Chapitre 16 :

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"Viens me rejoindre dès que tu peux. Au parc. C'est urgent.
Cindha."

Pour qu'elle m'envoie un message, ça doit être vraiment urgent. Peut-être que la mission "Questionner la mère sur le Jour" a fonctionné. Peut-être qu'elle a percé les secrets qui entourent son passé ? Bref, il ne me reste qu'une chose à faire, pour savoir ce qui l'a mis dans son état. Je me mets à courir. Je déteste ça. Mais, bizarrement, je trouve ça moins pénible qu'à l'accoutumée. Sans doute parce qu'il y a un but derrière le fait de se dépêcher. Je suis poussé par une sorte d'excitation de découvrir ce qu'elle souhaite me dire.
Entre nous, j'aime pas courir. Je n'ai pas de souffle,  ni d'endurance, en partie certainement parce qu'on ne s'entraîne plus à courir. Il existe des moyens, ou plutôt des engins, plus rapides et moins fatiguant pour se déplacer, mais plus polluant aussi. On aurait pu croire que la voiture électrique, les vélos et les trottinettes seraient un marché qui se développerait en abondance, et permettrait ainsi la diminution de la pollution atmosphérique, causée par les voitures, avions ou encore ces jets privés, dont seuls les riches peuvent jouir de leur utilisation. Mais, ça n'a pas été le cas. Les gens sont des fainéants. Pourquoi marcher, faire du vélo, quand tu peux utiliser ces drôles d'engins à deux roues qui font un bruit monstre, et cause des accidents, pour la majorité grave ? Bien sûr, mon propos est ironique. À dix huit heures du soir, les routes sont bondées par tous ces gens pressés de rentrer chez eux, pour se poser sur le canapé, en regardant la dernière émission de télé-réalité. À force de penser, me voilà déjà arriver à l'entrée du fameux "parc", comme dirait mon père.

-Te voilà enfin. Tu en as mis du temps !
- Je vois que tu es contente de me voir, ça fait plaisir ! Et pour ta gouverne, j'ai couru tout le long, avec une seule pause, à cause d'un foutu point de côté. Tout le monde me regardait comme on dévisagerait un fou.
- Ok.
- Tu pourrais me féliciter quand même ?
- C'est bien, Gabriel, tu as couru ! Tu te rends compte, tu as COURU !
- Tu pourrais au moins être convainquante dans tes propos.
- Ce que tu peux être agaçant parfois !
- Hé ! C'est pas moi qui t'ai appelé  d'urgence alors que tu étais en train de contempler la tartine peanut confiture que tu allais déguster !
- Pauvre perte !
- Tu l'as dit ! À l'heure qu'il est, mon père doit l'avoir déjà mangé !
- Bon, tu veux voir ou pas ce que j'ai découvert ?
- Bien sûr, je te rappelle que j'ai laissé ma tartine pour ça.
- C'est vrai que tu t'es sacrifié pour moi. Brave garçon, va ! Tu vois mon Journal ?
- Celui que tu as déjà perdu ?
- Oui, et celui où tu as mis ton nez dedans.
- Oui, je vois. Et donc ? Quel est le rapport entre le Journal et ta découverte ?
- Hé bien, ce Journal dâte de ce Jour-là.
- Comment le sais-tu ?
- Simple réflexion. 
- D'accord…
- Bon, en gros, j'ai relié les éléments entre, et j'ai compris que ce Journal me suit depuis que je suis arrivée ici.
- C'est ta mère qui te l'a dit ?
- Non. Attends deux secondes, je vais te montrer ma découverte, et tu comprendras sans doute mieux après. Mais tu dois me promettre de ne pas rigoler. S'il te plaît ?
- Heu…oui. Tu me connais quand même, toujours sérieux quand il le faut.
- Ouais, c'est ça, et moi je suis la reine d'Angleterre.
- Mais c'est qu'elle fait de l'humour ! Bon, ça doit vraiment te préoccuper pour que tu réagisses comme ça à mes piques. Montre-moi ça.

Elle me tend son Journal. Je la regarde, déconcerté. Elle m'adresse un bref coup de tête pour m'encourager à l'ouvrir. Ce que j'effectue aussitôt. Je fais défiler les pages les unes après les autres, essayant de m'empêcher de lire ces lignes qui attirent mon attention comme un aimant. Puis, j'aperçois une page volante, qui se détache du reste pour tomber par terre. Cindha se précipite en avant pour la ramasser. Je la regarde,  et comprends que c'est le contenu de cette feuille qui l'a mis dans cet état. Je lis mot après mot, ces quelques lignes gravées sur ce bout de papier. Et malgré moi, les larmes arrivent. Je me sens tellement triste, comme si la réalité de la vie refaisait surface dans mon esprit. Je crois que je suis en train de comprendre que la vie c'est triste. C'est malheureux. C'est injuste.

La fille aux yeux verts Où les histoires vivent. Découvrez maintenant