chapitre 13

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Mark

Je ne sais pas si c'est l'effet Gail, mais aujourd'hui j'ai littéralement volé sur la glace. Rapide, efficace, une vraie machine.
Ça a rendu le coach très optimiste pour le match de demain.

Et clairement, pour moi, faire le premier match sous les yeux de Gail, c'est une énorme motivation.
J'ai clairement envie de l'impressionner.
Qu'il se dise "mon mec est vraiment génial".

Oui, mon mec. C'est comme ça que je vois ça.
Pour la première fois depuis très longtemps, quelqu'un me fait suffisamment envie pour que je m'installe dans une relation. Et ce quelqu'un c'est clairement Gail...
Vivement que je sois de retour à la coloc d'ailleurs, il me tarde de le retrouver.

- Hey Sparks ! Quelle forme aujourd'hui !
Ça change de ta fin d'année...
- Et bien c'est pas trop difficile puisque j'ai passé la fin de saison les côtes pétées grâce à tes potes...
- Ce sont les tiens aussi...
- Non, c'était mes compagnons de fraternité. Et vu que je n'en fais plus partie, je ne vais pas faire semblant de les apprécier plus longtemps.
Je suis bien content d'avoir réussi à me faire reloger.
- L'ambiance de la fraternité risque de te manquer.
- Oh non ! Absolument pas ! Je me suis degoté une super coloc. Gens sympas, loyer super abordable, contraintes minimum. Pas de chamailleries, de bruit toute la journée et la nuit. Bref le pied intégral.
- Ce que tu me décris ressemble plutôt à un monastère pour moi...
- Oh crois-moi, on en est très loin...
- T'as rencontré quelqu'un ?
- Possible oui...
- Raconte ! Elle est comment ??
- Il...est parfait. En tous cas pour moi...
- Un mec ?? Je te croyais hétéro.
- Je suis bi. Mais à la fraternité, j'ai bien vite compris que c'était une information qui ne passerait pas forcément bien, donc j'ai préféré éviter le sujet.
- Ok. Je comprends. La tolérance n'est pas forcément le point le plus développé là-bas effectivement.
Du coup je comprends mieux pourquoi tu y étais pas forcément super à l'aise.
- Oui. Ça et le bruit constant. J'ai assez donné pendant mon enfance de ce côté là. La fraternité, j'y ai été uniquement sur l'insistance de mon père. Ça n'a jamais été mon choix.
- Et bien sache que pour moi en tous cas, compagnon de fraternité où pas, ça ne change rien. Si ta vie te convient et que ça te fait jouer comme aujourd'hui tout le temps, je remercie les deux autres de s'être comportés comme des abrutis.
- C'est un peu extrême, tu trouves pas ?
- Hey, y'a rien d'assez extrême quand il s'agit de gagner.
- Si tu le dis... Bon allez je rentre. À demain soir !
- Ouais, et en forme ! Les éclater juste avant le début de la saison sera un parfait moyen de mettre la pression à toutes les équipes du championnat.

Bon, et bien voilà une chose de faite...
Je suis quasi certain que ma sexualité ne sera plus un secret bien longtemps.
Loyd est un gars sympa, mais c'est aussi l'une des plus grandes commères que je connaisse. D'ici ce soir toute la fraternité saura que je craque pour un mec.

Est-ce que ça me gène ?
Même pas une seconde.
Au contraire, j'ai enfin l'impression de pouvoir être moi-même, libre de toutes contraintes.
Et c'est peut-être ce qui a libéré mes patins sur la glace.
Peut-être qu'inconsciemment je me retenais moi-même, comme je retenais mes besoins personnels.
Choses que je n'ai plus aucune envie de faire : je compte bien aller au bout de cette histoire avec Gail, quelle que soit son issue.

Lorsque je rentre à la coloc, cette fois-ci, je retrouve tout le monde regroupé à la cuisine en train de discuter devant café et petits gâteaux.

En à peine quelques jours j'ai l'impression que tout le monde s'est parfaitement acclimaté à la vie ensemble.
Visiblement le fait de ne pouvoir entrer dans la coloc que sur recommandation d'un ancien membre, ou d'un de leurs amis, a l'air d'être un moyen efficace pour associer des gens compatibles...

- Hey, voilà notre courageux lève-tôt ! s'exclame Asher. Alors, pas trop dur l'entraînement ?
- Non, au contraire. C'était la très grande forme. Et du coup le coach a de grandes attentes pour demain. Vous venez tous assister au match j'espère ?
- Ouaip, on louperai ça sous aucun motif. Et j'ai aussi invité Mike et Riley qui viendront aussi. J'ai  proposé à Luke et Joey d'y assister également, mais il vont rentrer demain dans la journée après s'être tapé beaucoup de route, et Luke m'a dit qu'ils ne seraient pas en état. Donc ils viendront au prochain.
- Ok, donc vous serez 7. C'est parfait, puisque la rangée a 10 place. Vous serez à l'aise.
- Tu gardes pas les places pour ta famille ?
- Non, je ne les ai pas invités. Mon père n'est intéressé que par les matchs à fort enjeux, histoire de bien montrer qui est le père du grand champion.
Et mes frères et sœurs fuient la glace sous toutes ses formes pour ne pas se retrouver avec les mêmes attentes que celles que j'ai pû subir.
Lorsque mon père les a inscrits au hockey étant jeunes, ils ont tous fait semblant de patiner comme des manches pour pas se retrouver sur la glace tous les jours avec lui à 5h du matin.
- À 5h??? s'écrie alors Gail.
- Ouais... Mon père trouvais que les entraînements avec le club étaient insuffisants. 3 séances de 2h à 7 ans, imaginez, c'est rien ! Alors comme lui devait aller bosser à 7h, il me faisait m'entrainer de 5h à 6h30. Puis il me ramenait à la maison pour que je puisse déjeuner pour aller à l'école.
La journée n'avait pas encore commencé que j'étais déjà lessivé.
Les autres ont donc compris la leçon : à moins d'en avoir la passion, hors de question de montrer la moindre compétence sur la glace.
- Et bien je préfère de loin le bazar qu'a été mon enfance, à de telles exigences, nous dit Gail.
Asher, c'était aussi exigeant chez toi ?
- Franchement non. Je me suis mis des coups de pied au cul tout seul, mes parents savent nager, mais juste en loisir. C'est mon professeur de sport au collège qui m'a donné goût de la natation.
- En tous cas, maintenant c'est relâche jusqu'à demain soir. Et je compte bien profiter de mon temps libre en enclenchant le mode glandouille. Qui me tient compagnie ?
- Je crois que tu vas devoir te contenter de moi, me répond Gail. Ces quatre là on apparemment prévu des choses ce matin.
- Et bien c'est une excellente nouvelle. Console ou film ?
- Console. Si je me cale devant un film, je vais pas réussir à me concentrer à t'avoir à côté de moi.
- Ma présence te perturbe ?
- Ta présence m'excite...
- Hmm j'aime te faire ce genre d'effet. Parce que je suis excité H24 depuis que j'ai posé les yeux sur toi.
- Chut... Ne dis pas des choses comme ça...
- Mais c'est la vérité... Allez viens, on va voir qui est le meilleur lorsqu'on n'est pas sur un jeu de combat.

C'est étrange cette sensation. Celle d'avoir trouvé une personne qui nous complète. Un ami et un petit ami tout à la fois.
Et le tout avec une facilité déconcertante.

Si on m'avait dit en fin d'année dernière, que cette blessure serait le début d'une nouvelle vie si merveilleuse, j'aurais foncé dans le tas avec moins d'appréhension.

Aujourd'hui j'ai enfin tout ce que je peux désirer. De bons résultats en hockey, des études qui me plaisent, un logement calme et agréable à vivre, et... Un petit ami fantastique.
Que demander de mieux ?

Peut-être, juste que ça dure...

à l'écoute de son cœur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant