Chapitre 7 : Cindha

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Je m'étale dans mon lit, la tête enfoui dans les oreillers. Quelle image ai-je donné de moi à Gabriel en pleurant comme une enfant de quatre ans ? Je croyais avoir tiré un trait sur mes parents biologiques, je croyais avoir accepter de ne jamais les connaître, mais visiblement ce n'étaient que des croyances. J'avais peut-être réussi à enfouir tout ça au fond de moi, mais pas à les faire disparaître complètement. Sa question m'avait prise au dépourvue, et mes doutes et mes peurs avaient refait surface. J'attrape Anaïs, et la serre très fort dans mes bras. J'ai peur de la perdre, elle aussi. Je m'endors sur ces tristes pensées, entre les rêves d'un avenir meilleur, et les cauchemars d'un futur sans bonheur.

Encore cette drôle sensation d'être épier. Je marche vers le lycée, il est un peu plus loin que le précédent, mais assez près de la maison pour que je puisse y aller à pied. Je regarde à droite, à gauche, mais rien. Que des bâtiments, du goudron et des personnes pressées d'arriver à leur travail afin de débaucher plus tôt. Personne ne semble faire attention à moi, et pourtant j'ai l'impression que l'on m'espionne. La scène du retour de marché est en train de se reproduire. Je décide de garder mon calme, et de me rassurer en parlant dans ma tête.

"Allez Cindha, tu ne vas pas te laisser avoir par ce genre de choses. Tu es une grande fille, même une ado à ton âge, tu n'as plus peur de ça."

Mais malgré moi, la panique reprend le dessus, et je me retrouve à courir au milieu de gens qui semblent surpris. C'est vrai que ce n'est plus très courant de voir quelqu'un courir. Les trottinettes et vélos électriques, ces engins qui permettent d'avancer plus vite en faisant moins d'effort, sont devenus la norme dans notre société actuelle. Tout le monde en a. Et puis, il y a aussi les voitures électriques, qui ont fini par complètement remplacer les voitures à essence.
Voilà la grille, enfin ! Je la franchi avec soulagement.

-T'as couru ou quoi ? Tu sembles essoufflée !
- Un peu, j'avais hâte d'arriver.
- T'avais hâte d'arriver au lycée ? Cindha, t'es sûre que tout va bien ?
- Oui, oui, tout va bien, j'ai juste failli mourir de peur.
- Mais qu'est-ce que tu racontes ! Descend de ta planète, Cindha, la Terre t'appelle !
- C'est bon, c'est bon je suis là. Allons en cours.
- Ok...Tu sais que t'es vraiment bizarre.

-Bonjour à tous, aujourd'hui, nous allons aborder la thématique du fantastique et de l'imaginaire. Nous allons reprendre la même méthode de travail que la dernière fois. Je vous laisse vingt minutes pour écrire environ vingt lignes sur cette thématique et après vous passerez un à un devant la classe. Vous êtes prêt ? À vos stylos !
- Ce sujet m'inspire !
- Et bien, pas moi, j'ai le syndrome de la page blanche.
- Elle est bizarre ton expression.
- En gros, je n'ai pas d'idées pour ce sujet.
- Et ça s'est bien passé hier avec Gabriel ?
- M'en parle pas. On a même pas commencé le projet à rendre pour la semaine prochaine.
- Vous avez fait quoi alors ?
- Absolument rien. Il n'est resté que vingt minutes.
- Vingt minutes ?!
- Les filles, ce n'est pas un cours de papotage !
- Pardon, madame.

Comme la dernière fois, rien ne vient. J'observe le paysage par la fenêtre, et me laisse transporter par le silence. Je ferme les yeux, et m'imagine dans un autre monde, avec d'autres lois naturelles.

-Yannis, ayant été le premier la dernière fois, je te propose de choisir celui ou celle qui ouvrira le bal.
- Mmm...J'hésite mais...Gabriel. Désolé mon pote, c'est pour ton bien.
- Tu me le payeras, Yann, je t'en fais la promesse.
- Allez, Gabriel, au tableau.

Gabriel arrive d'un pas traînant jusqu'à l'endroit désigné par la professeure. Je n'ose même pas le regarder en face tellement j'ai honte pour hier.

-Bien, tu peux commencer Gabriel.
- Tout d'abord, je vais traiter le mot "imaginaire" qui est de la même famille que le nom "imagination". Ce terme désigne donc tout ce qui n'est pas réel et qui n'existe que dans l'imagination d'une personne. Le nom fantastique, quant-à-lui, représente quelque chose d'irréel, c'est-à-dire qui défie les lois naturelles de ce monde. C'est donc une chose qui va à l'encontre de celles-ci. Ces deux mots désignent ainsi une personne, ou un événement, qui sort du commun, et qui ne peut se produire ou exister dans notre monde, à cause de son côté irréel.
- Bien, Gabriel. Ton analyse est intéressante. À toi, Cindha.
- Et bien, quand je pense à ces deux mots, j'imagine un monde, un être vivant ou un objet qui ne peut exister sur Terre. Une personne avec des ailes capable de voler, ou encore un objet qui pourrait changer de place tout seul en disparaissant. En fait, tout ce qui touche de l'imaginaire et du fantastique sont des choses, si je peux utiliser ce terme, que nous n'avons jamais vu. C'est notre cerveau qui imagine, verbe de la famille de "imaginaire", ces choses en partant d'une base de réel. Par exemple, si on imagine un éléphant volant, on garde la base d'un éléphant, un animal que l'on a déjà vu, touché et qui existe, et on lui ajoute des ailes, ce qui forme un être imaginaire, inventé par notre cerveau.
- Bien, Cindha. Tu t'exprimes très bien !

La fille aux yeux verts Où les histoires vivent. Découvrez maintenant