5. The Armistice

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𝐅𝐑𝐄𝐘𝐉𝐀 𝐌𝐀𝐑𝐘𝐁𝐄𝐓𝐇 𝐁𝐋𝐀𝐂𝐊


Je n'ai jamais su gérer mes émotions.

Petite, lorsque je pétais un câble, j'envoyais chier ma mère, mon frère et ma petite sœur pour me casser pendant plusieurs jours, après avoir cassé la vaisselle, les vases et donné un coup de pied dans à peu près tous les meubles du salon, évidemment.  

- Désolée maman, dire que ça c'est arrangé est un peu trop loin de la vérité, soufflai-je, le vent faisant onduler mes boucles.

Entre mes doigts glacés par la fraîcheur de la fin de l'automne, son sourire lumineux se reflétait sur la photo. Elle était belle, ma maman. Dans le cliché animé pris mon père, on la voyait d'abord plongée dans son livre, complètement détaché du monde extérieur, puis elle relevait la tête, et son magnifique visage me regardait dans les yeux, réchauffant mon cœur. Ses yeux rassurants aurait pu illuminer toutes les âmes du monde.

J'attrapai le second cliché posé sur le sol, ramenai mes genoux contre ma poitrine et admirai, les admirai. Ses boucles brunes se mélangeant aux siens lisses et ébènes, ses yeux émeraudes plongés dans les siens, d'un bleu éclatant, et leurs sourires d'amoureux : Regulus et Esmeralda Black.

- Qu'est-ce que vous paraissiez niais, maman et papa, pouffai-je à moi-même.

Je restai silencieuse plusieurs secondes, jusqu'à ce qu'une larme coula sur mon visage, brisant mon sourire et faisant éclater ma douleur dans la Tour d'Astronomie.

- Et qu'est-ce que vous me manque... murmurai-je, la voix tremblante.

Soudain, un craquement retentit dans le silence de la Tour, je séchai d'un mouvement mes yeux humides et jetai un regard par dessus mon épaule, vers l'escalier en colimaçon qui menait à mon refuge et... Ses yeux hazel plongèrent dans les miens.

- Bonjour, princesse.

Son indispensable cigarette entre les doigts, Mattheo Riddle se tenait derrière moi, son corps appuyé contre la rambarde de la construction. Je brisai notre regard en regardant en face de moi l'immensité des montagnes pourvues de forêts qui s'étendaient à perte de vue. La fraîcheur emplit mes narines tandis que je fermai les yeux, trop bousculée pour mener notre guerre.

- Même après un an, tes habitudes sont restés telle quel, observa-t-il. Te réfugier dans la Tour d'Astronomie.

En l'entendant écraser sa cigarette sur le sol, signe qu'il allait avancer vers moi, je rangeai immédiatement les photos dans la poche de ma robe de Serpentard.

- Arrête, dit-il en s'asseyant près de moi, je les ai vu des centaines de fois, ces photos. Autant de fois que j'étais là lorsque tu perdais les pédales.

Son ton était calme, posé, il avait arrêté de fumer, et s'était assis à une distance raisonnable de mon corps : il avait signé l'Armistice, la guerre continuait, mais le cessez-le-feu était provisoirement lancé. 

- Qu'est-ce que tu fais là, Riddle ? 

- Je veux te parler.

Légèrement, un de mes sourcils s'arqua. Mattheo laissa entre nous une pause, installant brièvement le silence entre nous, puis reprit :

- Mais d'abord, j'aimerais te demander une chose... 

- Hm ?

- Pardonne Theodore.

Cette fois-ci, mes deux sourcils se haussèrent. 

- Tu n'es pas en mesure de me dire ce que je dois, ou ne dois pas faire, Riddle. Plus maintenant, en tout cas.

J'entraperçus son visage se tourner vers moi, ne demandant qu'à le regarder. Mais c'était trop tôt, son regard me déstabilisait encore. Malgré la haine, j'avais aimé Riddle, profondément, et on ne pouvait oublier un amour aussi puissant. Enfin, tout ça c'était avant que je découvre qu'il n'était qu'un putain de connard.

- Il est ton meilleur ami, comme il est aussi le mien. Il t'aime, mais tu ne peux pas lui demander de faire un choix entre toi et moi, Frey.

Mon sang commença à se chauffer dans mes veines, comment osait-il ?

- Je t'interdis de m'appeler comme ça, crachai-je en me levant. Ce qui se passe entre Theo et moi, c'est mon problème. Tu n'as aucun droit à me faire la morale après ce que tu as fait !

D'un calme olympien qui ne faisait que m'enflammer davantage, il se redressa à son tour et m'adressa le regard qu'il savait si bien interpréter : le froid polaire, pareil à de la glace qui aurait été brisé sur un lac gelé, dans lequel la mer trouble et vide remplirait les profondeurs. Le néant. C'était de cet extérieur froid, et de cet intérieur bouillant comme les Enfers, que j'étais tombée amoureuse.

- Dis-le, souffla-t-il.

Je fronçai les sourcils.

- Dire quoi ? 

- Ce que je t'ai fais, Freyja. Dis-le, à voix haute. Dis-le, ici, devant moi, comme tu ne peux le dire aux autres.

Une boule piquante, bouillante se forma dans ma gorge, celle de la raison de ma désastreuse de vie. Elle ne demandait qu'une chose, qu'à être reconnue, avouée, criée, hurlée. Mais j'en étais putain d'incapable, incapable de mettre des mots sur ce qu'il avait fait.

-Dis-le ! ordonna-t-il.

Je le fusillai du regard.

- Ton père m'a enlevé ma mère, et tu t'es cassé, Mattheo.




REIGN OF LIES || Freyja Black x Mattheo RiddleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant