chapitre 3

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Mark

Bon bin ça y est, la coloc est au complet.

6 personnes... Bon c'est moins qu'à la fraternité, pour ça je vais pas me plaindre, mais vivre à plusieurs, j'ai l'habitude.
Mais la colocation mixte, ça, c'est certainement différent.

Depuis deux jours je m'acclimate petit à petit, et franchement, ça change pas beaucoup d'un fonctionnement familial.
Chacun fait ce qu'il y a à faire en fonction de ce qui le dérange le moins. Chacun s'occupe de son territoire personnel, et les zones communes, on fait en sorte que ça reste raisonnablement vivable.

J'espère que la dynamique va rester la même avec l'arrivée des nouveaux.

Quand je me suis installé, Lexy m'a dit que nous partagerions une salle de bain, les deux nouveaux se partageant la dernière.
Du coup, je dois faire attention à bien verrouiller à chaque fois, et j'ai pris le réflexe de toquer avant d'entrer, au cas où...

Pour l'instant, pas d'incident à signaler.

Pas que ça me dérangerait de tomber sur elle, nue sous la douche, mais pour la vie en collectivité, autant éviter.

Comme je me doute que Logan et Gail vont rapidement s'installer, vu la taille de leurs sacs, je suis resté au salon.
Autant faire rapidement connaissance puisqu'on va résider ensemble au moins un an.

Quelle aubaine quand-même de m'être fait proposer cette coloc. Le coup de bol du siècle. Celui qui m'a permis de fuir cette fraternité où, à la base, je n'avais aucune envie d'être.
Juste une tradition familiale qu'on m'a demandé de poursuivre, et que j'ai pu abandonner à la demande insistante de mon paternel.
Suite à un accident, mais au final un résultat bénéfique en est ressorti.

- Hey, t'as fini de t'installer ? je demande à Gail, qui vient d'arriver.
- Oui, j'avais pris que deux sacs, je me suis dit que s'il me manquait quelque chose, je pourrais toujours acheter ici, plutôt que de m'encombrer.
- Visiblement, c'était pas l'avis de ton pote...
- Non effectivement. Il a pris quatre sacs, et encore, il lui a fallu deux jours de deuil pour se faire à l'idée qu'il ne pourrait pas en prendre quatre de plus.
Ce mec est un grand malade.
- Vous venez d'où tous les deux ?
- De Cincinnati. Et toi ?
- Cleveland. Tu vas faire quel cursus ?
- Euh... Diététique...
- Pourquoi cette hésitation ? Tu as peur qu'on te prenne pour un mangeur de salade et de graines ?
- Un peu, j'avoue... Mais c'est pas le cas. En fait je veux faire une spécialisation pour les diététique adaptée aux sportifs.
- Oh... C'est cool ça. Comment tu as eu cette idée ?
- Et bien...mon père gère une salle de sport pour combattants de haut niveau depuis quelques années. Et lui-même l'était avant, donc la notion de gestion du poids pour les catégories, on peut dire que je suis né dedans.
- Wahou... Quel genre de combattants ?
- MMA.
- La vache ! C'est génial ça ! Tu devais être la coqueluche de ton lycée !
- Pas vraiment non... Faut dire que je cumule les tares...
- Euh je comprends pas là... Quelles tares ?
- La première, c'est celle d'être gaulé comme une endive. Donc pour eux j'étais forcément une honte pour mon père.
- C'est le cas ?
- Absolument pas. Il sait bien que je ne peux rien à ce physique. Et il s'en moque que je n'ai pas une allure sportive. On a assez à gérer avec le reste.
- C'est-à-dire ?
- Et bien, je suis né grand prématuré, et du coup j'ai une surdité partielle.
- Ça se remarque pas du tout...
- C'est parce que je porte un implant et que je lis également sur les lèvres. Mais grâce à mon audition résiduelle, je n'ai pas les difficultés d'élocution que peuvent avoir certains déficients auditifs.
- Et tu connais le langage des signes aussi ?
- Oui. Mais j'ai rarement l'occasion de l'utiliser.
- Je trouve ça chouette moi. Au final, ça a pas l'air de t'handicaper trop.
- Au quotidien non. Mais par contre certains événements me posent souci. Quand y'a beaucoup de bruit autour de moi, j'ai dû mal à gérer les informations, donc je dois éteindre mon implant et là je ne peux compter que sur la lecture labiale. Ça demande donc un effort aux gens avec moi qui doivent faire attention à me parler en face.
C'est pour ça que je ne vais plus aux grands combats, je les regarde à la TV.
- Oh... J'avais pas pensé à ce genre de chose...
- Et toi tu fais quoi comme cursus ?
- Je suis en deuxième année de management sportif. Et je suis dans l'équipe de hockey.
- Et c'est comme ça que tu as atterri ici ?
Dans la coloc ?
- Pas du tout. Je connaissais les anciens uniquement de vue.
En fait c'est grâce à un coup de chance qu'on m'a proposé la chambre.
En fin d'année dernière, j'ai eu un problème à la fraternité où je residais.
Deux mecs ont commencé à se battre pour une fille et j'ai essayé de les séparer.
J'ai pris un coup dans les côtes et ça m'en a fêlé deux.
Mon kiné m'a mis au repos absolu pendant un mois. Mais à ne rien faire dans le canapé pendant ce temps là, je commençais à faire du lard.
J'ai voulu aller le revoir au pôle sportif pour avoir des conseils sur ce que je pourrais faire pour éviter ça, mais comme c'était le début des vacances, il n'y avait qu'un service restreint, et je suis tombé sur Riley, un des kinés des footballeurs, celui qui sort avec le capitaine des attaquants.
On a discuté de ma blessure, comment je l'avais eu, ce qu'elle engendrait... Et de fil en aiguille j'en suis arrivé à lui dire que je pouvais pas me permettre ce genre d'accident con, et qu'il fallait que je trouve un moyen de quitter la fraternité.
Comme il est très ami avec toute la coloc ici, il les a appelés et m'a recommandé pour la chambre.
Et me voilà !
- Et outre l'accident, ça te dérange pas d'avoir quitté la fraternité ?
- Pas du tout ! C'est mon père qui voulait que je l'intègre. Dans sa jeunesse il était lui aussi hockeyeur à l'université et faisait partie de cette fraternité.
Mais c'est pas une ambiance qui me convient. Ça reste un environnement très macho et porté sur tous les excès. On ne peut pas dire que mes mœurs pouvaient s'épanouir dans cet environnement...
- Euh... C'est à dire ?
- Je suis bi, donc tant que je sortais avec des filles, pas de soucis. Mais on m'a bien fait comprendre que sortir avec un mec était exclu, en tous cas en public.
- Oh...
- Du coup ici, je sais que je n'ai rien à craindre de ce côté là.
Et mon père, qui sait que j'ai une bonne chance de devenir hockeyeur pro, a accepté mon excuse de la blessure pour que je quitte le fraternité.
Je vais enfin pouvoir vivre tel que je l'entends.
- Alors cette blessure, c'était pas une si mauvaise chose finalement. Tu t'en es remis ?
- Ouais maintenant c'est bon, grâce aux conseils de Riley. J'adorerai que ce mec gère le hockey, mais visiblement les footballeurs sont pas prêts de le laisser partir. Et pourtant c'est le plus jeune de tous.
- Et bien espérons que tu puisses en avoir un bon toi aussi... Je t'aurais bien proposé des massages, mais mon père dit que mes doigts piquent comme des aiguilles.
- Ah... Et bien l'accuponcture, ça peut être sympa aussi...
- Et bien n'hésite pas à demander au besoin alors.
- Promis. Bon du coup, si je vous invite tous à assister à mes matchs, je suppose que tu ne voudras pas venir... C'est dommage...
- Si, je viendrai. Au pire j'eteindrai l'implant. Si ça vous dérange pas de faire des efforts de me regarder pour me parler...
- Ça risque pas d'être un effort surhumain... Tu es plutôt mignon à regarder.
- Euh... merci. T'es plutôt pas mal aussi...
- Attend de me voir moulé dans mon équipement, là je suis carrément sexy.
- Et bien, je te promets de te le dire si c'est effectivement le cas.
- Parfait ! Tu crois que ton pote va sortir un jour de sa chambre ?
- Hmm pas sûr. Je suis presque sûr qu'avec la fatigue de la route et tout le boulot qu'a dû lui demander son rangement, il a dû s'écraser sur son lit et s'endormir.
- Et bien dans ce cas, ça te dit un petit jeu de console ?
- Combat ?
- Ça me va. Fais chauffer tes doigts, je vais te massacrer.
- Tu rêves. J'ai peut-être pas le gabarit de mon père, mais son sang coule dans mes veines. Tu vas pas comprendre ce qui t'arrive.
- Le gagnant invite l'autre à manger dehors. Deal ?
- Deal. Tu peux déjà faire chauffer ta carte bancaire.

Et bien, je suis prêt.
Ce Gail me plaît plutôt bien. Mignon sympa, si en plus il est combatif, on va bien s'entendre. Voire...
Non Mark, t'engage pas sur ce chemin. On a dit pas touche aux membres de la coloc.
Mais ça va vraiment être dur...

à l'écoute de son cœur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant