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   Mon abruti d'ex plan cul m'a posé un lapin. Il m'avait filé une entrée pour une soirée privée luxueuse. Il devait venir avec moi, mais cet imbécile a trouvé le moyen d'oublier qu'il était censé être au mariage de son frère à cette même date. Résultat, il m'a plantée. Je suis malgré tout allée à la soirée. Une opportunité comme celle-ci ne se présente pas deux fois dans une vie. La réception a lieu dans le parc adjacent d'une sublime demeure. Le champagne coule à flot. Je ne connais personne, personne ne me connaît. C'est un réel plaisir : personne ne sait que j'ai une fâcheuse tendance à m'envoyer tout ce qui bouge. Bref.
   02:45. Je commence à être bien ivre. J'ai envie de danser. Je me laisse tenter, entraînée par la musique. Quelques vautours cinquantenaires ne peuvent s'empêcher de me tourner autour. Je me respecte encore un peu : pas question de faire quoi que ce soit avec eux. Les hommes de plus de vingt-cinq ans, très peu pour moi. En revanche, les femmes... Et elle, toute de noir vêtue, assise sur le sofa, m'attire beaucoup. Blonde, une quarantaine d'année, menue, muscles saillants... Sublime... Il faut que j'arrête de la mater, elle va s'en rendre compte... Comme défaite, elle met un terme à la conversation qu'elle avait jusqu'alors avec un homme qui, soit dit en passant, semblait l'ennuyer profondément et me lance un regard interrogateur. Je rassemble mon courage et m'approche. Le visage fermé, elle me regarde arriver jusqu'à elle.
   La distinguant mieux, je me rends compte qu'elle est réellement magnifique. Ses traits durs et ses yeux sombres me donnent envie d'elle. J'avale cul sec le fond de champagne qu'il restait dans ma coupe avant de prendre place à côté d'elle. La musique est forte, alors je me penche sensuellement vers elle, approchant mon visage du sien pour qu'elle puisse m'entendre.

MOI. – Je vous trouve vraiment très belle...

   Surprise, elle esquisse un sourire embarrassé. Elle semble hésiter.

FEMME, froide. – Comment vous vous appelez ?
MOI. – Léa.

   Mon vrai prénom est Eléanor, mais à quoi bon le donner, puisque je ne reverrai jamais cette femme ?
   Elle se penche vers moi et colle sa jambe à la mienne tout en glissant une main sur ma cuisse.

FEMME. – Eh bien, Léa... La réciproque est vraie.

   Ne m'attendant pas à ce revirement de situation, je me sens rougir, m'efforçant cependant de réprimer mon émotion face à cette soudaine alchimie.

MOI. –... Vous dansez avec moi ?
FEMME. – Volontiers.

   Je me relève rapidement et ne l'attends pas pour rejoindre la piste de danse. Elle me rattrape en quelques secondes.
   L'alcool aidant, nous sommes nombreux à avoir eu la même idée. Ça m'arrange : mon corps peut être proche de celui de cette femme sans que cela ne se remarque. Suivant le tempo de la musique, je me déhanche en balançant la tête en arrière. Ma poitrine presque contre celle de ma partenaire, je me colle à elle pour pouvoir lui parler. Elle passe une main hésitante dans mon dos.

MOI. – C'est quoi, ton nom ?
FEMME. – Charlène.

   Je m'écarte d'elle pour pouvoir la regarder dans les yeux.

MOI. – Je suis ravie de faire ta connaissance, Charlène.

   Elle me lance une sourire pétillant tout en se laissant aller au rythme de la musique. Nos corps se frôlent souvent, comme si nous étions irrémédiablement attirées l'une par l'autre. Cette surprenante attraction mutuelle ne tarde pas à faire monter la tension. Je me décide enfin à poser une main sur la hanche de Charlène, laquelle me répond par un regard enjôleur. Je la caresse doucement. Elle m'imite, posant ses mains sur moi. Une à ma taille, l'autre sur le haut de mon buste. Nous nous serrons de plus en plus. Je commence à être vraiment excitée, et je pense qu'elle en a conscience. Elle l'est aussi : elle mord sa lèvre inférieure à chaque fois que nos regards se croisent. Elle retire ses mains pour passer ses deux bras de chaque côté de ma nuque. Elle perd ses doigts dans mes cheveux. Ainsi collée à elle, je prends connaissance de son odeur fraîche, de son parfum envoûtant, de la texture de sa peau sur laquelle j'ai toujours plus envie de déposer mes lèvres. Je passe un bras dans son dos, la pressant doucement contre mon corps chaud tout en descendant une main sur ses fesses, hésitant. Elle accentue le contact, en guise de consentement. Nos corps excités ondulent au son d'un medley. Je ne peux plus tenir, c'est de la torture : je veux lui faire du bien. Je pose doucement mon menton sur son épaule.

I Never Thought - Coup d'un soir pour la vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant