FBI infiltré

Chapitre 2 - Entré à Rockhills

Mon réveil sonne à 3h30. Il est beaucoup trop tôt, et je ne suis pas prête à quitter mon lit. Me dire que je vais aller en prison, que je vais vivre comme une criminelle alors que je n'ai jamais commis une seule infraction. Ça me paraît tellement surréaliste. Je n'ai pas d'affaires à préparer, puisque ce n'est pas comme si j'allais en vacances. Le strict minimum me sera fourni là-bas, du moins, je l'espère. J'en profite donc pour prendre un dernier petit déjeuner de luxe, accompagné par Mæstro.

– Tu vas tellement me manquer, lui chuchotais-je. Nancy passera te voir tous les jours, tu ne seras pas seul.

Je n'ai pas forcément de liens très proches avec ma famille, ils ne sont pas au courant que dans quelques heures, je serais dans une prison. Ils n'ont jamais approuvé mon métier et ne veulent donc pas en entendre parler. Et d'un autre côté, je préfère que la situation soit ainsi, afin qu'ils ne soient pas exposés à de potentiels dangers. Je scroll quelques minutes sur les réseaux, et je réalise que ça aussi ça va me manquer. Je n'arrive pas à me faire à l'idée de ce qu'il va se passer dans quelques heures.
Une voiture se gare devant chez moi, le grand moment est arrivé. Je fais une dernière caresse à Mæstro et positionne mes clés sous le paillasson, afin que Nancy puisse rentrer. En arrivant dehors, je vis James au volant de la voiture, et le salue avant d'ouvrir la portière.

– Prête pour le grand voyage ? me dit-il en me souriant dans le rétroviseur.

Je peux voir à son sourire qu'il est gêné, — et moi donc —.

– Oui, je suis prête. Enfin, je crois.

Je lui adresse un sourire compatissant dans le rétroviseur, et il démarre la voiture instantanément. Nous avons deux heures de route avant d'arriver à la prison, autrement dit, une longue sieste s'offre à moi. Mais il m'est impossible de fermer les yeux. Je sens une boule grossir dans mon ventre. En temps normal, je n'appréhende jamais les missions qui me sont confiées. Je les maîtrise et je sais vers où je vais. Mais cette fois-ci, c'est différent. Je n'ai aucune idée d'où je vais, ce que je dois faire, comment agir. Je n'ai aucune information, aucun début de piste, un départ à zéro. J'ai une pression immense qui repose sur mes épaules, car si je ne parviens pas à avoir rapidement des informations, les meurtres vont continuer. J'ai l'impression que tout repose sur moi.

– Ça va bien se passer Alexia, me dit James. Tu es la plus qualifiée pour cette mission, Smith à une entière confiance en toi.

– Smith est un vieux grognon moustachu qui me déteste, lui dis-je en rigolant. Je pense surtout qu'il veut prouver que je suis incapable, c'est vrai quoi, c'est une mission de l'enfer. Je vais me retrouver face à un putain de criminel fantôme dont on ne connait rien.

– Tu sais, il est grognon mais dans le fond, il t'apprécie vraiment, sinon il ne ferait pas appel à toi. Et puis, ne pars pas tout de suite défaitiste, tu vas gérer ça, comme d'habitude. Tu sais reconnaître les émotions mieux que personne, d'un simple regard.

Je lui souris à nouveau dans le rétroviseur. J'ai toujours eu cette faculté pour savoir ce que ressentent les gens. Il paraît que les yeux sont le miroir de l'âme, mais j'ai peur de me retrouver face à une âme comme celle de William.

– Merci James, c'est sympa de ta part.

Le reste du trajet se poursuit dans le silence, et nous voilà enfin arrivés devant Rockhills. Vue d'extérieur, cette prison a l'air immense, bien qu'assez délabré.
James se retourne vers moi.

– Dit Alexia... Je suis désolé mais je vais devoir te mettre les menottes, pour que ce soit plus crédible au cas où de futurs prisonniers soient présents. Il faut que tu aies l'air comme eux.