Chapitre 6 : Gabriel

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-Cindha est dans sa chambre, va la rejoindre. C'est la première porte à l'étage.

- Merci madame.

- Et Cindha a beau paraître un peu froide aux premiers abords, au fond, elle a un cœur en or. 

- Désolé d'être sceptique.

- Tu ne sais pas ce qu'elle a enduré. Elle s'est refermée sur elle-même suite à des moqueries et des insultes dans son ancien lycée.

- Elle a été victime de harcèlement ?

- Oui, c'est pourquoi elle a changé de lycée. Depuis, elle s'est recouverte d'une carapace.

- D'une carapace ?

- C'est une métaphore. C'est-à-dire qu'elle se protège des autres en se dissimulant sous le masque d'une personne sans cœur, ou du moins qui ne semble pas ressentir d'émotions.

- Mais pourquoi me dire tout cela ?

- J'ai l'intuition que tu peux l'aider à reprendre goût à la vie. 

- J'en doute.

- Allez file la rejoindre, et ne dit pas un mot de notre conversation à Cindha.

Je me sens un peu mal à l'aise dans ce lieu qui m'est étrangé, surtout après ce qu'elle vient de me dire. J'ignore tant de choses à son sujet. Comme quoi, je ne dois pas me fier à l'apparence que renvoie son comportement. Je comprends mieux maintenant sa façon d'agir. 

Je suis arrivé avec quelques minutes d'avance au cas où je me tromperais de maison. Heureusement, je n'eu aucun mal à la trouver. Elle était un peu à l'écart du reste de la ville, et comme l'avait dit Cindha, prêt d'une forêt. Sans doute, l'une des dernières forêts du monde. 

Je grimpe l'escalier et m'arrête devant la première porte. Dessus, sont scotchées des photos qui semblent dater de plusieurs années. La plupart représente Cindha et ses parents adoptifs, en vacances. Sur toutes les photos, Cindha paraît mal à l'aise devant la caméra. 

-Tu comptes prendre racine ici ? 

- Tiens, salut Cindha. Quel bel accueil, merci !

- Allez rentre avant que je ne te chasse dehors.

- Toujours aussi sympathique à ce que je vois, ça fait chaud au cœur !

- Et arrête avec ton humour à la noix. 

- J'ai comme l'impression que ce travail va être long.

- Très long, je confirme.

- On est au moins d'accord sur un point.

- Si ça peut te faire plaisir. Entre.

J'emboite le pas de Cindha à l'intérieur de la pièce.

-Je vais chercher un truc à manger, je n'en ai pas pour longtemps. 

J'attendis qu'elle ait quitté la chambre pour l'observer plus en détail. C'est une pièce charmante, composée d'un lit deux places, d'un grand miroir et d'un côté travail avec une étagère et un bureau. Je m'avance vers le bureau. Plein de photos sont éparpillées dessus. Une en particulier attire mon regard. Je la prends avec mes mains et la dévisage avec attention. C'est la photo de classe de Cindha de début d'année, avant qu'elle n'aille dans son lycée actuel. Je ne mets que quelques secondes à la reconnaître. Elle est assise au deuxième rang, à côté d'une fille brune. En regardant la photo de plus loin, j'aperçois que Cindha est la seule à ne pas sourire. Elle semble figée sur place, le regard vide. Je décide de reposer la photo. Une sorte de cahier tomba par terre lorsque mon coude le heurta. Je le ramasse. Sur le dessus, on peut lire l'inscription "Journal". Je comprends alors que c'est le journal intime de Cindha. L'envie de l'ouvrir et de le lire est forte. Très forte. J'en meurs d'envie. Je me rends à la porte le plus silencieusement possible. J'entends la voix de Cindha mélangée à celle de sa mère. Elles sont en train de parler. Je m'empare du journal, l'ouvre avec délicatesse et commence à le lire. Elle s'adresse au journal comme à une personne, on dirait qu'elle parle à un interlocuteur. Son écriture est belle, fluide avec de grandes arabesques.  

La fille aux yeux verts Où les histoires vivent. Découvrez maintenant