12

519 21 10
                                    

  20:00. Le séminaire sur Yéghiché Tcharents vient de toucher à sa fin. Forte de nouvelles connaissances bien que déjà familière de l'auteur par ailleurs, je suis pleinement satisfaite de mon début de soirée. Alors que Beth et moi nous apprêtons à quitter l'amphi, je me ravise et biffurque pour aller voir Charlène.

BETH. – Tu fais quoi ?
MOI. – Je vais lui dire au revoir, quand même... Tu peux m'accompagner, si tu veux.

   Comme on rentre ensemble pour une petite soirée pizza, autant qu'elle vienne avec moi. Et puis ma curiosité me pousse à vouloir voir comment elles se comportent l'une en face de l'autre...
   Je rejoins ma compagne pendant que le lieu se vide. Tirée à quatre épingles dans un tailleur pantalon assorti à un chemisier bariolé clair, elle est sublime.

MOI, me méfiant. – Madame ?

   Elle jette un œil alentour avant de me regarder dans les yeux, non sans s'empourprer un peu en croisant le regard de Beth au passage. Elle pose une discrète main sur mon bras et me pousse dans un coin de l'amphi pour m'éloigner de ses collègues et des quelques étudiants qui ne sont pas encore partis.

CHARLÈNE, chuchotant. – Léa, dis-moi.
MOI, idem. – Eh bah nous, on va y aller, alors je voulais te dire au revoir...
CHARLÈNE. – Oh, c'est gentil. Ça vous a plu ?
BETH. – Oui, c'était super intéressant ! Merci d'avoir organisé ça.
MOI. – C'était top ! Merci.
CHARLÈNE. – Je vous en prie.
BETH. – Léa, on s'est pas redit, mais ça tient toujours, pour ce soir ?
MOI. – Oui, oui, bien sûr.

   Lisant l'incompréhension dans le regard de Charlène, je lui fournis l'explication, toujours à voix basse.

MOI. – On avait prévu une soirée pizza devant notre série.
CHARLÈNE, semblant presque déçue. – Je vois...

   Sans même me concerter, Beth s'empresse de faire une proposition.

BETH. – Tu veux venir, Charlène ?

   Wow. J'adore cette nana. Elle prend la confiance de manière tellement dingue, mais en même temps tellement naturellement. Bien sûr, Charlène et moi ne pouvons contrôler notre visage alors que nous écarquillons les yeux.

BETH. – Bah quoi ? Avec ce qui se passe, je pense qu'on peut se permettre de se parler comme des amies, non ?

   Je redoute la réaction de mon amante...

CHARLÈNE. – Ahem, je... Enfin... Oui... Oui, si tu veux.
BETH. – Voilà. Donc ça, c'est fait, comme ça, plus de malaise. Maintenant, je repose ma question : tu veux venir ?
CHARLÈNE. – N... non, c'est gentil... Je ne veux pas m'incruster.
BETH. – Tu ne t'incrustes pas : je t'invite, c'est pas pareil !
MOI. – S'il te plaît, viens...
BETH. – Ce serait cool que tu viennes : on pourrait passer une super soirée !

   Je la vois hésiter. Je la sais gênée...

MOI. – Ça me ferait vraiment plaisir que tu te joignes à nous.

   Elle va céder. Elle est sur le point d'accepter.

BETH. – Et moi, ça me ferait plaisir de pouvoir te connaître un peu plus...
CHARLÈNE. – Bon, ok... C'est d'accord. Je viens...
MOI. – Trop bien ! Merci !

   Elle esquisse un sourire timide avant de nous raccompagner vers la sortie.

CHARLÈNE. – Vous me laissez le temps de passer chez moi pour me changer : je vous rejoindrai. Léa, tu m'enverras l'adresse par SMS ?
LÉA. – Ouais, ça marche, on fait ça. Allez, à tout' !
CHARLÈNE. – A tout'.

   Mon amie et moi quittons le campus, j'envoie l'adresse, puis nous passons récupérer nos pizzas et nous posons enfin chez Beth. Une quinzaine de minutes plus tard, Charlène sonne à la porte. Je vais lui ouvrir tandis que Beth allume la télévision. Je la découvre dans un t-shirt noir rentré dans joli jean wide leg. Le street-wear lui va bien.

I Never Thought - Coup d'un soir pour la vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant