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   Elle ne me répond pas tout de suite. Je n'arrive pas à déterminer si elle réfléchit à ma question ou si elle est choquée de celle-ci.

MOI. –... Charlène ?
CHARLÈNE. – Pardon. Je... Ahem... C'est que...

   Peinant à s'exprimer, elle marque une brève pause.

CHARLÈNE. – Léa, tu es tellement différente de... de ce que j'ai pu connaître avant... En fait, je suis... déroutée. Mais je vais te répondre. Laisse-moi juste le temps de réfléchir un peu...
MOI. – Prends ton temps... Tu n'es pas obligée d'être précise.

   Quelques secondes s'écoulent. Contrairement à ce à quoi j'aurais pu m'attendre, le moment n'est pas gênant. L'atmosphère est toujours agréable.

CHARLÈNE. – J'aime le contact physique... J'aime qu'on exerce une pression sur mon corps, qu'on me serre, fort... Ce que tu as d'ailleurs très bien fait, l'autre soir.
MOI. – J'ai senti que c'était ce que tu voulais... Quoi d'autre ?
CHARLÈNE. – Ahem... J'aime qu'on me caresse, qu'on m'embrasse, qu'on me tienne par les cheveux, mais enfin ça, c'est assez basique...
MOI. – Et... dans le moins basique, ça donne quoi ?
CHARLÈNE. – Tu... tu veux vraiment savoir ça tout de suite ?
MOI. – Bien sûr. Tu sais, pour une vie sexuelle épanouie, je suis intimement convaincue que tout commence par la communication... Alors, oui, j'ai envie de savoir ce qui te plaît parce que je veux avoir les cartes en main pour te faire du bien, te donner du plaisir...
CHARLÈNE, n'hésitant plus. – J'aime qu'on me contraigne. D'où cette histoire de pression. J'aime beaucoup être attachée, aussi. Pas nécessairement en allant jusqu'au bondage à proprement parler, parce que je trouve que ça fait vite mal, mais par exemple, si on m'attache les mains aux barreaux du lit avec un foulard, j'aurai tendance à ressentir beaucoup plus de plaisir...
MOI. – Hmm-hmm, je comprends. Je n'ai jamais essayé en étant attachée, mais c'est quelque chose qui m'a toujours donné envie... Ça me hype bien. Et sinon... Ce que tu n'aimes pas ?
CHARLÈNE, du tac au tac. – Les cunnis.
MOI. – Ah oui ?
CHARLÈNE. – Enfin, je n'aime pas qu'on m'en fasse, mais en revanche, j'aime bien en faire, quand la personne en face y est réceptive.

   Je suis sciée par cette coïncidence.

MOI. – Charlène, c'est un truc de dingue.
CHARLÈNE. – Quoi ?
MOI. – J'aime recevoir des cunnis mais je déteste en faire.
CHARLÈNE. – Oh la vache. Arrête, tu déconnes ?
MOI. – Non, je te promets que non !
CHARLÈNE, m'adressant un clin d'œil. – On était donc faites pour se rencontrer...
MOI, le lui rendant. – J'en suis de plus en plus convaincue.

   Lâchant son levier de vitesse, elle touche brièvement mon avant-bras, en une petite caresse, avant de reposer sa main sur le volant.

CHARLÈNE. –... Il y a autre chose que je n'aime pas...

   Je sens son malaise à l'évocation de ce point.

MOI. – Dis-moi.
CHARLÈNE. – L'anal. Mauvaise expérience oblige... Je...

   Elle soupire.

MOI. – D'accord, pas de souci. Ne te sens pas obligée de m'en dire plus. Si ça peut te rassurer, je n'aime pas ça non plus...
CHARLÈNE. – Merci... Merci de ta compréhension.
MOI. – C'est normal, ma belle.

   Une petite dizaine de minutes de discussion plus légère plus tard, nous sommes arrivées. Charlène se gare, nous sortons de la voiture, entrons dans son immeuble et prenons l'ascenseur jusqu'au quatrième étage. Dès ses portes refermées, mon amante plonge ses yeux sombres dans les miens et s'approche de moi. Elle va m'embrasser, je le sais. Je la laisse maître du moment et attends qu'elle vienne à moi. Nos lèvres s'unissent finalement avec passion et envie. Nos langues se lient et se délient jusqu'à ce que les portes s'ouvrent. Nous nous séparons. Charlène insère la clef dans la serrure et déverrouille sa porte. Une fois celle-ci ouverte, elle m'attrape par le poignet pour me faire entrer tout en allumant les lumières. Je découvre alors un magnifique appartement haussmannien. Je ne parviens pas à réprimer mon admiration.

I Never Thought - Coup d'un soir pour la vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant