Chapitre 6 (2/2) - Charlie

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[Début Partie 2/2]

Ne t'endors pas. Ne t'endors pas, gamine, tu risquerais gros.

Cette voix n'avait aucun souffle, aucune haleine infecte contrairement à l'homme à ses côtés. Elle n'était que virtuelle. Dans sa tête. 

Un instinct de survie, peut-être ? Si seulement.

- A ton avis, bouffon ? Quelle question...Bien sûr que j'ai fouillé dans tes affaires. 

Vaporeuse, la langue sèche, Charlie se demanda si le rire nerveux qui suivit n'appartenait qu'à elle, à son imagination fiévreuse.

- A tes risques et périls, beauté. Evite la galerie photos, toute âme sensible devrait s'y abstenir.

Une exclamation aigue fusa, soutenu d'un gloussement masculin. 

- Je t'avais prévenu Andrea et encore, c'est loin d'être mon meilleur profil.

- Va au diable.

Nouvelle saccade du véhicule. Nouveau heurt de son crâne contre le métal. Nouvelle douleur insupportable. 

Abattue par un épuisement massif, Charlie renonça à l'idée de soulager les élancements de son front, faute de trouver la paume nécessaire pour s'en acquitter. Tout son sang semblait s'être réunis dans ses tempes pour une drôle de bringue, quand le reste de son corps préférait faire le mort. Sa main, muette. Son bras, davantage. Elle était fatiguée et embourbée. Elle plissa les paupières. A travers la lumière s'infiltrant dans leur fente étroite, Charlie aperçut le balancement flou de la silhouette d'un bras dans les airs. Les reflets argentés à son extrémité lui firent penser à l'éclat de bijoux.

- Réponds, tu nous fais perdre notre temps.

- Vous êtes si persuadés que je sais ou il se trouve. Qu'est-ce qui peut bien vous faire croire que c'est le cas ? Je vous l'ai dit et redit, je ...

Le retentissement d'un claquement sonore la hérissa d'une appréhension diffuse. Une gifle à s'y méprendre. 

- Arrête de nous prendre pour des bleus Mariani.

-  Enfoirés de première, si vous croyez que je vais parler après ça, vous vous foutez le doigt dans l'œil. 

L'haleine de café taquina son esprit somnolent, en même temps qu'une vague odeur de brûlé quand son voisin de banquette se redressa pour prendre la parole.

- Chacun ici sait que tu es son bras droit. A tel point que c'est à se demander si vous ne baisez pas ensemble.

Charlie se figea quand elle entendit au loin des frottements suspicieux ponctués d'un claquement métallique fort et net.

- Astique ton arme autant que tu veux Mathilda, ton sketch ne prend pas avec moi, protesta à nouveau cet homme dont le timbre sonnait familièrement en elle. Et toi Bakir, je te conseille de bien fermer ta gueule si tu ne veux pas être le premier que j'étripe.

Si elle avait été en pleine conscience, Charlie aurait probablement eu un mouvement de recul face à l'impulsion vive et musclée qui cogna un support tendre à sa droite. Tendre et vivant à croire le long soupir et la plainte douloureuse qui suivit. Quelqu'un souffrait. Quelqu'un le faisait souffrir. Charlie frissonna. Malgré sa volonté de fer, elle était condamnée par son énergie anémiée à demeurer faible et exposée. 

La poisse.

Tu dois te réveiller illico presto. Réveille toi, gamine. Ne t'endors pas. 

Charlie inspira à nouveau et sentit sa bouche s'étirer en un bâillement involontaire. Le phénomène déboucha ses oreilles mais une douleur dans sa lèvre inférieure la fit grimacer.

τρία - Nouvelle versionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant