Chapitre 43

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  LEXA

   Je me faufile lentement à travers le couloir, aucun bruit ne se fait entendre, la maison dort. Après le dîner, on s'est tous calé devant une émission de divertissement, histoire de finir cette journée tranquillement. La fatigue a vite pris le dessus et Johanna a été la première à nous abandonner. A la fin de l'émission, il ne reste plus que Clarke, son frère et moi. Anya m'a passé un coup de fil et j'ai préféré m'éclipser sur le balcon pour lui parler tranquillement. Quand je suis revenue au salon, la pièce est plongée dans le noir. Je n'ai pas vu le temps passer, je comprends pourquoi je suis frigorifiée. J'ouvre doucement la porte de la chambre et j'y entre sur la pointe des pieds. Je tâtonne à l'aveugle, orientée par la respiration de Clarke pour trouver le lit. Je me glisse délicatement sous la couette pour ne pas la réveiller. La tête enfoncée dans le creux de mon oreiller, je profite du calme ambiant. Je bascule sur le côté et fais face au visage d'ange de Clarke. Il fait sombre, mais j'arrive à distinguer les traits détendus de son visage. Elle dort à point fermé, emmitouflée jusqu'au cou. L'une de ces mains est posée non loin de mon coussin et je devine sans mal qu'elle a lutté pour m'attendre, mais en vain.

   Je lève doucement ma main pour caresser sa joue. Clarke gigote, sans pour autant ouvrir les yeux. Un sourire étire ces lèvres et dans un léger chuchotement mon prénom s'en échappe. Est-elle réveillée ou rêve-t-elle de moi ? Peu importe, dans tous les cas, c'est moi qui lui donne le sourire. Je me glisse tout contre elle et dépose mes lèvres sur sa joue. Ma main remonte le long de son bras dans une caresse légère et sensuelle. C'est nouveau encore tout ça pour moi, tout cet afflux de sentiment qui se bouscule à l'intérieur de moi. Je ne pensais pas pouvoir aimer autant quelqu'un. Je ne pensais pas qu'un jour quelqu'un arriverait à me faire envisager un futur. Pour mon futur, il faut de la joie, des sourires, de l'attention et de l'amour. Clarke est cet amour inconditionnel.

   La lampe de chevet s'éclaire et je me rends compte que c'est Clarke qui en est l'instigatrice. Ces yeux sont grand ouverts et je peux y voir mon visage s'y refléter. Je dégage une mèche blonde derrière son oreille et son visage s'illumine. Sa beauté n'a d'égale que son sourire. C'est comme-ci, je tombais un peu plus pour elle. Je la vois, une nouvelle fois, sous un autre jour. J'ai l'impression d'être une autre personne à ses côtés. Elle me donne envie de me battre, de laisser mes démons au placard, mais d'accepter la réalité des choses, de voir mon traumatisme sous toute ces formes. Elle me donne envie de croire en un monde meilleur. Elle me fait même penser, que moi-même, je pourrais être sauvé. Elle me fait me rendre compte de la chance que j'ai de l'avoir dans ma vie. Elle me donne envie d'avancer, d'être en harmonie avec moi-même. Elle me donne simplement la force de ne plus me cacher derrière les monstres du passé. Avec elle, je suis juste Lexa, dans son plus simple appareil, mais pas pour autant sans défense. Parce que je suis prête à tout affronter. Quand je me perds dans sa contemplation et que je m'attarde à mémoriser chaque expression de son visage, à catégoriser chacun de ses sourires, chacune de ses mimiques, je me sens comme un courant d'air frais, un soir d'été caniculaire. Attendu, revigorant, heureux, mais surtout particulièrement vivifiant. Clarke, c'est ma chance de tout reprendre à zéro. Qui aurait cru qu'un jour je pensais avoir droit au bonheur ? C'est dur à croire, mais c'est exactement le sentiment que je ressens en sa présence. C'est une si belle personne. Magnifique, rayonnante, passionnée, réservée, pleine de vie, maligne, sensible, à fleur de peau...

   Je me remets sur le dos et tend mon bras pour récupérer mon portable sur la table nuit. Clarke m'observe sans dire un mot. A voir son air taquin, elle sait d'avance ce que je m'apprête à faire.

   Sans surprise, je la vois prendre une position semi-assise. Je vois ses fossettes au coin de sa bouche s'accentuer et je sais que c'est sa façon à elle de m'inviter à poursuivre mon action. Je ne me fais pas prier et je me love tout contre elle. J'actionne l'appareil photo de mon téléphone et enclenche le mode selfie. Il est temps d'immortaliser ce moment, de laisser une trace de notre amour. Je capture ses lèvres au moment où je prends la photo. C'est un baiser intemporel qui se fige à travers le temps.

   Je profite de cet instant au maximum, avant d'inviter Clarke à s'allonger à mes côtés. Je remets mon portable à sa place initiale et laisse Clarke éteindre la lumière. Puis elle se rallonge tout contre moi. Elle s'installe confortablement, sa tête sur ma poitrine et son bras autour de ma hanche. Je n'ose plus bouger, par peur qu'elle ne s'éloigne. Je me laisse bercer par son souffle régulier. Quand elle gigote une nouvelle fois, je sens l'une de ces jambes s'emmêler à la mienne et je la serre davantage contre moi. Je cale mon nez dans ses cheveux pour me laisser submerger par son odeur. Les effluves de son shampoing et la chaleur irradiante de son corps ont raison de moi. C'est en une brume euphorisante, que je me laisse happer par le sommeil. 

   J'ai maintenant l'impression de vivre dans un rêve éveiller. Le seul qu'il vaille d'être vécu réellement. 

âmes égalesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant