à l'écoute de son cœur

chapitre 9

Mark

Le trajet jusqu'au resto n'est pas bien long, à peine dix minutes en voiture.

Comme Gail ne connait pas encore le secteur, on a pris ma voiture. Ça lui permet en plus de laisser la sienne à Logan s'il devait en avoir besoin.

Une fois arrivés, on nous installe dans un coin tranquille. Ce sera parfait pour discuter, Gail n'aura pas à lutter contre le bruit ambiant.

- J'espère que les avis sur internet n'étaient pas des fake...
- Et bien au moins l'endroit est propre et fréquenté. C'est un signe encourageant.

Une serveuse vient nous proposer la carte et nous nous décidons tous les deux pour le même plat, entrecôte grillée accompagnée de pommes de terre sautées et salade.

- Tu diras pas à mon coach que j'ai abusé ce soir j'espère...
- Ils sont très pointilleux avec vous à l'université sur l'entraînement et la diététique ?
- L'entraînement, oui. Clairement. Un entraînement loupé et c'est la suspension au match suivant.
Pour la diététique, tant qu'on est en forme, pas trop. Donc je compenserai demain à la séance de muscu.
- Comment ça se présente pour ton match samedi ?
- C'est une équipe qu'on a déjà rencontré à plusieurs reprises l'année passée. Là il n'y a pas d'enjeux puisque le championnat n'a pas commencé, mais ça permet de se faire une idée des forces et des faiblesses de l'adversaire pour les prochains matchs qualificatifs.
- Et bien, il me tarde de voir ça. Je n'ai jamais vu de match de hockey autrement qu'à la TV.
- Je ferai de mon mieux pour que tu ne sois pas déçu alors.
Comment tu te sens dans la coloc ? Pas trop de mal à quitter ton père ?
- Je m'y sens bien, très bien même.
Pour mon père, j'ai l'habitude de ne pas être avec lui. Entre les entraînements la semaine et les combats le week-end, il est rarement présent.
- Oh, ça a toujours été comme ça ?
- Moins quand j'étais jeune puisque je ne pouvais pas me gérer seul. Mais depuis que je suis ado, ouais il est pas mal occupé.
- Tu me parles toujours de ton père, mais jamais de ta mère. Il y a un truc à savoir avec elle ?
- Plus grand chose puisqu'elle est morte à ma naissance. Elle a eu un grave accident de voiture. Les médecins ont réussi à me sauver mais pas elle. C'est pour ça que je suis né prématuré. Elle n'était qu'à six mois de grossesse.
- Comment ton père a-t-il pris ça ?
- Mal et bien.
- Euh... Explique stp. Je vois pas comment il a pu prendre ça bien.
- En fait il n'était pas au courant de cette grossesse, la partie bien c'est de m'avoir rencontré d'après lui.
La mauvaise c'est qu'elle lui a avoué que lorsqu'ils sont sortis ensemble elle avait percé ses capotes avec une aiguille pour que sa grossesse l'incite à faire d'elle une petite amie, et pas un simple plan cul.
- Oh...
- Ouais. Ma...mère n'était pas la fille la plus nette du monde.
Du coup mon père a une petite angoisse que d'autres frères ou sœurs se promènent dans la nature.
- Ah merde, c'est une possibilité ?
- Disons que jeune, il avait pas vraiment de scrupules à collectionner les plans d'un soir. Après ma naissance je pense que les choses se sont calmées d'elles-même.
- Wahou. Ça a pas dû être évident pour lui de gérer sa carrière sportive et un bébé.
- Non pas vraiment. Mais il m'a traîné partout avec lui. Les femmes et filles de ses coachs sont naturellement devenues mes nounous attirées. Je faisais partie du lot. Si un coach voulait l'avoir dans son écurie, il fallait quelqu'un qui s'occupe de moi pendant les entraînements et les matchs.
J'ai traversé les états unis dans tous les sens avant même d'avoir deux ans.
- Et bien, c'est un sacré début dans la vie que tu as eu. Bien plus intéressant que le mien...
- Je sais pas. Vivre avec autant de frères et sœurs ça a dû être une drôle de vie aussi.
- Hmm dans un sens oui. Faut dire que mon père n'a pas chômé question conception de famille.
- Tu aurais préféré que ce soit différent ?
- J'aurais surtout préféré qu'il réfléchisse parfois avant de tout larguer pour fonder  la suite de la fratrie. On a dû changer tellement souvent de maison pour pouvoir accueillir tout le monde.
Les dernières années, je ne faisais même plus l'effort de personnaliser ma chambre, puisqu'on ne restait jamais très longtemps pour pouvoir trouver plus grand.
La seule chose qui est restée stable dans ma vie, c'est le hockey.
- Et bien il me tarde de te voir glisser sur la glace.
- Tu vas voir, je ne suis que grâce et délicatesse.
- Mais bien sûr... Pour la grâce, j'attends de voir pour juger, mais il me semble que la délicatesse ne fait pas partie du panel des joueurs de hockey...
- Mince, moi qui espérais te faire rêver...
- De un, qui te dit que la délicatesse me fait rêver ? Je te rappelle que je suis fils de boxeur, combattant de MMA.
De deux, tu voudrais me faire rêver ?

On y est... Mark te dégonfle pas, c'est le moment de faire une tentative qui pourrait tout changer.

- Et bien... Pourquoi pas ? J'avoue que tu me plais plutôt bien. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais il se pourrait que j'aimerais bien voir ce que ça peut donner toi et moi...
- Oh... Et bien, puisque tu es honnête, je vais l'être aussi. Tu me plais aussi énormément, mais j'avoue que le fait qu'on soit colocs m'inquiète.
Qu'est-ce qui se passe si on essaie quelque chose, et que ça marche pas ?
- Et bien on avisera, mais je pense qu'on est assez intelligents tous les deux pour ne pas mettre en péril la situation.
Si on est franc l'un envers l'autre, et qu'on avance pas à pas, il sera toujours temps de reprendre la vie chacun de son côté, en amis.
- Donc franchise totale. Si quelque chose ne fait ne serait-ce que gêner, on en parle avant que sa dégénère.
- Ok pour moi. Mais il faut que je te dise quand même que... Et bien je n'ai jamais eu de relations avec un mec. Donc je ne sais comment gérer ça...
- Tu parles de la partie vie publique ? Ou vie intime ?
- Un peu des deux je crois...
- Et bien pour la partie vie publique, je suis pas non plus un grand spécialiste. Je suis sorti avec quelques mecs, mais en dehors de la sphère privée, c'était des relations plus amicales qu'amoureuses.
Je ne me suis jamais promené main dans la main ou montré démonstratif en public. On pourrait déjà commencer comme ça. On est pas obligé de se comporter comme des midinettes enamourées.
- Oui effectivement.
J'avoue que lorsque je sortais avec des filles, c'était déjà pas mon truc préféré...
- Et bien voilà. Potes à l'extérieur, et on se laisse le temps de voir pour tout ce qui est plus intime.
- Tu veux qu'on en parle à la coloc ?
- Il faut que tu saches que Logan sait déjà que je craque pour toi...
- Oh... Et bien je dois avouer que Lexy se doute également que tu ne m'est pas indifférent...
- Et bien au moins ça simplifie les choses. Avec ces deux là, les autres seront au courant avant même qu'on soit rentrés.
- Tu crois ?
- Je te fiche mon billet que Logan aura déjà raconté aux autres qu'on sortait pour un date.
- Et bien je vais pas parier contre toi, tu le connais suffisamment pour savoir de quoi il est capable ou pas. Sachant que si il dit ça, il y a de fortes chances que Lexy surencherisse.
- Et bien on est pas sortis des branches avec ces deux-là.
- Moi ma hantise c'est qu'ils se reproduisent... Et vu que Logan a l'air d'avoir craqué pour la jolie Lexy...
- Et bien je lui souhaite bien du courage.
Elle est adorable, mais complètement survoltée. Depuis que je l'ai rencontrée j'ai l'impression qu'elle ne se pose jamais.  Elle a toujours un truc en cours.
- Oui Logan m'a dit qu'elle était assez accro à un jeu en ligne. Il va essayer d'intégrer son équipe en douce pour se rapprocher.
- Pourquoi il lui en parle pas directement ?
- Elle est en deuxième année. Il a pas envie de se faire remballer du fait de son âge. Je crois qu'il va tenter la love story virtuelle pour obtenir la réelle.
- Oh... À la fois pourquoi pas. C'est pas plus bizarre que les rencontres sur appli, où tout le monde se ment pour essayer de trouver soi-disant de l'amour, alors que la plupart ne cherchent qu'à tirer leur coup.
- Oui effectivement...
J'ai bien envie d'un dessert. Ça te dit qu'on se prenne un truc ?
- Ouais bien sûr. Qu'est-ce qui te ferait plaisir ?
- Hmm y'avait pas des profiteroles sur la carte ?
- Il me semble oui. Va pour deux assiettes.
- Tu n'es pas obligé de prendre la même chose tu sais.
- Oh mais je ne me sens pas du tout obligé de quoi que ce soit. J'adore le chocolat et la chantilly. Si ça avait pas été ça, j'aurais sûrement pris une glace au chocolat liégeois.
- Ok.
Tu veux rentrer directement après ?
- Et bien, si on rentre on va surement tomber directement sur les autres...
Ça te dit une petite ballade au parc avant de rentrer ?
- Ça me dit même carrément.
- Parfait !

Oui parfait, parce que je ne compte pas rentrer sans avoir posé mes lèvres sur les siennes, et mes mains sur son corps.

Depuis qu'on est arrivés au resto je dois me concentrer pour ne pas être trop excité par sa présence, alors une ballade dans le parc, c'est un moyen parfait de finir la soirée dans les meilleures conditions.

Enfin j'espère...