chapitre 4

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Gail

Pour l'instant cette coloc est une vraie bonne surprise.

La chambre est top, grand lit, bureau, dressing intégré, wifi de bonne qualité.

Et les colocs...

Lexy a l'air branchée sur du 20 000 volts, mais elle est adorable.
Si j'étais hétéro, je serai tombé amoureux direct. Mais soyons clairs, aucun moyen que ça arrive.
Par contre comme amie, je prends, sans aucun souci.

Pour ce qui est de Mark, autre catégorie...autre difficulté : le mec est vraiment sublime, et en plus il a l'air très gentil. J'ai pas osé admettre devant lui que j'étais gay quand il a indiqué être bi... J'ai eu peur qu'il prenne ça pour un appel du pied.
Un "Youhou ! Je suis célibataire et intéressé !" comme premier contact, je préfère éviter.

J'arrive pas à savoir s'il serait potentiellement intéressé. Et surtout, même s'il l'était, est-ce que ce serait une bonne idée de tenter le coup ?
Pas sûr...
Après tout, vivre ensemble après, si ça ne marche pas entre nous, ça peut vite pourrir l'ambiance de la coloc.
Donc pas de tentative, laissons faire les choses et profitons.

En attendant, comme je l'avais annoncé, je lui donne du fil à retordre dur le jeu.
Et oui, je ne me bats pas sur des rings dans la vie réelle, mais j'ai l'œil pour détecter les faiblesses de l'adversaire.

Trois combats d'affilée, trois victoires indiscutables.

- C'est pas possible !!
- De perdre ? Et bien si, la preuve.
- C'est incroyable, t'as des réflexes de dingue. Tu es sûr que tu ne montes pas sur les rings toi aussi ?
- Sûr et certain. Mon implant n'y résisterait pas.
- Comment ça marche ton truc ?
- En fait, il y a deux parties. Sous la peau du crâne, j'ai un récepteur qui transmet les informations au nerf auditif et au cerveau via des électrodes.
Et à l'extérieur, il y a des micros qui enregistrent et transmettent les sons au récepteur via une antenne qui s'aimante au crâne. Tu vois, c'est ce truc rond là, juste derrière mon oreille. La banane qui y est collée, c'est le micro.
- Wahou, donc je suppose que recevoir un coup à cet endroit, c'est tendu pour toi...
- Exactement. J'aurais adoré pouvoir m'entraîner avec les autres, ne serait-ce qu'en tenant les pads. Mais je n'ai jamais pu prendre le risque. Je suis donc devenu un fervent observateur.
- C'était pas trop chiant ?
- Tu trouverais chiant toi, d'observer des hommes musclés et luisants de sueur ?
- Absolument pas, mais moi... Oh... Tu es...
- Totalement gay...
- Ok... Donc je suppose que ça a pas dû contribuer à ta popularité...
- Parfaite conclusion. Gringalet, handicapé, et gay. Le triplé gagnant.
- Bin pour des abrutis, sûrement. Mais moi je te trouve très bien. Comment ça se passait avec les sportifs de ton père ?
- Entre, tout à fait bien, et particulièrement bien...
- Tu veux dire que... Tu es sorti avec certains de ces gars ?
- Ouaip. Ce sont d'ailleurs les seuls mecs, hormis Logan que j'ai jamais fréquenté, amicalement ou...pour plus...
- Et bien au moins tu as eu cette possibilité. Moi j'ai dû attendre d'arriver à l'université pour échanger mon premier baiser avec un mec. Sans même parler du reste...
- Oh... Désolé...
- Non ne le soit pas. C'est juste que je n'avais pas eu l'occasion de rencontrer quelqu'un qui me donne envie de m'exhiber en public.
C'est plus facile, tant qu'on n'a rencontré personne de vraiment intéressant, de conserver l'image "normale" de l'hétérosexualité.
Limite il est plus facile de dire qu'on est gay que bi...
- Pourquoi ?
- Parce que pour beaucoup de gens ça n'existe pas. Pour eux on est pas bi, on est gay pas assumé.
Pourtant pour moi non. Je peux éprouver  de l'attirance pour des filles, comme pour des mecs.
- Et bien, c'est que les gens sont simplement ignorants. L'attirance est une chose qui ne se commande pas. On ne choisit pas, contrairement à ce que plein de personnes pensent.
- Visiblement c'est plus simple à faire entendre à un gay qu'aux hétéros.
- Hey ne généralise pas. Ce n'est que mon simple avis.
- Et bien, je l'aime bien.
Et ton pote Logan, comment il gère ton homosexualité vis à vis des autres ?
- Logan est un artiste dans l'âme. L'avis des autres sur ses fréquentations, il s'en moque comme de sa première chemise.
Il vit sa vie, et moi la mienne, tout en veillant l'un sur l'autre.
- Je t'envie d'avoir une relation aussi saine et simple avec quelqu'un.
- Pourquoi ? Tu n'as pas de meilleur ami ?
- Non. Juste des copains de classe, des coéquipiers, des colocataires de fraternité... Mais un vrai meilleur ami, jamais.
- Et bien, si tu veux le mien, je peux te le proposer à la location. Comme tu le vois, quand il est occupé ou qu'il dort, il est assez facile à vivre. Sinon, le reste du temps, il est parfois avantageux de pouvoir débrancher pour ne pas l'entendre.
- Tant que ça ?
- Et bien, si je devais faire une comparaison, lorsqu'il n'est pas épuisé, c'est une Lexy munie d'un service trois pièces...
- Oh la merde... Deux tornades sous le même toit ??
- Je le crains... Manquerait plus qu'ils se mettent ensemble et qu'ils nous fassent des petits...
- Parle pas de malheur. Si ça arrive je demande mon transfert au Canada !
- Pourquoi le Canada ?
- Pour le hockey bien sûr !
- Ah oui, ce sera plus simple de te trouver une équipe qu'en Californie.
- Exactement. Il fait trop chaud pour moi là-bas. Je suis un homme fait pour la glace et le grand froid.
- Et bien croisons les doigts alors pour qu'ils ne tombent pas amoureux... Je n'ai pas envie de t'obliger à t'expatrier.
- J'apprécie ta sollicitude.
En attendant je te dois un repas puisque tu m'as écrasé.
Tu veux qu'on se fasse ça ce soir, où tu préfères te reposer et remettre ça à une autre fois ?
- Franchement, j'en sais rien. Là pour l'instant je me sens en forme, mais pas sûr que ça dure.
Donc si ça te dérange pas, on se fera ça un autre soir.
- Pas de souci. Je me doute qu'avec la route, tu vas sentir le contre-coup à un moment ou un autre.
En attendant que tu t'ecroules, tu veux qu'on fasse d'autres parties ?
- Si ça te dérange pas de te faire battre, ça me va.
- Je ne désespère pas de trouver une faille. Certains diront que je suis entêté, je préfère me dire que je suis opiniâtre.
- Et bien soit, je suis prêt.

Après une heure de jeu, je commence à sentir la fatigue peser lourd.
Lorsque ma première défaite survient, Mark exulte.
À la deuxième, il réalise que ce n'est pas sa technique qui s'améliore, mais mes réflexes qui s'amenuisent.

- Je rêve ou en fait tu dors à moitié ?
- Hein ? Euh...je crois que j'arrive au bout de ma capacité de concentration...
- On est plus qu'au bout là. T'as peut-être pas remarqué, mais tu joues que d'un oeil, l'autre est déjà fermé.
- Oh... Il est quel heure ?
- 19h30. Tu devrais aller manger un truc et ensuite te coucher.
- Mais on a pas encore fait de courses, je vais pas taper dans vos réserves...
- Ici c'est courses communes. On fait une liste sur le frigo pour les courses essentielles, et chacun y va à son tour.
Par contre pour les extras, chacun se gère, et garde ses réserves dans sa chambre. Comme ça pas de risque de se tromper.
Du coup, tout ce qui est dans la cuisine est en libre service. Tu peux donc prendre ce que tu veux.
- Ok, je vais me faire un sandwich. Tu veux que je t'en fasse un en même temps ?
- Hey , je croyais que c'était moi qui te devais un repas, pas le contraire...
- C'est pas un repas ça, juste une occupation momentanée de mes mains.
- Alors je veux bien.
- Des volontés particulières ou contre-indications ?
- Juste, léger sur l'assaisonnement. J'ai pas encore perdu tout le surplus que mon accident m'a fait prendre.
- Pas de problème, je vais te faire un truc bien équilibré, enfin, en fonction de ce que je trouve... Oh, mais ça va ! Je pensais tomber sur un garde-manger limité, mais on trouve de tout chez vous.
- Chez nous. Je te rappelle que tu vis ici toi aussi maintenant.
- C'est vrai. Je pense qu'une fois reposé ça viendra plus facilement.
Tiens. Goûte, et dis moi si ça te convient.
- Hmm... Mais c'est bon ! Ça change du jambon fromage que je me prépare actuellement...
- Ça aurait été meilleur avec du pain aux graines, mais j'avoue que c'est pas mal.
- Et bien, mets le sur la liste commune. Je suis sûr que les autres vont apprécier aussi.
- Est-ce que ça parle de nourriture par ici ? entendons-nous Lexy s'exclamer derrière nous.
- Un simple sandwich, tu veux que je t'en prépare un aussi ?
- Sache que je ne dis jamais non à de la nourriture. Alors, tu t'es installé ?
- Oui depuis un petit moment. On a fait quelques parties sur la console avec Mark, mais là je suis lessivé, donc après ça, je vais aller m'écrouler dans mon lit.
J'ai l'impression que Logan a déjà sombré...
- Je confirme. J'ai jeté un œil en passant devant sa porte qu'il a laissée entrouverte, et il est en croix sur le lit.
- Et bien je ne vais pas tarder non plus. Désolé de ne pas vous tenir compagnie plus longtemps...
- Mais non, me répond Mark. La journée a été longue avec la route que vous avez dû faire. Va te reposer. On se verra demain.
- Ouaip. Bon allez, bonne soirée à vous, je vais fuir avant de tomber de sommeil.
- Bonne nuit Gail !

Je n'exagère pas en disant que je suis épuisé. J'aurai adoré rester plus longtemps, mais je m'en sens physiquement incapable.

Donc direction le lit, et dodo...

à l'écoute de son cœur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant