CHARLÈNE, fragile. – J'ai de gros problèmes Léa, notamment en matière d'attachement. Avec moi, c'est toujours trop, trop vite, trop fort... J'ai des problèmes...
MOI. – J'en suis consciente. J'en ai aussi, figure-toi. Certainement pas pour les mêmes raisons, quoique, mais enfin c'est quelque chose que je connais.Je prends le temps d'avaler quelques centilitres de mon Paradise avant de poursuivre. Charlène en fait tout autant.
Je me dois de me montrer transparente envers elle, autant qu'elle a déjà pu l'être envers moi.MOI. – Je ne vais pas te raconter mes traumas, mais... Je ressens des choses pour toi, tu sais... Des choses que je n'ai pas ressenties depuis longtemps, et qui me font peur. Je ne suis pas toujours tombée sur des gens bien... A vrai dire, je suis même rarement tombée sur des gens bien. A la longue, j'étais devenue... un objet. C'est pour ça que dès la fin du Lycée, j'ai décidé de... de ne plus m'attacher, et de donner exclusivement dans des aventures sans lendemain, ou dans du sexe sans sentiment... Jusqu'à ce soir-là, avec toi.
Je marque une pause, voulant prendre le temps de la regarder. Elle m'écoute, elle est attentive à ce que je dis, et cela me touche.
MOI. – Avec toi, je ne sais pas... C'était différent. C'était... sincère et doux. L'attirance était saine... Enfin, on s'est sautées dessus, mais...
CHARLÈNE, souriant. – C'est le moins qu'on puisse dire.
MOI. – Voilà... Enfin bref, ce que je veux dire, c'est que moi aussi, je suis effrayée par ce que je ressens, moi non plus, je n'arrive pas à poser des mots sur ça... Mais, sincèrement, Charlène, pour une fois, j'ai envie de voir où ça peut mener.Je lui lance un sourire hésitant, redoutant ce qu'elle s'apprête à me dire.
CHARLÈNE. – J'en ai envie aussi, Léa... Seulement, je suis en boucle, je sais, mais je suis ton enseignante... Et puis, on a dix-neuf ans d'écart, je pourrais être ta mère...
MOI. – Non, par contre, ça : non. C'est n'importe quoi. Plus personne fait des enfants à dix-neuf ans... Tu ne pourrais pas être ma mère.
CHARLÈNE. – Il n'empêche... Ça ne résout pas nos autres problèmes : la Fac et le fait qu'à titre personnel, je ne me sens pas légitime de ressentir des choses pareilles pour toi.
MOI. – Pour la Fac, la solution est toute trouvée : il faut seulement qu'on se fasse discrètes, comme on l'a très bien fait jusqu'à maintenant. Et en ce qui te concerne, rappelle-toi juste une chose : l'amour n'a pas besoin d'être légitimé... Toi et moi, on est attirées l'une par l'autre et j'ai envie de dire très bien : si on se laissait une chance ?J'attrape ses mains en voyant son regard s'embuer. Elle s'accorde le temps de la réflexion jusqu'à ce qu'un sanglot lui soulève brièvement la poitrine.
CHARLÈNE, serrant mes doigts. –... D'accord. D'accord, on se laisse une chance...
MOI. – Attends. C'est juste pour être sûre...
CHARLÈNE, inquiète. – Dis-moi.
MOI. – On est bien d'accord, tu es seule ? Pas de mari, pas de femme, pas d'enfant ? Je ne suis pas sur le point de détruire une famille ?
CHARLÈNE, riant nerveusement. – Ni mari, ni femme, ni enfant. Je suis seule.Je lui souris alors puis me penche pour approcher mon visage du sien et l'embrasser.
MOI. – Je peux ?
Pour toute réponse, elle prend l'initiative et unit ses lèvres tremblotantes aux miennes en passant une main sur ma joue. Je lui rends le baiser et glisse doucement ma langue dans sa bouche avant de me séparer d'elle. Semblant soulagée, elle essuie maladroitement ses larmes et m'observe d'un air néanmoins préoccupé.
CHARLÈNE. – Tu vois ce que tu me fais ?...
MOI, la regardant avec tendresse. – Oh oui, je vois...Puisqu'il faut le dire... Je suis amoureuse d'elle. C'est bon. C'est fait. Je suis amoureuse de cette femme.
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I Never Thought - Coup d'un soir pour la vie
RomanceElles ont décidé de ne pas s'attacher... Mais si ce soir-là était celui qui allait changer leurs vies ? Et si elles se laissaient une chance ? Romance lesbienne à dix-neuf ans d'écart. #1 "Plaisir" du 11/10/2024 au 17/10/2024 #1 "Queer" du 25/07/202...