Chapitre 5 - Cellule de porcelaine

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Une fois le repas terminé, je me retrouve dans cette minuscule cellule, toujours avec Morgane qui semble plus pensive que d'ordinaire.

– Tout va bien Morgane ?

– Oui oui... Je peux te poser une question ?

De nature, je lui aurais répondu qu'elle vient de le faire à l'instant, mais je crois qu'il vaut mieux éviter cette fois-ci.

– Bien sûr, que se passe-t-il ?

– Je t'ai vu, à la cafét. Tu étais avec Davis. Écoute, ne va pas croire que je suis ton amie ou quoi que ce soit, mais si tu veux mon avis, tu ferais mieux d'éviter de le côtoyer, tranche-t-elle.

J'aurais dû me douter que lors d'un rapprochement avec William ne passerait pas inaperçu et qu'il pourrait éveiller des soupçons ou la curiosité de certains. Cependant, je ne sais pas comment je pourrais m'y prendre autrement sans attirer l'attention. Je n'ai que deux opportunités pour le voir, ce qui n'est pas évident, surtout s'il reste aussi fermé. Lors de la promenade, j'essaierais d'aller dans le bureau pour visualiser les lettres qu'il envoie et reçoit, je n'ai pas envie que tous les détenus de Rockhills me tombent dessus sous prétexte que j'ai discuté deux minutes avec Davis.
La question de Morgane est une porte ouverte à ma curiosité, cependant, je suis tentée de lui demander ce qu'elle sait à propos de lui.

- Ah bon ? Je ne sais pas, je l'ai vu seul, et comme j'étais seule également, je me suis dit que deux personnes seules, ce n'était pas si mal. Tu le connais ?

Morgane me regarde avec des yeux interrogateurs, comme si j'étais le dindon de la farce qui n'avait pas regardé les infos dans le journal ou à la télévision depuis le siècle dernier.

– Non, je ne le connais pas, et heureusement ! Mais il est connu, il paraît qu'il a commis des crimes horribles, personne n'ose l'approcher, murmure-t-elle comme si les murs avaient des oreilles. Ceux qui arrivent ici, enfin, les petits nouveaux comme toi, ont tendance à le provoquer, et ça finit toujours mal, ajoute-t-elle.

– Il ne m'avait pas l'air si abominable, du moins à ma première impression.

– Faits comme tu veux, je t'aurais prévenu... avertit Morgane.

– Merci beaucoup pour tes conseils, lui dis-je sincèrement.

Et nous nous retrouvons à nouveau dans ce silence pesant de notre petite cellule. Je ne m'étais pas encore penché sur les détails de celle que je partageais avec Morgane, qui semblait bien différente de la précédente avec les trois sorcières — pardon, Francesca —, jusqu'à ce qu'une envie pressante me prenne de plein fouet. En tournant la tête de gauche à droite, je m'aperçois qu'il n'y a aucune toilette dans la cellule.

– Je dois vraiment pisser, tu n'as pas de toilette ?

Morgane me regarde un long moment avant de pouffer de rire. Si elle continue à rigoler sans me donner la moindre réponse, je risque sincèrement de me faire dessus. En voyant mon visage en alerte, elle reprend son sérieux.

– Tu as des toilettes juste sur ta gauche dans le couloir de gauche. Facile, gauche et gauche.

– Mais on n'a pas le droit de sortir d'ici ! je hurle sans me rendre compte tellement mon envie devient urgente.

– Quoi ? Mais qui t'a dit cette connerie ? s'étonne-t-elle. Écoute, va pisser tranquillement, personne ne va t'engueuler.

Je ne me fais pas prier et sors de la cellule pour me rendre auxdites toilettes sur la gauche. Lorsque j'entre dans la pièce, je surprends plusieurs filles à discuter devant les miroirs. Elles s'arrêtent de discuter dès qu'elles m'aperçoivent. Je m'empresse de me frayer un chemin entre elles et entre dans une cabine de toilette. Enfin, la délivrance.

– Hé la nouvelle ! hurle une voix en cognant sur la porte.

– Aller, ouvre cette putain de porte ! gronde une autre.

– Je suis occupé là... chuchotais-je.

– Très bien madame la baronne ! On va t'attendre ici ! s'indigne une autre voix.

Super, j'ai échangé ma cellule pas confortable pour une cellule de cabine de toilette en porcelaine et Dieu sait que c'est froid contre ma peau. Ma vie ne pouvait pas être meilleure. J'entends les filles chuchoter derrière la porte, et je perçois très bien que la conversation est portée sur moi et ma rencontre avec Davis. Morgane avait raison, j'ai attiré les foudres. En seulement deux minutes de conversation avec William, et même pas une journée dans la prison. Le reste de mon séjour risque d'être prometteur...

FBI infiltréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant