23. The game's rules

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𝐅𝐑𝐄𝐘𝐉𝐀 𝐌𝐀𝐑𝐘𝐁𝐄𝐓𝐇 𝐁𝐋𝐀𝐂𝐊


- Prête à un déversement d'hypocrisie au goût de martini ? me demanda Azrael et resserrant son nœud papillon.

- Absolument pas.

Aujourd'hui était la commémoration de la mémoire de mon père, et pour l'occasion, j'avais revêtu une longue robe noir au bustier en dentelle et à la jupe en mousseline précieuse qui descendait jusqu'à même le sol. Autant dire que j'avais l'air totalement ridicule dans le col de cette robe qui me contractait le cou tellement il était serré.

- Tu penses qu'on devrait gâcher la fête et leur dire que Papa est mort car il a trahit Voldemort ? lança-t-il avec un rictus maléfique.

- Penses-tu bien que la plupart le savent déjà, c'est parce que c'était le chouchou de mamie que ce rassemblement à encore lieu.

Azrael acquiesça et épousseta les épaulettes de son costume trois pièces au style victorien, dans lequel il avait l'air encore moins à l'aise que moi.

- Pourquoi on porte ces fripes déjà ? demanda-t-il, grimaçant.

- Va savoir, répondis-je en fermant mon rouge à lèvres. Allez, descendons pour ne pas donner une raison de plus à tante Katerina d'ouvrir sa bouche de vieille sorcière.

Suivi de mon frère, je descendis les escaliers interminables du manoir pour me retrouver dans le salon bondé d'aristocrates.

- Que le spectacle commence, murmurai-je.

Ce fut Azrael qui plongea le premier dans la mare aux requins, je le regardai jusqu'à ce que je le perdre du regard dans la foule. Si mon père m'avait appris quelque chose de ce genre d'évènement, c'était de ne jamais, au grand jamais se montrer faibles, car ces personnes, même si elles se prénommaient famille, feraient tout pour nous détruire. Je n'avais qu'à retenir mon souffle en tentant de ne pas me noyer, c'est tout. Prenant une profonde inspiration, je replaçai une boucle s'échappant de mon chignon derrière mon oreille, et m'avançai dans la foule.

- Oh, mademoiselle Freyja ! s'exclame alors une lointaine cousine après seulement quelques secondes. Que vous avez grandie très chère, vous portez les traits d'une grande travailleuse !

Sous-entendu : je ressemblais à une mort vivante, ce que je pouvais comprendre à passer mes nuits à chialer sous mes draps.

- Merci, très chère cousine. Vous aussi, le temps vous a bien changé, répondis-je en feignant un sourire aimable.

Cela voulait dire ce que cela voulait dire car son sourire se crispa un instant, et elle me remercia hypocritement avant de s'éclipser. Règle n°2 : ne jamais laisser une remarque nous atteindre, la branche de Regulus était les plus riches de la famille Black, nous étions de ceux qui régnait sur la famille désormais, alors il fallait montrer les crocs pour préserver notre titre. J'attrapai une coupe à martini que je sirotai en adressant des sourires formels aux personnes passant devant moi.

- Comment se passe vos études à Poudlard, mademoiselle Freyja ? me demanda un homme à la chevelure poivre-sel dont je ne connaissais absolument pas le nom.

- Merveilleusement bien, je vous remercie.

- Vous savez, les rumeurs courent bon vent dans la famille. On dit que vous et le fils du Seigneur des Ténèbres... fricotiez.

Je retins un gloussement au mot "fricotiez", mais repris vite mes esprits. J'étais préparée à ce genre de questions, malheureusement pour eux, ce n'était pas mon ancienne relation avec Mattheo qui allait me faire perdre la face.

- Je suis jeune, nous faisons tous et toutes des erreurs lors de nos années jeunesses, n'est-ce pas ? J'ai même appris que votre femme, Rosmelda ici présente, avait eu des contacts avec notre cher cousin français Grégoire !

Arborant mon plus beau sourire faussement aimable, j'observai le visage de la femme se décomposer. Règle n°3 : toujours s'informer sur les crasses et les hontes des autres, histoire de jouer à jeu égal.

- Bien, je vais m'éclipser, passez une bonne soirée messieurs, dames, les saluai-je chaleureusement.

Dès que j'eu le dos tourné, je ne pus m'empêcher de lever les yeux aux ciel tant cette mascarade m'exaspérait. Tiens bon, Frey, ce n'est qu'une fois par an. Cherchant Azrael, je me frayai un passage entre les robes bouffantes des femmes et les cannes des hommes lorsque mon épaule rentra en contact avec quelque chose. Ou plutôt quelqu'un, car s'en suivit un fracas de verre brisés sur le sol : dans ma course, j'avais percuté un jeune serveur. Affolé, il s'empressa de ramasser les coupes en s'excusant d'avoir été sur mon chemin, je m'accroupis et l'aidai à nettoyer.

- Non, non ! Vous n'avez pas à faire ça, tout est de ma faute !

- Hey, lui soufflai-je d'une voix rassurante, tout va bien. Vous n'y êtes pour rien, je n'ai pas regardé devant moi.

Le jeune homme d'à peine une quinzaine d'années releva le menton et m'adressa un petit sourire reconnaissant :

- Merci de m'aider, mademoiselle Freyja, murmura-t-il. Vous n'êtes pas comme les autres Black.

- Si vous le dites, lui répondis-je en me redressant, des morceaux de verres à l'intérieur de torchons plein les mains. Laissez-moi vous accompagner à la cuisine pour jeter les débris.

Il hocha la tête et l'on se dirigea vers la cuisine. La pièce, pourtant énorme, était bizarrement vide, je n'en tiens pas compte et jeta les bouts de verre dans la poubelle. Ne faisant pas attention, je me coupai la main.

- Zut ! Je suis désolé, fit le serveur comme si ma maladresse était de sa faute, laissez moi aller chercher un coton et du désinfectant !

Sans avoir mon mot à dire, il s'empressa d'aller fouiller dans l'armoire à pharmacie tandis que je pressait la plaie qui coulait la sang avec mon autre main.

- Au fait, moi c'est Herb, me dit le serveur en revenant avec un drap imbibé.

- Enchantée, Freyj-

Le drap que plaqua Herb sur le bas de mon visage m'empêcha de finir ma phrase, et son visage aimable se transforma en une expression sadique et excité qui fit redoubler mon rythme cardiaque. Mon esprit eu du mal à réaliser ce qu'il était en train de m'arriver et respirai le produit appuyé contre mon nez. Coupant me respiration, je tentai de me débattre pour attraper ma baguette sous ma robe, mais c'était trop tard... Mon corps me lâcha lorsque ma vision devint noire.



"Fais attention, princesse" répétait en boucle la voix de Mattheo.

REIGN OF LIES || Freyja Black x Mattheo RiddleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant