Prologue

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Résidence des Hadler - 1963

      Par cette douce et belle matinée, la jeune Lorene Hadler observait avec agacement sa chevelure dans le miroir. Il lui était impossible de trouver la coiffure idéale en ce jour si spécial et cela la frustrait profondément. Il était plus que nécessaire de faire bonne impression auprès des autres, mais également chez les curieux qui seraient probablement non loin des grilles du lycée Voltaire. Au vu du positionnement de son père vis-à-vis de ce projet, chaque faits et gestes de sa part auraient des conséquences sur la carrière politique de Lawrence Hadler. L'homme était impitoyable lorsque il était question de débattre mais surtout de vaincre un adversaire. Pourtant une certaine tendresse émanait de lui dès que sa chère petite - la cadette - était dans sa ligne de mire. Il était de ses parents sévères mais justes, réservés face à leurs propres enfants. Ce fut avec un naturel déconcertant qu'il annonça que Lorene quitterait le manoir en ville pour rejoindre la résidence secondaire de son oncle, dans l'exact endroit où le premier lycée mixte de France évoluerait. Il avait confiance en elle. 

     L'adolescente regardait son reflet en fronçant les sourcils puis céda. La femme qui s'occupait d'habiller, de parfumer et de sublimer sa jeune maitresse entendit de l'étage au dessus les soupirs incessants, les bruits de brosse et d'épingles jetées sur la coiffeuse. Elle se décida à monter, l'heure approchait et mademoiselle Hadler n'avait toujours pas rejoint la salle à manger où l'attendait sa famille et un copieux petit-déjeuner. Jane savait quand il fallait intervenir et savait également interpréter les signes d'abandon de Lorene quand une tâche la peinait. Aujourd'hui il était question de renvoyer une image de lycéenne bien élevée, discrète et délicate. De faire ressortir les aspects les plus agréables de sa personne pour se mettre un maximum d'élèves et d'enseignants en poche. Cette légère manipulation, faussement innocente, lui servirait à l'avenir - car il était toujours utile d'être dans les bonnes cases, et celle de la jeune fille décoiffée et mal habillée ne devait surtout pas être la sienne d'ici la fin de la journée. Elle en mourrait d'effroi.

     Lorsque Jane eut trouvée la coiffure parfaite, elle et sa maitresse purent rejoindre Jonathan Hadler et Katherina Dumas - de son nom de jeune fille, seconde épouse de l'homme qui accueillait chaleureusement sa nièce depuis le mois d'Aout. Le couple était ravi d'avoir Lorene sous leur garde, son attitude et sa douceur de caractère la rendait facile à vivre malgré son âge. Là où beaucoup de parents rencontraient des difficultés dès le collège, personne n'avait de reproche à lui faire. Elle avait conscience du poids que ses épaules endossaient depuis sa naissance, de ce que l'on attendait d'elle. Alors Lorene tenait le rang. Par devoir plus qu'autre chose. Guidée par un destin sur lequel elle n'avait aucun contrôle direct.

     Une fois la demeure loin derrière elle, les croissants dans l'estomac et le chocolat chaud savouré, Lorene commença à sentir une angoisse remonter le long de sa gorge. Le collège privé de la ville paraissait bien éloigné de ce qui l'attendait. Ses camarades seraient bien moins guindés, sérieux et tout de même...côtoyer des garçons... L'esprit embrumé, marchant sur les pavés irréguliers du trottoir, Lorene avança automatiquement vers le lycée. Elle s'était entrainée à faire le chemin aller-retour seule et avait refusé toute invitation de son chauffeur à la ramener chez Oncle Jon en Peugeot 404. La voiture dont il était si fier, la première à moteur à injection. Pour se fondre davantage dans la masse des élèves du lycée Voltaire, Lorene avait sciemment choisi de marcher, elle ne voulait pas que son rang l'empêche de se rapprocher des autres. Voir une des leurs arriver en voiture, déposée par un employé ? Cela pourrait créer un fossé alors qu'ils venaient de l'apercevoir. Après quelques minutes, les grandes grilles en fer forgé du lycée se dressèrent devant la jeune Hadler, subitement pétrifiée. Ses futurs camarades entraient au goutte à goutte, la cour n'était alors peuplée que de jeunes hommes attentifs aux arrivées des demoiselles qui partageraient leur quotidien - auparavant bien moins intéressant. De nombreux regards se poseraient sur son entièreté sous le soleil de Septembre, alors que l'astre lui réchaufferait le dos. Lorene souffla et ferma les yeux. Elle ne serait pas seule, des filles étaient sûrement dans un état similaire au sien actuellement. Il fallait qu'elle en trouve une, une fille. Pénétrer dans l'enceinte du lycée serait plus tentant une fois accompagnée. Elle ouvrit les yeux, il n'y avait qu'elle. Alors elle prit son courage à deux mains, mit sa carapace sociale, celle qu'elle utilisait lors des banquets et soirées qui parsemaient sa vie dès qu'elle eut saisi l'importance de rester neutre, de cacher ses véritables émotions derrière une politesse extrême. Peu importe ce qu'il se passait. Traverser la tempête de la rentrée serait en définitive un jeu d'enfant.

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Première fois que j'écris à nouveau depuis bien longtemps, je suis navrée à l'avance pour les fautes et les éventuelles répétitions.

Le rythme de cette histoire risque de varier - ici je prends le temps de vous introduire à mon OC, de la faire grandir doucement dans le monde de la série.

N'hésitez pas à me faire part de vos impressions sur ce prologue.

Bien à vous - Camille

The devil's heart - Joseph Descamps Mixte 1963Où les histoires vivent. Découvrez maintenant