Bonus - Point de vue de Davis

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Je déteste ce mec. Je la déteste elle aussi.

Lui, parce que c'est un putain de violeur, et qui sait ce qu'il aurait fait à Alexia ? Les simples mots qu'il a prononcés m'ont mis hors de moi. C'était comme si ses mots lui avaient déjà touché la peau, cette peau qui semble si douce et si fragile, cette peau qui, je le sais, cache tant de choses du passé.

Et, elle, je la déteste, parce qu'en un an de prison, c'est la seule qui me fasse sentir humain. Elle ne me dévisage pas comme si j'étais un putain de monstre psychopathe, elle ne me connaît même pas ! Elle semble si innocente du monde qui l'entoure, comme si elle était un ange déchu perdu sur Terre. Je ressens ce besoin de la protéger, pourtant je la déteste.

Je la déteste parce que j'ai toujours été calme depuis que je suis ici, je n'étais jamais le responsable des bagarres. Mais depuis qu'elle est là, j'ai une haine immense qui ne cesse de monter en moi. Elle est arrivée hier, et j'ai déjà réussi à provoquer deux bagarres. Mais, les âmes meurtries savent se reconnaître entre elles. Et lorsque deux âmes torturées par la vie se rencontrent, c'est comme si rien d'autre n'avait jamais existé. C'est comme si on donnait sa vie toute entière pour protéger l'autre âme. Derrière son visage angélique et son sourire qui sonne presque vrai, je la vois, cette part sombre en elle. Et ça me rend d'autant plus dingue d'elle.

Pendant que je frappe ce type au visage, j'entends sa douce voix me supplier d'arrêter, mais plus elle me supplie, plus j'ai envie de le frapper. Lorsque les deux clowns de service qui nous servent de matons arrivent pour me séparer de ce mec, j'observe Alexia. Son visage est fin, pâle. Ses longs cheveux bruns forment un chignon complètement ébouriffé sur le dessus de sa tête. Ses yeux, dont le marron s'est lié au soleil, sont remplis de peur. Je lui fais peur, je la terrorise. Si seulement elle savait que son simple regard sur moi suffit à faire battre mon cœur. Mais cette fois-ci, il ne bat pas, son sourire a laissé place à une bouche grande ouverte avec sa petite main blessée pour masquer son effroi. Elle tremble. J'ai besoin de la rassurer. Mais je ne veux plus la voir, je ne veux plus lui parler, je ne veux plus entendre sa voix qui me redonne goût à la vie. Tout ce que je ressens à ses côtés, ce ne sont que des hallucinations. Des putains d'hallucinations créés de toutes pièces simplement parce qu'elle est gentille avec moi, elle n'est pas comme les autres. Je me sens torturé, ma tête me fait mal. Je ne dois pas l'approcher, elle ne doit pas m'approcher. Nous ne sommes pas faits pour être dans le même monde. Sa place est au milieu des anges, la mienne... Je n'ai pas encore trouvé ma place pour tout dire. Tout ce que je sais, c'est que si elle m'approche, je risque de l'emmener dans un monde bien trop sombre pour elle.

Je me retrouve à nouveau enfermé dans ma ridicule cellule. Je risque de prendre deux semaines de plus ici. C'est toujours deux semaines où je ne risquerais pas de la voir plus d'une heure par jour. Et, c'est mieux ainsi. Je suis nocif pour elle, bien qu'elle soit pure pour moi. Je me condamnerais éternellement s'il le fallait pour la laisser à l'écart de tout ça. Si seulement elle savait que ce qu'elle me fait ressentir me consume tout entier.

FBI infiltréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant