Chapitre 9 - Dîner gastro-chaotique

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Alors qu'elles s'approchent de moi, je baisse la tête en espérant qu'elles ne m'aient pas vu, évidemment, ça ne sert à rien de me cacher comme une petite fille qui serait prise sur le fait d'avoir fait une connerie. Je me sens tellement pathétique de réagir comme ça. Mais qui sait pourquoi elles sont incarcérées et ce qu'elles pourraient me faire ?

– Alors Alexia, on oublie vite qui sont ses premières amies ? Les premières personnes à t'avoir accueilli à bras ouverts ? me lance Stacy.

– Surtout pour nous remplacer avec un putain de psychopathe du nom de Davis, poursuit Myriam avec un large sourire.

Je prends une large inspiration, j'ai le sang qui bouillonne dans tout mon corps.

– Qu'est-ce que tu t'imagines au juste ? Que tu vas réussir à le rendre meilleur ? Que vous deviendrez les meilleurs amis au monde ? déclare Stacy en faisant la moue.

– Toi et ta putain de fille, dégagez de devant mon nez, dis-je en serrant les dents.

– Oulala maman, elle a du caractère pour une pauvre petite garce sans défense.

Les deux se mettent à avoir un fou rire, et cette fois, ça en est trop pour moi.

– Putain, mais qu'est-ce que vous n'avez pas compris dans ce que je viens de dire ? Vous voulez que j'appelle Fisher pour qu'il mette sa bite dans votre bouche afin de vous faire taire ? Oh, mais c'est vrai, vous avez tellement l'habitude de ça ! Et, le pire, c'est que vous kiffez !, dis-je en haussant la voix.

Les deux bécasses me regardent d'un air horrifié, elles sont pâles, la bouche grande ouverte. Je n'avais pas réalisé que j'avais hurlé aussi fort, et un maton s'approche déjà de nous.

– Mesdames, allez vous asseoir ailleurs, quant à vous détenue 80599, veuillez me suivre, votre repas est terminé, vous retournez dans votre cellule.

Je me lève, pleine de haine et de rancœur contre ces deux idiotes. Au loin, je croise le regard de William. Il a assisté à toute la scène. Je suis vraiment trop conne quand je m'y mets. Je gâche le peu d'opportunité qui s'offre à moi. Je finis par suivre le maton qui me raccompagne à ma cellule.

– Vous avez des ennemies à ce que je vois Johnson, me dit-il.

Je le fixe et réalise qu'il fait partie des agents qui étaient présents dans le bureau de Lucia. Il est donc au courant de ce que je viens faire ici.

– Pourquoi le fait que j'ai parlé avec Davis dérange tout le monde de cette manière, dis-je désespéré.

– Parce que Davis ne se laisse pas approcher, jamais. Et, on ne va pas se mentir, en général les détenues n'ont pas envie de l'approcher. Le fait que votre discussion avec lui, aussi courte soit-elle, n'ait pas fini en bagarre, ça intrigue les autres, m'explique-t-il.

– Peut-être parce qu'il est comme nous, il est humain. Que, si on montre un peu de sympathie avec lui au lieu de le provoquer constamment, il n'est pas si méchant que ça, dis-je en soupirant.

– C'est votre opinion, Johnson, mais faites attention de ne pas vous laisser ramollir, vous avez une mission. Davis peut se montrer manipulateur si il le souhaite et il l'a déjà prouvé en manipulant la police, vous êtes bien placé pour savoir à quel point vous avez eu du mal a le coffrer, me rappelle-t-il.

– Bien sûr, je le sais ça ! Mais je ne peux pas lui soutirer des informations si je ne me montre pas un minimum gentille avec lui. Mais si, dès que je m'approche de lui, on me met des bâtons dans les roues, je ne pourrais jamais y arriver.

– Vous savez, je ne pense pas que Stacy et Myriam viendront vous chercher des poux de si tôt, ce que vous leur avez balancé, c'était un peu violent quand même. Toute la prison est maintenant au courant qu'elles se prostituent auprès de Fisher. Auparavant, il n'y avait que Francesca qui osait leur tenir tête, maintenant que vous êtes deux, elles vont redescendre un peu de leur piédestal. Je suis confiant en ce qui vous concerne, mais évitez de vous emporter comme tel à l'avenir. Je suis censé vous amener au bureau de Lucia, mais, puisque vous n'êtes pas une vraie détenue, je vous ramène juste à votre cellule, mais jouez le jeu devant les autres, m'informe-t-il.

– Pourquoi vous n'avez pas l'air surpris de ce que Fisher fait aux femmes de cette prison ? Vous êtes au courant, mais vous le laissez faire ? 

– Vous avez faim ? Comme vous n'avez pas pu manger, je peux vous ramener un petit truc en cachette.

Il ignore totalement ma question. C'est comme si Fisher était sous la protection de Lucia et des autres matons. Je me demande vraiment pourquoi. 

– Non, c'est gentil, merci.

Une fois dans ma cellule, je m'allonge sur le lit et réfléchie à une autre stratégie pour pouvoir parler à Davis sans attirer l'attention. Une question me perturbe : comment se fait-il que lors de la promenade, il se trouvait dans un coin totalement isolé des autres détenues ? Si ma théorie est bonne, alors il sera toujours à cet emplacement, dès que les promenades seront ouvertes. Ce sera donc le seul moment que j'aurais avec lui, loin de tous les regards méfiants des autres détenues. Mais ça veut aussi dire que j'aurai beaucoup moins de temps pour essayer d'analyser les lettres codées, là aussi, je dois réfléchir à comment m'y prendre.

Le retour de Morgane dans la cellule me fait sortir de mes pensées.

– Eh bien, tu as fait fort cette fois Alexia, me dit-elle sans même me regarder.

– Elles l'avaient cherchées...

– Probablement. Dans tous les cas, elles ne risquent plus de t'approcher ou t'adresser la parole, assure-t-elle.

– Il ne faut pas abuser, je n'ai pas été violente avec elles, je suis persuadé que demain, elles reprendront leur petit manège, lui dis-je.

– Très honnêtement, je pense que plus personne ne va oser te chercher des poux, affirme-t-elle.

– Comment ça ?

– Je suis fatigué, bonne nuit Alexia, dit-elle en bâillant.

Bien sûr, je suis heureuse que plus personne ne veuille me chercher des histoires, mais, je n'ai pas été si violente que ça. Qu'est-ce qui peut bien avoir changé en à peine une heure ? 

Je rumine quelques instants, retraçant ce que j'ai bien pu dire ou faire de si violent pour qu'enfin, on me laisse tranquille. Je ne peux m'empêcher de me demander : et si elles savent que je suis une agente infiltrée ? Et si elles me connaissent ? À force d'y penser, je plonge dans un sommeil profond, avec comme seule image dans ma tête, des yeux intenses de couleur noisette : ses yeux à lui.

FBI infiltréOù les histoires vivent. Découvrez maintenant