quoi qu'il arrive. Mais au lieu de ça, je hoche bêtement les épaules. Je sais qu'elle a raison, mais l'admettre me fait encore plus de peine. Je ne peux pas m'imaginer la perdre. Anya a compris que l'émotion me submerge et que je ne peux plus parler sous peine de fondre en larmes. Elle glisse ensuite sa main dans la mienne en signe de réconfort. Pas besoin de le dire à voix haute, tout comme moi, elle sait à quoi je pense.

- Enfin quoi qu'il en soit, si vous n'êtes pas prête à consommer votre amour toutes les deux, sache que moi je ne vais pas me gêner, parce qu'honnêtement, j'ai déjà repéré un mec canon pas plus tard que tout à l'heure ! S'exclame-t-elle.

   J'entends les rires de Lexa derrière nous. Elle nous a écoutées. Je ne les avais pas entendus, tous les trois, se rapprocher.

- T'es vraiment pas possible. T'as vraiment le feu aux fesses.

   Je suis morte de rire. Elle a vraiment réussi a allégé ce moment.

- Je ne te permets pas, ricane-t-elle.

   Notre balade s'achève au bout d'une heure de marche. Finalement, Lexa, Anya et sa mère resteront pour dîner ce soir. Maman a préparé la chambre d'ami pour papa et Johanna dormira dans la mienne. Johanna en bondit de joie. Nul doute que ça va se transformer en soirée pyjama. Nous avons beaucoup de moment entre sœur à rattraper. Je profite de ces quelques heures pour rire à gorge déployée avec ma petite sœur à tel point que maman est obligée d'intervenir à minuit passé pour nous dire de nous coucher. Et dire qu'il ne nous reste plus que deux jours. Je regrette qu'ils ne puissent pas rester plus longtemps. Je suis contente qu'ils aient fait le déplacement, mais comme maman le répète souvent, toutes les bonnes choses ont une fin. 

âmes égalesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant