Saletés de ronces !
Charlie grimaça sur la foulée qui la porta dans le bois. Difficile d'ignorer la palpitation des entailles sur ses mollets. Ces fichues épines les avaient grignoté jusqu'au sang. Davantage quand elle avait tenté de se dégager de leur emprise. Seul un bon coup de semelles avaient suffi pour les faire démordre.
Charlie souleva une branche basse devant elle. Ses feuilles naissantes effleurèrent sa chevelure sans s'y arrêter.
Le bois dans lequel elle naviguait avait attiré son attention. Cela dès l'instant ou son pied avait quitté l'enceinte de l'institut pour fouler le monde extérieur. L'air matinal avait balayé les mèches de son visage. Une longue expiration avait gonflé ses poumons. Des larmes de détermination avait pesé dans ses yeux. Quitter les murs de la bâtisse était une première victoire. La pensée de cet instant précis avait colonisé sa nuit.
Les traits tirés de son visage lui rappelèrent à quel point sa nuit avait été courte. Tendue. Frustrante. Ce n'était pas seulement la sensation acide dans son estomac qui avait été la cause de son insomnie. Son besoin irrépressible de fuir cet endroit l'avait maintenu éveillée. Aux aguets.
Quelque chose en elle était obsédé de fuir pour suivre. Elle le sentait dans l'étau de sa gorge, dans les larmes qui avaient poncé ses joues, dans la supplique du poing de son estomac.
Sous ses pieds, ses pas soulevèrent la terre sèche d'un chemin entre les arbres. Les rayures verticales de leurs troncs entrecoupaient les rayons du soleil pour que jamais ils ne puissent atteindre son visage. Les hêtres, les chênes assistaient à sa fuite et la dissimulaient.
Jusqu'ici, rien n'était plus rassurant que l'effleurement de la brise sur son visage. L'appel du grand air. Celui qui ne circulait pas entre les quatre murs de sa chambre d'otage. Alternativement peints de blanc et d'un vert sapin, ils l'avaient oppressé. Sa respiration s'était accélérée, assise sur le lit grouillant d'oreillers. Sa tête avait tournée sous le poids des derniers évènements. Son existence était une belle garce.
Son départ pressé de Paris. Le meurtre d'Alexis. Son enlèvement dans les geôles d'individus plus timbrés les uns que les autres.
A huit heures du matin, son obsession tenaillante l'avaient décidé. Elle ne pouvait demeurer ici sans perdre ce qui lui restait de raison. Elle avait quitté son lit, puis sa chambre et finalement, la bâtisse elle-même. Son extérieur était vaste. Suffisamment pour que ses issues se camouflent à elle. Elle l'avait donc sondé. Après une heure de recherche, la vision de ce bois l'avait inspiré.
Les arbres hauts seraient sa porte de sortie à ce monde de tarés.
Le sang s'écoulait de certaines de ses plaies. Elle l'ignora et progressa sur le chemin de terre. Les arbres la cernaient. Géants. Silencieux. Verdoyants. Se faufilaient entre leurs troncs le piaillement d'oiseaux, le sifflement du vent, le ...
- Intéressant ce choix d'arbuste hein ! Ils ont décidé d'implanter des espèces vivaces pour limiter la concurrence des mauvaises herbes.
Charlie s'immobilisa. Sa respiration marqua un arrêt. La voix, grave mais féminine, reprit :
- Tu saignes.
Un frisson parcourut sa nuque. Que se passait-il ? Ne s'était pas assurée d'être seule ?
La suite se passa très vite. Sa vision muta en un maelstrom de formes accélérées quand Charlie se pencha au sol pour se saisir d'une branche repérée à ses pieds. Ses doigts s'enroulèrent autour de sa tige solide. Sa poitrine se souleva et s'abaissa sur un souffle saccadé. Elle dressa l'arme de fortune devant elle et pivota en un vif arc de cercle vers la propriétaire de la voix.
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τρία - Nouvelle version
Lãng mạnComment réagiriez-vous si vous appreniez, à l'aube de vos vingt-cinq ans, que vous ne faites pas partie du genre humain ? Que jusqu'ici votre vie n'a été qu'un mensonge éhonté dissimulant la vérité sur votre véritable identité ? Qu'une vaste série d...