FBI infiltré

Chapitre 1 - Le plan

Cela fait déjà trois heures que je suis bloquée dans cette salle qui sent la sueur. Le lieutenant Smith explique à l'ensemble de l'équipe comment le plan va se dérouler. Pour la troisième fois.

– Alexia, il faut que tu sois prête à 5h demain matin, nous t'emmènerons à la prison Rockhills. Tu ne subiras pas les fouilles au corps normalement obligatoires pour les détenus, mais tu seras traitée comme telle par les matons pour ne pas éveiller les soupçons. Est-ce que c'est clair pour toi ?

Je laisse tomber ma tête en arrière avant de souffler une réponse.

– Smith, ça fait au moins trois fois que vous m'expliquez le plan, je le connais par cœur.

Je vois à son regard noir qu'il est agacé par ma réponse. Si la plupart des gens de l'équipe lui cirent les godasses, ce n'est absolument pas mon cas. Smith est un vieux croûton qui fait sa sieste aux toilettes tous les jours, sa moustache est souvent remplie de miettes de cookies, et pour couronner le tout, il a une haleine de putois.
Une main se lève au fond de la salle.

– Lieutenant, comment fait-on si William reconnaît Alexia ?

– Il ne me connaît pas, je réponds avant que l'haleine de Smith se disperse dans l'atmosphère. Je n'étais pas sur cette affaire quand il s'est fait coincer, aucun risque.

Et la petite réunion reprend son cours.
Cela fait déjà deux mois que nous préparons le coup. Si William a bien une particularité, c'est qu'il laisse une marque au fer rouge sur la peau de ses victimes, avec les initiales WD. Pas très malin de sa part de donner ses vraies initiales, et pourtant, nous avons eu beaucoup de mal à le trouver. Il a eu le temps d'assassiner 15 personnes et de séquestrer six autres dans un sous-sol d'une maison délabré avant qu'il nous laisse un indice : une seule petite goutte de son sang. Le tout en seulement deux semaines. On le surnommait le tueur fantôme, car à chacun de ses meurtres, il paraissait invisible sur les caméras de surveillance. C'était comme un montage vidéo beaucoup trop réaliste. Aucun témoin, aucune trace. Un expert dans l'art d'assassiner.
Il a été arrêté il y a un an de cela, mais depuis peu, les meurtres ont repris. Avec le même mode opératoire que William, la même marque au fer rouge et aucun indice. Et c'est à ce moment-là que j'interviens, pour lui soutirer des informations.

– Dîtes, lieutenant, il paraît que la bouffe est dégueu dans les prisons, j'aurais des vrais repas ? dis-je la bouche pleine de chips.

Smith ne me supporte pas, et c'est réciproque. Mais il sait qu'il a besoin de moi pour cette affaire, alors je prends un malin plaisir de me jouer de lui.

– Non, tu auras la même nourriture que tous les détenus. Ton but n'est pas d'avoir des plats étoilés, agent Johnson, dit-il en prenant appuis sur ma table. Si tu as d'autres questions, je t'en prie, demain il sera trop tard.

– Nan c'est bon, dis-je rapidement afin qu'il s'éloigne de mon visage, je manque d'air pur.

– Très bien ! Dans ce cas nous pouvons clore cette réunion, vous pouvez retourner à vos affaires ! conclut-il. Johnson, rentre te reposer dans ton lit confortable, car c'est ta dernière nuit luxueuse, me dit-il avec un sourire sadique.

Je lui fis un faux sourire pour toute réponse. Cet homme a le don de m'agacer de la pire des manières. Je repasse par mon bureau pour reprendre mes affaires lorsque je me fis interpeller par Nancy, une collègue de bureau, mais aussi une amie.

– C'est dingue Lexi, tu vas aller en prison ! dit-elle d'un ton paniqué.

– Que veux-tu, je suis une rebelle ! lui dis-je en rigolant.

– Moi je n'ai pas le droit d'assister aux réunions, je suis qu'un bébé agent, mais je t'avoue que je suis curieuse... Ça va se passer comment ?

Nancy a commencé à travailler ici il y a quatre mois, elle est encore considérée comme la petite nouvelle à qui on donne les affaires les plus nazes. Elle a un énorme potentiel, mais sa timidité lui fait souvent défaut.

– Je vais rentrer demain à Rockhills, je vais être considérée comme une détenue ordinaire, mis à part le fait que dieu merci, ils ne vont pas me faire la fouille au corps à poil ! Mais autrement, je serais comme tous les autres. Les seuls moments où je pourrais voir Davis, ce seront pendant les promenades et pour les repas, donc il va falloir que je la joue fine.

Nancy a le visage pâle, et pourtant son regard est électrique. Je sens sa peur mais aussi l'excitation d'une telle mission.

– C'est excitant ! s'écrit-elle. Mais aussi flippant. Promets-moi de faire attention à toi Lexi.

Je hoche la tête et salue l'équipe avant de rentrer chez moi.

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Arrivé chez moi, je profite de mes derniers moments de confort et me fais couler un bain. Le truc avec ce genre de mission, c'est qu'on sait quand on la commence, mais jamais quand elle va se terminer. Mon but est d'obtenir un maximum d'informations concernant Davis afin que les meurtres s'arrêtent. J'ai une pression immense sur les épaules, je pars de zéro avec lui. Mon chat, Mæstro entre dans la salle de bain et s'assied sur le rebord de la baignoire.

– Je vais revenir Mæstro, je te le promets, lui dis-je en lui glissant une caresse sur la tête.

Une fois mon bain terminé, je scrute mon appartement. Il est dans une ambiance chaleureuse, un peu petit, mais tellement confortable. C'est la première fois que je vais laisser mon appartement pour une mission, la première fois que je ne rentrerais pas chez moi avant un certain temps. J'ai beau m'être construit une carapace en béton, je m'écroule par terre en sanglot.
Ce sera définitivement la mission la plus difficile que j'aurais à faire.