Lycée Voltaire - 1963
Lorene découvrit les joies du lycée public, le bruit de fond incessant et surtout les éléments perturbateurs que chaque classe comptait. Au collège privé pour jeunes filles dont elle venait, la discipline était presque militaire, l'uniforme ne pouvait être raccourci ou personnalisé. Les comportements déshonorants bannis. Les punitions du collège étaient terribles, à l'instar de ce que réserverait madame Giraud si elle en avait le droit aux têtes brûlées qui composaient sa classe. Lorene avait eu vent des filles qui devaient se tenir au coin, un livre posé sur leurs mains tendues pendant une heure entière, si ce n'était plus. Des coups de règles derrière la tête ou sur les petits doigts qui écrivaient des insultes, dessinaient ou tâchaient les cahiers et blouses. Volontairement ou non. Pour finir, des lignes à recopier, des dissertations à faire qui étaient déchirées devant la punie une fois le travail effectué. Ou des tours de cour dans des souliers vernis, sans chaussettes ou collants - ce qui occasionnait des saignements et cloques douloureuses à supporter le reste de la journée. Hadler se tenait à carreaux, le dos droit. Elle savait que les enseignants appréciaient une tenue correcte. Cela ne manqua pas avec madame Giraud qui la regardait avec moins de dédain que les autres jeunes filles présentes - qui se mirent à l'imiter.
Vint le cours de latin qui ne permis toujours pas de relâcher la pression tant monsieur Douillard était exigeant - et machiste. Son ton condescendant, son attitude entière trahissait un profond mépris pour les demoiselles présentes. L'avis qu'il possédait sur la mixité au lycée n'en était que plus évident.
Lorene gardait une mine chaleureuse, douce qui ne trompait pas sa voisine. Annick Sabiani n'était guère enchantée de partager sa table avec une publicité pour dentifrice ambulante. Celle-ci avait tenté de faire la conversation entre les cours. La brillante blonde répondait le plus simplement possible sans retourner l'interrogation vers sa camarade, totalement dépassée par la non réception d'Annick. Elle pensait devenir amie avec sa voisine or la tâche paraissait plus difficile que prévu. Le comportement des garçons autour d'elles était passable, ils n'étaient pas aussi polis que dans son imagination. Leurs regards étaient soit parfaitement questionnables moralement, soit froids et désagréables. Lorene était partagée entre son envie de faire bonne impression, de faire de ce jour le meilleur possible et une profonde gêne qui infiltrait son corps entier. Elle ne se sentait pas à sa place. Ce fut pire encore lorsque une note fut interceptée. Michèle et un grand type élancé, Laubrac furent renvoyés de cours. Hadler ne savait pas ce qu'il s'était passé, elle n'osait jeter un oeil en arrière. Au risque que monsieur Douillard ne lui tombe dessus comme la misère sur le monde.La pause déjeuner arriva enfin, Lorene quitta la salle dans les derniers, tentant d'écouter les conversations - de comprendre les centres d'intérêts des autres, de deviner avec qui il serait bien vu de "copiner" ou non. La liste mentale qu'elle se faisait depuis le début de la journée était relativement courte - du moins, le côté des gens qu'elle tolèrerait. A l'inverse, un groupe de sa classe commençait à jouer avec son masque faussement parfait. Ils l'irritaient et au restaurant scolaire, cela ne s'améliora pas. Leur table était à quelques pas de celle que Michèle, Simone et les autres filles occupaient. Hadler tenait son repas, s'approchant pour s'installer avec elles. Pichon marchait devant. La scène qui se déroula sous ses yeux lui fit perdre son calme. Alors que l'un des idiots - ceux en tête des êtres les plus détestables de ce lycée - poussa le jeune Henri, son sang ne fit qu'un tour pendant que le garçon déboussolé s'excusait auprès d'Annick en bégayant. Lorene saisit le plateau du binoclard, fringant crétin au palmarès de bêtise et d'immaturité pure et le jeta au bout de la salle. Le bruit de l'impact sur le sol fit se taire l'ensemble des étudiants.
"Va manger au niveau des animaux, puisque tu es incapable de te comporter comme un humain intelligent."
Cette phrase cinglante, qu'elle lui asséna les yeux dans les yeux, nourrit en son adversaire une colère incandescente. Monsieur Bellanger cria derrière elle tandis que Joseph Descamps se mit debout et la toisa de sa hauteur. Un sourire narquois aux lèvres. Le surveillant général demanda des explications, rougit par les événements et particulièrement choqué des agissements d'une fille si bien élevée. Qu'on lui avait vendu comme un ange. Hadler saisit son déjeuner, posé non loin avant le petit débordement dont elle avait fait preuve. Elle lissa sa robe d'une main et s'éclaircit la voix, répondant qu'elle avait fait justice à un ami. Descamps, droit comme un i resta silencieux. Une fois la tempête Bellanger passée, il alla chercher un nouveau repas à la hâte, heureux que le surgé ait ordonné à cette furie de nettoyer son précédent plat de purée dès qu'elle se serait sustentée.
Une fois assise, Simone et Michèle partagèrent leurs avis. L'une la trouvait courageuse, l'autre quelque peu inconsciente. Elle aurait pu écoper d'heures de colle.
"Entre ses dessins médiocres, son sourire stupide et ses phrases immondes - je suis prête à passer chaque samedi ici s'il peut adopter une once de décence et de respect. Nous étudions avec eux, qu'ils soient de cet avis ou non. Les négociations sont terminées depuis longtemps et il ne me semble pas que l'on ait fait appel à nos voisins lorsqu'elles avaient lieu." dit-elle assez fort pour qu'ils entendent, surtout Descamps qui revenait à sa table. Son rictus changé en une moue de dégoût..........................................................
Lorene Hadler est une manipulatrice aux réflexes élitistes, cependant je croise les doigts pour qu'à l'avenir vous appreniez à l'apprécier !
En commentaire n'hésitez pas à me dire à quelle fréquence vous souhaitez que je publie. Étant donné que je prends de l'avance sur mes chapitres, je ne serais techniquement jamais à court !
Je pensais publier le mardi soir, le vendredi soir et le dimanche soir, qu'en pensez-vous ?
Bien à vous, Camille
![](https://img.wattpad.com/cover/359532865-288-k191714.jpg)
VOUS LISEZ
The devil's heart - Joseph Descamps Mixte 1963
Lãng mạn1963 - Le premier lycée ouvre ses portes aux jeunes femmes, faisant preuve de modernité dans un monde en éternelle évolution. 12 demoiselles se sont armées de détermination afin d'obtenir leur diplôme et ainsi briser les codes d'une société qui les...