I Never Thought - Coup d'un soir pour la vie

17

MOI. – Charlène, j'ai l'impression d'avoir quelqu'un de complètement traumatisé en face de moi... Quelqu'un qui préfère ne plus rien dire parce qu'on ne l'a pas cru par le passé... Dis-moi si je me trompe, mais j'ai l'impression que...
CHARLÈNE. – Tu ne te trompes pas.

   Son regard me trouble. Je me sens perdue et je ne sais pas... je ne sais plus, à quoi me raccrocher.

CHARLÈNE. – Léa, je... je n'ai pas envie d'en parler...
MOI. – Mais tu m'en parleras, un jour ?
CHARLÈNE, restant évasive. – Peut-être...

   Peu sûre de moi, je fais tout de même un pas vers elle et lui tends mes mains. Elle les attrape doucement. Je l'attire près de moi en la regardant dans les yeux et me blottis dans ses bras. Au premier abord, elle semble surprise, mais elle accepte ensuite de me serrer contre elle tout en déposant un baiser dans mes cheveux. L'étreinte dure plusieurs secondes. Nous en avons probablement autant besoin l'une que l'autre.

MOI, me séparant d'elle. – Bon, allez. Je vais faire à manger... Installe-toi où tu veux : si tu veux te reposer un peu, tu peux te mettre dans mon lit, et je te réveille quand c'est prêt...
CHARLÈNE. – Ok, on fait ça.

   Elle me laisse dans la cuisine et je me mets aux fourneaux. M'affairant devant casserole et poêle, je fais de mon mieux pour ne pas rater mon plat. Je suis tendue...  Après une petite vingtaine de minutes, tout est prêt. Je dresse mes assiettes et rejoins ma compagne. Elle s'est assoupie.

MOI. – Charlène, ma belle ?...

   Elle ne réagit pas tout de suite. Je m'assois à côté d'elle et pose une main sur son bras.

MOI. – Charlène ?...

   Elle quitte sa torpeur et se redresse.

MOI. – C'est prêt, viens.

   Je la prends par la main et la conduis ainsi jusqu'à la cuisine. Elle prend place et je dépose une assiette devant elle. Nous n'attendons pas longtemps avant de goûter notre plat.

CHARLÈNE. – Léa, c'est délicieux...
MOI. – Je t'avoue que je ne suis pas peu fière du résultat !
CHARLÈNE. – Il y a de quoi !

   Silencieuses, nous prenons le temps de savourer nos pâtes. Après plusieurs minutes, son assiette presque vide, Charlène rompt le silence.

CHARLÈNE. – Merci de t'occuper de moi comme ça...
MOI. – C'est normal : tu as eu une dure journée, alors si je peux t'aider à décompresser un peu...
CHARLÈNE. – Ça m'aide beaucoup, crois-moi.

   Après avoir fini notre repas, nous nous installons dans mon lit, sous la couette : mon petit budget d'étudiante ne me permet pas de chauffer mon appartement outre mesure...

MOI. – Ça va ? Tu n'as pas froid ?
CHARLÈNE. – Non, ça va.
MOI. – Si jamais, il y a un plaid pas loin.
CHARLÈNE. – Ok.
MOI. – Tu veux dormir tout de suite ?
CHARLÈNE. – Non... J'étais fatiguée tout à l'heure, mais là ça va mieux. Je crois que j'avais besoin de manger...
MOI. – Oui, ça doit être ça... Est-ce que tu veux que je mette un peu de musique ?

   Elle acquiesce. Je me relève pour allumer mon enceinte, la connecter à mon téléphone et mettre une musique douce. Je baisse la lumière et lance un regard à Charlène. Les larmes me montent aux yeux. Elle s'en aperçoit.

CHARLÈNE, tendant le bras dans ma direction. – Viens.

   Elle réussit à attraper mon poignet et m'attire dans le lit.

CHARLÈNE. – Je vais bien, Léa...

   Au regard que je lui lance, elle comprend de suite.

CHARLÈNE. – Enfin, non, je ne vais pas bien, je sais... Mais... Je suis bien.
MOI. – Pour de vrai ?
CHARLÈNE. – Oui, pour de vrai.