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   Vers 21:00, toujours lovée contre elle, je reviens doucement à moi. Charlène m'avait couverte du plaid et gardée dans ses bras. En émergeant, je prends conscience de la confiance que je lui accorde : je ne m'endors jamais dans les bras de mes partenaires après un rapport. Quand je dis qu'elle n'est pas comme les autres... Elle s'aperçoit que je ne somnole plus lorsque j'embrasse son épaule.

CHARLÈNE. – Je t'ai tuée, non ?
MOI. – Je vois pas de quoi tu parles...
CHARLÈNE, avant de m'embrasser. – Chacune son tour...

   Je souris contre ses lèvres douces.

CHARLÈNE. – Je suis touchée, Léa...
MOI. – De ?
CHARLÈNE. – De ta confiance. Déjà tout à l'heure, tu as lâché prise et tu m'as laissée t'emmener très loin... Et ensuite là : tu t'es endormie dans mes bras. Ça... ça veut dire que tu te sens en sécurité avec moi et c'est quelque chose qui me touche beaucoup...
MOI. – C'est vrai : je me sens en sécurité avec toi, plus qu'avec n'importe qui...

   Me sentant fragile, elle passe une main sur ma joue et dépose un timide baiser sur mon front.

CHARLÈNE. – J'ai faim. On va manger ?
MOI. – Ouaip. J'ai faim aussi. Par contre hum...
CHARLÈNE. – Dis-moi ?
MOI. – J'ai pas chaud...
CHARLÈNE. – Oh !... Attends, je vais te passer une robe de chambre.

   Je me décale pour la laisser se lever. D'un pas décidé, elle gagne sa chambre. Je me lève à mon tour et l'y rejoins. Elle se retourne, me sourit et me tends une robe de chambre en satin blanc cassé, en ayant elle-même enfilé une vert foncé.

MOI, respirant le tissu. – Merci... Elle sent ton odeur...
CHARLÈNE, étonnée que j'aie remarqué si vite. – C'est... c'est celle que j'ai mise ces derniers jours... Elle est plus chaude que la verte.

   J'effleure son dos en guise de remerciement puis nous rejoignons la cuisine. Charlène sort les sushis du frigo ainsi que des baguettes, du gingembre et de la sauce soja. Nous entamons notre repas dans un silence chaleureux. Après quelques minutes, entre deux makis, mon amante le rompt.

CHARLÈNE. – Est-ce que tu iras au séminaire sur Tcharents ?
MOI. – Oui. Je pense. Je crois qu'il y a beaucoup de monde de la promo qui y sera...
CHARLÈNE. – Ouais... J'ai peur qu'il y ait pas assez de places, au final...
MOI. – C'est Amphi F ?
CHARLÈNE. – Oui.
MOI. – Bah déjà qu'on est serrés quand il n'y a que nous, alors s'il y a du monde en plus, ça risque d'être vite compliqué... On va finir les uns sur les autres.
CHARLÈNE, me lançant un regard en coin. –... A titre personnel, ça ne me dérangerait pas que tu finisses sur moi...

   Choquée par ce que je viens d'entendre, je garde le silence quelques secondes puis, croisant son regard, j'explose de rire. Elle me suit dans un fou rire dont nous ne parvenons à nous remettre que plusieurs minutes plus tard.

MOI, les larmes aux yeux. – Mon Dieu, mais qu'est-ce que j'ai entendu ?
CHARLÈNE, dans le même état. – C'était le nervous breakdown de milieu de semaine : oublie.

   Je plonge des yeux amusés dans les siens.

CHARLÈNE, riant. – Qu'est-ce que tu veux ? J'ai pris l'habitude de me retrouver seule chez moi... Quand je craque, généralement, ça se voit pas.
MOI. – Ah parce qu'en plus, ça t'arrive souvent ?
CHARLÈNE, ironique. – Tous les soirs, pourquoi ?
MOI, lui lançant un regard complice avant de lever les yeux au ciel. – Oh merde... Je sors avec une folle...
CHARLÈNE. – T'as pas idée ! Enfin bref... Il faut que je demande un autre amphi, pour la semaine prochaine.
MOI. – Oui. Le D ?
CHARLÈNE. – Sûrement.

   Nous finissons tranquillement notre repas puis passons à la salle de bain avant de rejoindre sa chambre. Elle me fait monter dans son lit en posant ses mains à ma taille.
   Je m'agenouille et la regarde. Elle a une mine fatiguée, mais elle est belle. Un pan de sa robe de chambre a glissé de son épaule, laissant apparaître sa peau dorée. Nous nous faisons face. L'atmosphère change rapidement. Les sourires s'efface pour laisser place à des expressions tendues de désir, d'attirance physique. Elle pose les mains sur mes cuisses et les fait glisser jusqu'à mes hanches pendant que je passe les miennes dans ses cheveux. Sans plus attendre, nous nous sautons au cou et échangeons un long baiser langoureux. Je passe mes bras autour de ses épaules et elle les siens dans mon dos. Enlacées ainsi, nous prenons le temps de nous redécouvrir.
   Elle se dévêt partiellement alors que je suce doucement la peau de sa nuque. Je pose une main de l'autre côté, sur la griffure de tout à l'heure.

I Never Thought - Coup d'un soir pour la vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant