[Suite partie 4/4]
- Tout va bien, boss ?
Weisz lui jeta un regard de côté bien qu'il fut occupé à ligoter Eduardo. Autant fut-il possible de se fier à la respiration laborieuse de ce dernier, Adrian le devina propulsé à plat ventre contre le fourgon. Il repoussa l'idée de se satisfaire de ce spectacle.
Dianda était absent. Il l'avait eu comme un bleu.
La banquette arrière, vide de sa présence, était un majeur dressé à l'énergie qu'il avait fourni dans cette opération. Monstrueuse énergie. Dépensées sur tant d'années. Un tonnerre roulant de frustration et de dépit gronda dans son crâne. La migraine le succéda. Aux frontières de sa volonté, Ôrgas se cabra. La consternation la plus pure récompensa ses attentes illusoires.
Il leva les yeux vers le ciel qui semblait s'être assombri. Sa vision oscilla, se précisa. Dans son estomac, l'échec tomba comme un poids lourd, indigeste. Sa soif de vengeance l'avait précipité. Il était allé trop vite, avait nourri trop d'espoir.
- Boss ? insista Weisz.
Il gronda.
Dans la périphérie de son regard, les mouvements cessèrent. Les respirations blanchirent puis s'éteignirent, muettes. Le silence s'installa mais Adrian ne le perçut qu'à moitié, luttant contre le fracas intérieur de sa déception.
Il roula la tête sur ses épaules pour dissiper le frisson de sa nuque. Cisaillant. D'une fraicheur polaire et dévorante. D'autres, à la course aussi coupantes que celui-ci, sprintèrent le long de chacune de ses jambes, de chacun de ses bras. Il s'ébroua sereinement et porta sa main à son visage sensible. Sous ses doigts, s'y creusaient les reliefs taillés de tranchées palpitantes. Il n'eut pas besoin de vérifier l'allure de son reflet dans la vitre teintée pour les savoir incrusté d'or. S'y joindrait, d'ici peu, le jaillissement de pointes sur le haut de son crâne. La signification de leur apparition était limpide, tout comme celle de ses gencives douloureuses : il s'agissait de symptômes. Les symptômes d'un stade de métamorphose muselé depuis suffisamment longtemps pour le rendre inquiétant.
Adrian perdait le contrôle, noyé dans la colère et les torts. Ses doigts tremblèrent, avides d'une volonté de tout voir brûler.
- On a une urgence, entendit-il murmurer une voix grave.
- Eloigne moi de lui, pauvre cinglé. Tu ne vois pas qu'il est entrain de perdre les pédales ?
Perdre les pédales. Qui que fut cette personne, elle avait raison. L'émotion le submergeait et offrait à Ôrgas l'opportunité de reprendre le contrôle. Il avait le devoir de se calmer. En tant que capitaine du commando. En tant que secouriste. En tant que frère.
Ses sœurs étaient là, à proximité. Rien ne devait leur arriver. Elles ne deviendraient pas les dommages collatéraux de sa colère. En ce sens, Tommaso lui aurait tout volé.
Ses sourcils se froncèrent quand il ferma les yeux pour se focaliser sur le noyau bouillant de son animosité. Son contact le frappa. Si souvent policé à travers les années qu'il en avait oublié le volume de sa violence réprimée. Il serra les dents puis inspira une longue goulée d'air, rafraichissant le noyau en fusion. Une autre puis, encore une. Dix supplémentaires. Longues et rassemblées.
Le noyau se tempéra, se tarit et s'apaisa. Bientôt de simples braises rougeoyantes reposèrent entre les mains d'Ôrgas.
Adrian l'accusa du regard.
A partir de maintenant, reste tranquille car je n'ai pas besoin de toi. Je peux me débrouiller seul. Si tu interviens encore, je m'en remettrais au tatouage, lui dit-il entre ses dents.
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τρία - Nouvelle version
RomansaComment réagiriez-vous si vous appreniez, à l'aube de vos vingt-cinq ans, que vous ne faites pas partie du genre humain ? Que jusqu'ici votre vie n'a été qu'un mensonge éhonté dissimulant la vérité sur votre véritable identité ? Qu'une vaste série d...