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MOI. – Putain, c'était sportif...
CHARLÈNE. – J'aime tellement te voir jouir comme ça... Il y a rien de plus excitant.
MOI. – Si un jour, je meurs, je veux que ça soit en faisant l'amour avec toi.

   Elle rigole et me serre dans ses bras tout en m'embrassant dans les cheveux. Je peine à me remettre, mais elle me laisse tout le temps de ce faire. Plusieurs minutes plus tard, je suis capable de me redresser un peu.

MOI. – Merde, ton plaid est trempé...
CHARLÈNE. – On s'en fout, c'est un plaid pour chien.

   Blanc.

MOI. – Attends, quoi ?
CHARLÈNE. – C'est un plaid pour chien : il est imperméable.

   Elle le saisit et m'en montre l'envers, effectivement parfaitement sec. Je ne peux m'empêcher d'exploser de rire.

MOI. – J'y crois pas ! Oh non mais je vais mourir, c'est hallucinant !

   Hilare, je m'effondre sur le lit alors que Charlène me rejoint dans le fou rire.

CHARLÈNE. – Quoi ? Mais Léa, réfléchis...

   Elle reprend sa respiration tandis que je rigole toujours.

CHARLÈNE. – Non mais c'est vrai, quoi... Primo, reconnais qu'on a souvent des rapports très... intenses. Et deuxio, toi comme moi, on a tendance à squirter et pas qu'un peu... Donc : plaid pour chien. Ça évite de tout tremper à chaque fois qu'on baise.
MOI, relevant la tête pour la regarder. – Et Dieu sait qu'on baise souvent !
CHARLÈNE. – Raison pour laquelle j'en ai pris trois !
MOI. – Oh putain !

   Je repars aussitôt dans mon fou rire, dans lequel mon amante replonge elle aussi, se laissant tomber à mes côtés. Nous rions à en avoir mal au ventre et à la mâchoire. Des larmes coulent sur nos tempes alors que nous échangeons un regard complice.

CHARLÈNE. – Tu te rends compte de la scène complètement surréaliste qu'on est en train de vivre ? On est en train de pleurer de rire comme des idiotes, toi à poil, moi en lingerie ultra sexy, à cause d'un plaid pour chien ! Un plaid pour chien, Léa !

   C'est une comédie. Une véritable comédie. Seigneur, qu'est-ce que je l'aime ! Remise de mes émotions, je me retourne et me place au-dessus d'elle.

MOI. – T'es géniale.

   Je me penche et l'embrasse à pleine bouche. Elle est très réceptive à ce baiser : elle s'empresse de glisser sa langue dans ma bouche et de passer une main sur mes côtes, l'autre dans mes cheveux.

CHARLÈNE. – Hmm... Léa ?...
MOI. – Oui ma belle ?
CHARLÈNE. – J'ai envie d'un câlin sous la douche...
MOI. – Juste un câlin ?
CHARLÈNE. – Oui...
MOI. – Ok. Viens !

   Je saisis sa main et l'entraîne dans la salle de bain. Elle allume la douche et nous restons à l'extérieur le temps que l'eau chauffe un peu. Je l'embrasse. Elle remonte une jambe contre ma hanche tout en s'arquant. Je dégraffe son délicat soutien-gorge et l'en débarrasse. Elle retire son string, le laisse tomber à terre et me pousse dans la douche. L'eau chaude sur nos corps apporte de nouvelles sensations très agréables. Aussi étonnant que ça puisse paraître, je n'ai jamais fait l'amour sous la douche. Mais je crois que j'aime beaucoup ça. Avec douceur, elle m'enlace et me caresse. Je lui rends l'étreinte, faisant aller et venir ma main dans son dos, ma tête appuyée contre la sienne. Nos corps blottis l'un contre l'autre, je me sens comme apaisée. Je fais doucement glisser mes doigts sur ses épaules, puis ses bras. Je suis contente de sentir qu'elle a repris un peu de poids : ça ne se voit pas encore à l'œil nu, mais au toucher, ses os sont moins saillants. Ses muscles me font toujours autant craquer : elle a de ces triceps ! Et alors ses jambes, n'en parlons pas...

CHARLÈNE. – Tu veux bien me savonner ?
MOI, mordillant ma lèvre. – J'en rêve...

   Sensuellement, je suis les courbes de son corps tout en faisant doucement mousser le savon. Je pars de l'arrière de sa nuque et descends, parcourant lentement son dos, puis sa poitrine, son ventre, ses hanches, ses fesses, ses cuisses... Je m'accroupis tout en caressant ses mollets et relève la tête alors qu'elle passe la main dans mes cheveux.

MOI. – T'es tellement belle, Charlène...
CHARLÈNE, m'adressant un sourire tendre. – Et toi, on en parle ?

   Je lui souris.

MOI. – J'ai une vue, d'ici... Je sais pas ce qui m'arrive, d'habitude j'aime pas ça, mais là, ça me donne envie de goûter ton minou...
CHARLÈNE. – Non !

   Oh, j'ai pas aimé, ça... C'était de la peur. Je me relève aussitôt, mes mains glissant rapidement sur tout son corps pour finir leur chemin à sa taille.

MOI. – T'inquiète pas, je ne te ferai rien si tu ne veux pas.

   Elle évite mon regard mais se colle à moi et m'enlace en soupirant de soulagement. Elle m'embrasse ensuite doucement puis prend ma suite pour me savonner à mon tour. J'aime beaucoup ça. Ce fait, elle remonte et nous nous rinçons. L'eau chaude sur nos peaux nous plonge dans une torpeur assez étrange. Après encore quelques secondes, nous attrapons des serviettes et nous séchons.

MOI. – C'était trop bien ! C'était tout doux...
CHARLÈNE. – Oui, c'était super... T'avais jamais fait ça avant ?
MOI. – Non... Hum... Toi, ça va ? J'ai senti que t'as eu peur...
CHARLÈNE. – Oui, ça va, t'inquiète pas. Merci d'avoir respecté mes limites.
MOI. – Bah ? Charlène, c'est normal...

   Pour toute réponse, elle dépose un baiser sur ma joue et quitte la pièce. Lorsqu'elle revient, elle est en pyjama et me tend le mien.

MOI. – Merci.
CHARLÈNE, lavant son gode. – Devine quelle heure il est...
MOI. – Je sais pas... 01:30 ?
CHARLÈNE. – 03:15.
MOI. – Non, tu rigoles ?!
CHARLÈNE. – Absolument pas. On va être fraîches, demain...
MOI. – Bof, on commence tard, ça va...
CHARLÈNE. – Certes. Bon, allez, dodo, je suis épuisée...
MOI. – Et moi donc...

   Sans tarder plus que ça, nous nous mettons au lit. Je passe mon bras à la taille de Charlène, ma poitrine étroitement serrée contre ses omoplates.

MOI. – Mon amour... Je peux te poser une question ?...
CHARLÈNE. – Bien sûr...
MOI. – Quand est-ce que tu vas te faire retirer la tumeur ?

   Elle met plusieurs longues secondes avant de me répondre.

CHARLÈNE. – Je sais pas...
MOI. – Tu appelleras Klimt, demain ?
CHARLÈNE. –... Peut-être...
MOI. – J'aime pas beaucoup cette réponse...
CHARLÈNE, soupirant. – Je l'appellerai.
MOI, posant mes lèvres sur son épaule. – Merci...
CHARLÈNE. –... Tu sais, ça me fait peur...
MOI. – Pourquoi ?
CHARLÈNE. – J'ai peur qu'il m'annonce une mauvaise nouvelle. J'ai peur qu'il se soit trompé... J'ai peur que ça vire au cauchemar...
MOI. – Charlène, il a peut-être été un peu gauche avec toi, mais il est avant tout médecin... Il connaît son boulot. Et il est très bien réputé...
CHARLÈNE. – Qu'est-ce qui te dit ça ?
MOI. – Son 4,8 sur Google ?
CHARLÈNE. – Hmm...
MOI. – Non, Charlène, sérieusement, ne t'en fais pas. Ça ira, tout se passera bien. Une fois que ce sera fait, tu seras soulagée...

   Elle glisse doucement ses doigts entre les miens et les serre.

CHARLÈNE. –... Oui... T'as raison... Merci, mon chat...
MOI. – Je t'en prie... Bonne nuit...
CHARLÈNE. – Bonne nuit... Je t'aime.
MOI. – Moi aussi...

I Never Thought - Coup d'un soir pour la vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant