[Début partie 3/4]
Bien évidemment, Mathilda avait commencé par la guider jusqu'à la cuisine. Elle en avait ouvert chaque placard. Chaque tiroir de ses nombreux plans de travail, la gratifiant pour chacun d'eux d'un regard appuyé.
Tu vois : pas de lame tanto incurvée.
Charlie aurait pu lever les yeux au ciel face à sa puérilité mais toute son attention avait été dédiée à la contemplation de la pièce. Volumineuse. Aérée. Conviviale. La cuisine, croisement entre caverne et verrière de plein pied, avait inspiré à ses épaules de se relâcher, à ses poumons d'inspirer une bouffée d'air.
Grandiose.
Une succession de vitres de trois mètres de haut, inclinées en deux pans, liées par une armature métallique noire. Au-dessus d'elles, des arbres hauts. Leurs feuillages verdoyants. Leurs troncs interminables. La végétation à perte de vue. Charlie en était restée bouche bée. A l'instar du bureau de Roos, la cuisine avait été construite à même la forêt. Le Petit Bois s'enroulait autour de la pièce et les camouflait au monde extérieur.
D'élégants rayons de soleil traversaient la toiture translucide pour retomber à divers endroits de la pièce. Pour réchauffer la surface d'une table en bois gargantuesque ou séjournait trois plantes grasses. Pour souligner le marbre luisant des comptoirs, allongés contre les murs, ou un attirail d'ustensiles étaient rangés au millimètres près. Pour illuminer le cuir des canapés placés en fond de pièce, positionnés face aux vitres. La teinte de chaque meuble avait été inspiré de celles de la nature qui les surplombait, riches du printemps naissant.
Elles s'étaient ensuite rendues dans ce que Mathilda avait nommé l'aile "Calliope". Taviani l'avait fait défiler dans un dizaine de bureaux vides, aux tasses pourtant fumantes sur les bureaux et aux ordinateurs allumés. Comme si leurs occupants venaient de s'absenter. Elles étaient passées devant une porte à double battants. Derrière eux, Charlie avait imaginé une salle énorme. Un auditorium peut-être. Les éclats de voix étouffées que ses interstices laissaient passer avaient renforcé son sentiment. Que se passait-il derrière cette porte ? Quelle genre de réunion accueillait autant de monde ?
Mathilda l'avait hélé, et d'un geste de la main l'avait encouragé à la suivre. Leur destination finale avait été le bureau situé tout au bout du couloir de l'aile. Celui d'Andrea Taviani.
Conséquence : elles étaient plantées debout et immobiles devant cet immense bureau en bois.
Charlie reluqua d'un regard méfiant le dossier, indiqué d'un mouvement du menton par Mathilda. Une centaine de pages reliées, pesant sur le bureau en bois de la capitaine du commando qui l'avait enlevé. Car oui, apparemment Charlie avait eu l'immense honneur de se faire "rapatrier" par un commando. Les forces spéciales de l'institut. Rien que ça.
Impossible de croire qu'une personne aussi puérile qu'Andrea en soit à la tête. A cette pensée, ses yeux roulèrent dans leurs orbites avant de se poser sur la plaque du bureau ou était gravé le nom d'Andrea Taviani.
Décidément, rien n'avait de sens ici.
- Je n'y toucherai pas.
Le pied de Mathilda battait la mesure sur le parquet en bois. Debout à côté d'elle, les bras croisés, elle soupira. Le bureau n'avait rien d'effrayant mais Charlie conserva ses distances. Mathilda passa ses mains dans les poches arrière de son jean et dit :
- Tu refuses de me faire confiance et tu rechignes à obtenir les réponses par toi-même ? C'est carrément me mettre des bâtons dans les roues à ce stade.
Pour un manque de tact ...
Comment lui dire qu'elle refusait d'en apprendre plus sur la façon dont son meilleur ami avait été trucidé ? C'était pourtant simple à la déduction non ? Elle devait bien se douter qu'un rapport d'autopsie n'était pas à la destination des proches de la victime.
VOUS LISEZ
τρία - Nouvelle version
RomanceComment réagiriez-vous si vous appreniez, à l'aube de vos vingt-cinq ans, que vous ne faites pas partie du genre humain ? Que jusqu'ici votre vie n'a été qu'un mensonge éhonté dissimulant la vérité sur votre véritable identité ? Qu'une vaste série d...