Prologue

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Hiver xx20, au sud ouest de l'Albanie

Le soleil brille dans le ciel malgré le début de l'hiver. Les feuilles des arbres sont toutes tombées depuis un moment maintenant. Le travail aux champs se fait plus rare. Les hommes du villages sont de retour à la maison après la saison de la pêche.

C'est dans un petit village proche de la mer Ionienne qu'est née Selena, une fille de pêcheur. Selena partage sa vie entre la terre et la mer. Elle aide sa mère et les femmes du villages aux travaux des champs tout en accompagnant de temps en temps son père sur son petit bâteau de pêche. La vie est simple dans ce village. Mais c'est la vie de Selena, tout ce qu'elle a toujours connu.

– Selena, va chercher du petit bois pour le feu, lui demande sa mère en train de commencer à préparer le repas.

Selena obéit docilement et attrape son panier en osier pour se rendre dans la forêt. Elle traverse le village en saluant les personnes qu'elle croise et finit par arriver dans la forêt.

Une brise fraîche soulève ses cheveux noir ébène. La jeune fille passe au dessus de racines d'arbres centenaires puis finis par ramasser du petit bois. Autour d'elle, les oiseaux sifflent et Selena se met à les accompagner de sa voix douce.

C'est alors que les cloches se font entendre.

Selena se redresse d'un coup et son visage prend un air apeuré tout en fixant le chemin du village. Les cloches ne sonnent jamais en dehors des heures. Sauf s'il y a un problème. Un très gros problème.

La jeune fille abandonne son panier et se rue sur le chemin du retour. En passant dans le village, elle aperçoit que les villageois sont en train de se barricader chez eux.

– Les turcs ! Crie un homme. Ils arrivent !

La force et l'agressivité de l'empire ottoman est connu de toute l'Europe depuis des centaines d'années. De sultans en sultans, les turcs se sont emparés de nombreuses contrées européennes.

Mais cela leur arrive également de faire des raids de temps en temps afin de renouveler leur cargaison d'esclaves et d'assouvir leur pouvoir.

– Selena ! S'égosille sa mère en la voyant arriver à toute allure.

La voix de Miriam est paniquée et cela renforce la peur de sa fille. Elle entraîne sa fille à l'intérieur de la maison tandis que son père barricade la porte avec des planches de bois.

Miriam prend sa fille contre elle et elle se dirige dans la pièce servant de chambre à son mari et elle. Les deux femmes tremblent en entendant des cris et des lamentations à l'extérieur de la maison.

Miriam ose jeter un œil par la fenêtre et se retient de pousser un cri d'effroi en voyant un homme en proie aux flammes courir avant de tomber au sol.

– Andrei ! Supplie-t-elle alors en quittant l'homme du regard.

– Eloignez vous des fenêtres ! Leur ordonne-t-il en installant la dernière planche.

À ce moment là, un bruit tonitruant fait crier les deux femmes tandis que la porte en bois, pourtant renforcée avec deux planches, cède face aux assauts de deux cavaliers turcs en habits noirs.

Andrei se place entre sa famille et eux et lève les mains au ciel dans un geste d'apaisement.

– Nous sommes une famille modeste, nous n'avons pas d'or, gémit-il en espérant de la pitié.

L'un des cavaliers se rend compte de la présence des deux femmes et fait un signe à son camarade. Ce dernier désigne alors Selena du regard avant de dire avec un accent turc :

– Ta fille ou ta maison.

Le visage d'Andrei se décompose. Jamais il ne laissera sa fille aux mains de barbares comme eux.

– Jamais vous n'aurez ma fille ! Rugit-il avec une pointe de courage.

Sans même lui laisser le temps de reconsidérer sa proposition, le cavalier sort alors son épée qu'il plante dans l'abdomen de l'homme. Andrei s'écroule au sol alors que les deux cavaliers passent à côté de lui.

Miriam se positionne alors devant sa fille, les yeux baignés de larmes, consciente qu'elle ne ferait pas le poid. Mais son instinct maternel la pousse à tout faire pour sauver sa fille.

Les deux cavaliers se regardent un instant avant de finalement agir. L'un deux attrape la mère tandis que l'autre arrache la fille de ses bras.

Les deux femmes crient sous la séparation et le cavalier tenant Miriam finit par l'assommer et la laisser au sol.

Selena hurle et gesticule dans tous les sens afin d'être lâchée mais rien n'y fait. En l'espace de quelques instants sa vie bascule sous ses yeux sans qu'elle n'y puisse rien.

Du haut de ses 16 ans, elle assiste à la fois à la mort de son père, son enlèvement et le changement de sa vie.

La jeune femme est alors jetée sans ménagement dans la cale d'un bateau où elle retrouve une autre fille de son village. La jeune fille est recroquevillée contre une paroi en bois et Selena la rejoint à toute allure.

Les deux filles n'ont jamais été proches auparavant. Elles se connaissaient car elles habitaient le même village mais c'est tout.

Là, au fond de la cale de ce bateau turc qui les arrache à leur vie, une amitié va se lier.

Et le jeu du destin se met en place. 

SultaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant