Chapitre 27

52 2 0
                                    

Le Shezade Osman se trouve en présence de sa mère, la Sultane Nuran, dans l'une des chambres du palais où ils demeurent. Le palais est plus petit que le palais impérial mais semble leur convenir.

Osman a reçu une lettre de son frère la veille lui demandant de le rejoindre au palais le plus rapidement possible.

– N'y vas-pas, répète inlassablement la Sultane Nuran à son fils. C'est un piège. Il va chercher à se débarasser de toi.

La Sultane se tourne vers Kemal Agha, fidèle bras droit de son fils depuis des années. L'homme à la stature robuste et au regard perçant a toujours été loyal au Shezade Osman depuis son adolescence. Kemal à la peau sombre, due à ses origines égyptiennes, et une barbe soigneusement taillée.

– Kemal Agha, dites lui que c'est forcément un piège ! Lance la Sultane en cherchant de l'aide venant de l'eunuque.

– La Sultane a raison Shezade, cela peut être un piège, approuve l'Agha.

Osman se tourne vers eux avant de dire :

– Piège ou pas, je ne peux pas refuser un ordre de sa Majesté. J'irai et Kemal Agha m'accompagnera.

La Sultane s'approche de son fils avant de lui prendre la main pour le forcer à la regarder.

– Mon fils, si tu y vas prends bien garde à ton frère, le supplie-t-elle de ses yeux azurs.

Osman encercle la main de sa mère avec la sienne avant de répondre :

– Ne t'inquiète pas Valide, je vais faire attention...

Une semaine plus tard, Osman est enfin arrivé au palais impérial. Son voyage depuis son palais d'exil lui aura pris bien plusieurs jours de cheval. Ses cheveux noirs habituellement coiffés courts ont poussé légèrement pour lui descendre sur la nuque. Sa barbe taillée et son regard sombre alimentent le charisme naturel de ce prince.

À peine arrivé, Osman est conduit dans la chambre privée du Sultan. Mehmet le reçoit en compagnie de Hassan Bey et de Ibrahim Pasha. Osman baisse les yeux docilement et joint les mains devant lui avant de saluer son frère le sultan. Les yeux bruns foncés de Mehmet ont été récemment coupés et sa barbe taillé. Mais Mehmet a conservé son regard noisette expressif.

– Votre Majesté, salut Osman poliement.

Mehmet ne ressent pas de rancune envers ce frère qui a failli lui prendre sa place sur le trône. Les deux hommes ont grandi ensemble mais l'innocence de leur relation s'est envolée lorsque les signes avant-courreurs d'une future ascension sur le trône sont arrivés.

– Je te remercie d'avoir rapidement pris la route Osman, nous partons en expédition contre les polonais dans moins de deux semaines.

Osman ne répond rien et essaie d'ignorer les regards insistants de Hassan Bey et Ibrahim Pasha.

– Je suis sûr que les janissaires sauront faire regretter aux polonais leur affront, se contente de dire Osman.

– J'y compte bien ! Réplique son frère. Nous allons restaurer l'ordre en Podolie.

Osman hoche la tête sans rien ajouter.

– Avant notre départ pour la Podolie je ne compte pas faire de toi mon prisonnier. Tu es libre de circuler comme tu le souhaites dans le palais. Par contre, si tu souhaites le quitter, Hassan Bey devra t'accompagner, lui annonce Mehmet avant de montrer Hassan Bey de la main.

– À vos ordres Votre Majesté, opine le Bey en s'inclinant.

Osman jette un œil à l'homme en question avant de demander tout simplement :

SultaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant